Critique Express : Accident domestique

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Accident domestique

Espagne : 2023
Titre original : La mesita del comedor
Réalisation : Caye Casas
Scénario : Caye Casas, Cristina Borobia
Interprètes : Estefanía de los Santos, David Pareja, Claudia Riera, Josep Maria Riera
Distribution : ESC Films
Durée : 1h30
Genre : Comédie noire, Drame, Horreur
Date de sortie : 14 mai 2025

3/5

Synopsis : Maria et Jesus, jeunes parents mais déjà un peu vieux couple, décident d’acheter une table basse. Jusqu’ici rien d’anormal. Pourtant, lors de la périlleuse phase de montage de la table, une simple vis manquante transformera bientôt leur existence en un véritable enfer.

Co-réalisé en 2017 par les catalans Caye Casas et Albert Pintó, Matar a Dios n’a pas connu une sortie nationale dans notre pays. Soutenu par un bel éloge de Stephen King qui parle d’un film « Horrible et terriblement drôle », Accident domestique, dont la première présentation internationale date de la fin 2023, ne va finalement pas rester indéfiniment dans les tiroirs et il n’est pas interdit de penser qu’il puisse même faire l’objet d’un bouche à oreille favorable. Ce film tourné en 10 jours avec un très petit budget dans la maison d’un ami comporte deux actes distincts. Le premier se déroule dans un magasin de meubles et joue sur le comique de répétition et le comique de caractère avec Maria et Jesús, un couple plus très jeune qui vient d’avoir un enfant et qui ne cesse de se disputer face à un vendeur qui débite sans relâche des arguments commerciaux d’une mauvaise foi évidente afin de leur vendre une table basse très kitsch et très chère. Le second se déroule dans le domicile du couple et après avoir commencé dans un registre plutôt comique avec la montée de la cage d’escalier rendue difficile par la taille du carton qui enveloppe le kit de la table basse et par le poids de l’ensemble, suivie de la découverte qu’il manque une vis pour terminer le montage de ce produit venant de … Suède, il glisse soudainement vers un évènement dramatiquement horrible (ou horriblement dramatique, au choix !). De fait, à part savoir qu’il a eu lieu, nous spectateurs sommes laissés dans l’ignorance du « détail » le plus important de cet évènement pendant la plus grande partie du film. Quant à Maria qui revient au domicile après avoir été faire des courses, et Carlos venu rendre visite à son frère en compagnie de Cristina, sa très jeune nouvelle conquête, ils en savent encore moins que nous tout au long de ce qui s’apparente à une réunion de famille presque normale, se trouvant seulement désarçonné(e)s par le comportement inhabituel de Jesús.

S’il y a un domaine du cinéma dans lequel le manque de moyens financiers est loin de représenter un lourd handicap mais s’avère au contraire, le plus souvent, un avantage certes inattendu mais bien réel, c’est bien celui de la comédie noire et encore plus si vient se greffer dessus une quantité plus ou moins importante d’horreur à l’état pur. En effet, ce manque de moyens financiers va exclure l’utilisation d’effets spéciaux onéreux et obliger le réalisateur ou la réalisatrice à se montrer plus inventif et à faire appel à bon escient à d’adroites ellipses. En voyant Accident domestique, on soupire d’aise en imaginant ce qu’aurait pu donner ce film si Caye Casas avait eu à sa disposition un budget beaucoup plus conséquent. Bien entendu, rien ne permet d’affirmer qu’il aurait fait mauvais usage de ces moyens supplémentaires (ça, on le saura peut-être si, un jour, pour lui, l’argent coule à flot pour un futur film se positionnant dans le même domaine), mais, au moins, on évite là ce qui, dans le domaine de l’horreur, aurait été  insupportable à regarder et on peut se concentrer sur certains traits d’humour et sur la tension générée par le fait qu’on a un coup d’avance sur les protagonistes du film à l’exception de Jesús qui lui a un coup d’avance sur nous et qu’on se demande bien ce qui va se passer lorsque, forcément, arrivera le moment où on se retrouvera tous à égalité. La manière de filmer de Caye Casas est nerveuse, faite de plans très courts. Quant à la distribution, on regrette parfois que Estefanía de los Santos, l’interprète de Maria, en fasse parfois un peu trop en ce qui concerne les mimiques et on apprécie au contraire le naturel dont fait preuve Claudia Riera, l’interprète de Cristina.

 

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