Critique Express : Bird

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Bird

Grande-Bretagne : 2024
Titre original : –
Réalisation : Andrea Arnold
Scénario : Andrea Arnold
Interprètes : Barry Keoghan, Franz Rogowski, Nykiya Adams
Distribution : Ad Vitam
Durée : 1h58
Genre : Drame
Date de sortie : 1er janvier 2025

2/5

Synopsis : À 12 ans, Bailey vit avec son frère Hunter et son père Bug, qui les élève seul dans un squat au nord du Kent. Bug n’a pas beaucoup de temps à leur consacrer et Bailey, qui approche de la puberté, cherche de l’attention et de l’aventure ailleurs.

Dès son premier long métrage, Red Road, sorti en 2006, la réalisatrice britannique Andrea Arnold avait obtenu le Prix du jury au Festival de Cannes. Trois ans plus tard, elle avait récidivé avec Fish tank, puis, de nouveau, en 2016, avec American Honey. Cette année, Bird est reparti bredouille du Festival de Cannes. Si vous cherchez bien, vous trouverez à coup sûr une connaissance qui vous parlera de Ken Loach à propos de ce film, à moins que vous ne tombiez sur une critique dans un journal qui vous fasse le même rapprochement. Après tout, Andrea Arnold et Ken Loach ne sont-ils pas anglais tous les deux et leur cinéma n’a-t-il pas en commun de prendre pied dans le réalisme social. Et pourtant, on peut être certain que Ken Loach, sur le sujet traité dans Bird,  aurait fait un film très différent de celui d’Andrea Arnold. Film sur des familles recomposées vivant dans la précarité et, pour l’une d’entre elle, dans la violence, Bird a été tourné à Gravesend, ville du Kent située au bord de la Tamise  à quelques miles à l’est de Dartford, le lieu de naissance de la réalisatrice, mais aussi de Mick jagger et Keith Richards, les leaders emblématiques des Rolling Stones. La première famille que l’on rencontre est celle de Bailey, une jeune métisse androgyne de 12 ans. Bailey vit avec Hunter, son demi-frère, et Bug, leur père, un homme totalement immature, tatoué des pieds à la tête et qui est persuadé de pouvoir faire fortune en vendant de la bave de crapaud qui, d’après lui, est un excellent hallucinogène naturel. Bug a peu de temps à consacrer à ses enfants, obnubilé qu’il est par le nouveau mariage qu’il est sur le point de contracter avec une femme rencontrée il y a peu, elle-même mère d’une petite fille. Un mariage pour lequel Bug aimerait que Bailey soit demoiselle d’honneur. Bug est devenu le père de Hunter alors qu’il n’avait que 14 ans et son fils est bien parti sur ses traces, lui qui n’a pas encore l’âge légal pour se marier en Angletrre, mais qui, sa petite amie étant enceinte, envisage de partir avec elle en Ecosse.  La deuxième famille et celle de Peyton, la mère de Bailey, qui, depuis, a eu d’autres enfants et qui vit avec Skate, un homme particulièrement violent. Cette situation amène Bailey, la plus jeune de tous ces personnages, à se comporter en véritable adulte en cherchant à protéger ses jeunes demi-soeurs.

Pas de doute, ces diverses situations aurait amené Ken Loach à réaliser un film passionnant, un film qui, très probablement, aurait été émouvant tout en n’oubliant pas de faire sourire de temps en temps. Qu’en est-il du film d’Andrea Arnold ? Si on se montre conquis par le jeu de Barry Keoghan, l’interprète de Bug, et celui de la débutante Nykiya Adams, l’interprète de Bailey, on l’est beaucoup moins par la réalisation qui se veut très « speed » avec une caméra à l’épaule qui n’arrête pas de brinquebaler et qui, pourtant, génère un film  à la vision duquel on a plutôt tendance à s’ennuyer. Et que dire de l’apparition de Bird, un marginal bizarrement accoutré à la recherche de ses parents, interprété par le comédien allemand Franz Rogowski, et que Bailey va s’efforcer d’aider ? On se demande ce que la réalisatrice a voulu dire en faisant arriver une recherche de parents dans un film dans lequel, jusque là, les parents qu’on rencontrait ne jouaient pas le rôle qui aurait dû être le leur en se montrant  toxiques ou immatures. A-t-elle voulu dire qu’on a toujours besoin de ses parents, quels que puissent être leurs défauts ? En tout cas, lorsque Bird finit par se métamorphoser en oiseau, on retrouve le passage peu convaincant du réalisme à une forme de fantastique « soft » qui semble devenir une certaine tendance du cinéma contemporain. A ce moment là, on peut vraiment être certain que Ken Loach n’aurait pas fait le même film !

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