Critique Express : Birds of America

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1862

Birds of America

France : 2020
Titre original : –
Réalisation : Jacques Lœuille
Scénario : Jacques Lœuille
Interprètes : Jean-François Sivadier
Distribution : KMBO
Durée : 1h24
Genre : Documentaire
Date de sortie : 25 mai 2022

3/5

Synopsis : Au début du XIXe siècle, un peintre français, Jean-Jacques Audubon, parcourt la Louisiane pour peindre tous les oiseaux du Nouveau Continent. La découverte des grands espaces sauvages encourage l’utopie d’une jeune nation qui se projette dans un monde d’une beauté inouïe. Depuis, le rêve américain s’est abîmé et l’œuvre d’Audubon forme une archive du ciel d’avant l’ère industrielle. Sur les rives du Mississippi, Birds of America retrouve les traces de ces oiseaux, aujourd’hui disparus, et révèle une autre histoire du mythe national.


Un monde a disparu. Comment ? Pourquoi ?

Né en 1785 et mort en 1851, Jean-Jacques Audubon est un ornithologue, naturaliste et peintre d’origine française, devenu américain en 1812, transformant alors son prénom en John James. Beaucoup plus connu aux Etats-Unis que dans notre pays, Audubon est considéré comme ayant contribué à la naissance du sentiment écologiste. « The Birds of America » est un ouvrage que Jean-Jacques Audubon a publié en 4 volumes entre 1827 et 1838, un ouvrage qui comprend 435 planches d’un format de 1 mètre sur 75 centimètres, gravées sur cuivre et coloriées à la main, représentant 1065 oiseaux représentés grandeur nature, appartenant à 489 espèces. Ces oiseaux, Audubon les a rencontrés pour la plupart sur les rives du Mississippi, le plus important couloir migratoire du continent, un fleuve qu’il a descendu à plusieurs reprises et de nombreuses espèces ont disparu depuis ce colossal travail ou sont sur le point de disparaitre. En réalisant Birds of America, son premier long métrage, Jacques Lœuille, réalisateur français diplômé de nombreuses écoles dont les Écoles des beaux-arts de Nantes et de Lyon, ainsi que de l’Université Concordia de Montréal et de l’école du Fresnoy – Studio national des arts contemporains, n’a pas cherché à réaliser un biopic de Jean-Jacques Audubon.

Son but était avant tout de raconter les histoires des derniers oiseaux d’espèces éteintes tout en faisant un parallèle avec l’histoire le plus souvent tragique des amérindiens, des anciens esclaves noirs et de leurs descendants, et en s’appuyant sur l’histoire politique, culturelle et économique des Etats-Unis. Parti sur les traces de Jean-Jacques Audubon, la descente du Mississippi entreprise par le réalisateur lui a permis de donner la parole à un certain nombre de personnes habitant sur les rives du fleuve et qui ont eu à souffrir qui des conséquences de la déportation des amérindiens entreprise sous la présidence d’Andrew Jackson, qui du racisme environnemental envers la population noire de Bâton Rouge et qui se traduit par une kyrielle d’angines chroniques dans cette population : dans ce qu’on surnomme l’allée du cancer, entourée de 12 usines, l’air, la terre et l’eau sont empoisonnés et les arbres fruitiers n’arrivent pas à vivre. De fait, plus on se rapproche de la Louisiane, plus les dégâts causés par les implantations industrielles sont importants et, tout particulièrement, ceux causés par l’industrie pétrolière. Une industrie particulièrement hypocrite qui cherche à se « verdir » en finançant des parcs ou des attractions mais qui ne tient pas certains engagements pris pour protéger des espèces d’oiseaux en voie de disparition. Présenté sous forme d’un récit mené par un narrateur, interprété par Jean-François Sivadier, qui adresse une lettre à Audubon, Birds of America nous fait voyager d’une époque à l’autre, avant et pendant l’ère industrielle, et nous invite à retrouver un monde disparu et à réfléchir sur les causes de cette disparition.

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