Elles dansent
France : 2021
Titre original : –
Réalisation : Alexandre Messina
Ecrit par : Lætitia Bertheuil, Alexandre Messina
Avec : Aude Michon
Distribution : Fidelio Production
Durée : 1h15
Genre : Documentaire
Date de sortie : 17 novembre 2021
3.5/5
Alexandre Messina se dit inspiré par Mike Leigh, Lelouch, Bresson,Truffaut et, surtout, Jean-Luc Godard. Réalisateur de 2 films de fiction, il est également documentariste. Ce qui l’intéresse aujourd’hui, c’est d’ « emmener une caméra là où elle n’est pas toujours acceptée, de capter ce qui se passe dans les recoins de l’âme ». Dans Elles dansent, c’est dans un hôpital spécialisé dans la lutte contre le cancer qu’il a emmené sa caméra.
Synopsis : Documentaire en forme de tranches de vie, ELLES DANSENT nous offre de suivre le quotidien de Aude, notaire, qui a décidé de quitter son métier pour aller danser au chevet de patients atteints par le cancer.
Notaire et danseuse
On pourrait penser que consacrer un film à des tranches de vie au sein d’un hôpital spécialisé en cancérologie va forcément se traduire par un résultat particulièrement pesant, difficile à supporter pour les spectateurs. On pourrait penser que venir danser dans cet hôpital au milieu des patients et des soignants est pour le moins incongru, voire obscène, et que venir filmer une telle intervention n’est pas acceptable. Au départ, c’était d’ailleurs l’avis de Lætitia Bertheuil qui avait perdu sa mère des suites d’un cancer et qui, petit à petit, a changé d’avis au point de réaliser le film avec Alexandre Messina. Par contre Aude Michon, arrivée dans la vie professionnelle avec un 2ème prix du Conservatoire de musique et de danse de Nancy et un diplôme de notaire, a toujours été convaincue des vertus bienfaisantes de la danse sur le corps et l’esprit et, au bout de quelques années, elle a décidé d’abandonner le notariat et de fonder l’association « Elles Dansent » afin d’offrir de la joie et un mieux être aux personnes fragilisées par le cancer, son credo étant “ Parce que si ce n’est pas la mort, alors c’est encore la vie, Et si c’est la vie alors il faut vivre ! ». Pour elle, il n’y avait aucune incohérence de passer du notariat à la danse dans un hôpital : être notaire, c’est être présent.e sur des moments forts de la vie des gens, mariage, divorce, achat d’un domicile ou d’un commerce, décès ; le fait de danser dans un hôpital, c’est être présent.e sur un moment fort de l’existence d’une personne, la maladie.
Une bouffée d’oxygène
Si certains spectateurs vont peut-être se montrer mal à l’aise en voyant une femme se maquiller, se déguiser en fée clochette et se lancer en dansant dans les couloirs et dans les chambres d’un hôpital, cela ne durera pas longtemps. Juste le temps d’apercevoir les sourires, voire les rires, chez les patients, chez les soignants, chez le personnel d’entretien, au passage de cette gracieuse danseuse.Tous les mercredis, Aude Michon intervient à l’hôpital Gustave Roussy de Villejuif pour danser au chevet des patient·e·s.. Le film ne cache pas combien la vie peut être dure dans un tel environnement, par exemple en mentionnant que ce service où intervient Aude vient d’enregistrer 10 décès en 3 semaines. Dans ce contexte, Aude est en quelque sorte la bouffée d’oxygène pour les patients comme pour les soignants ! Comme le montre le film, les activités d’Aude ne se limitent pas à ses interventions à l’hôpital. Au sein de l’association « Elles dansent » qu’elle a fondé, elle donne des cours de danses, principalement sud-américaines, salsa, bachata, cha-cha-cha, dans des hôpitaux parisiens et dans des centres culturels comme le Centquatre.
Le combat contre le cancer
Elles dansent ne se contente pas de montrer les différentes activités d’Aude Michon : le film donne aussi la parole à des soignant.e.s et à des patient.e.s, en fait presque exclusivement des femmes, des femmes qui parlent de la maladie, de son implication dans la vie familiale, de ce que représente le fait de combattre un cancer quand on est épouse, quand on est mère de famille. On ne peut qu’être touché par les interventions particulièrement dignes et émouvantes d’une jeune femme, Hayat Ozbakir, d’autant plus que le générique de fin ne nous laisse guère de doute sur le fait qu’elle a fini par perdre le combat qu’elle menait contre la mort.
Conclusion :
Tourné avant l’arrivée de la pandémie de Covid, Elles dansent montre un hôpital qui s’efforce d’apporter une forme de joie et de l’optimisme grâce à la danse. Ce voyage dans un service hospitalier qui accueille des malades du cancer ne fait jamais preuve de voyeurisme et se révèle souvent particulièrement bouleversant.
https://www.youtube.com/watch?v=o5-zKmgC-zU