Critique : Effets secondaires

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Effets secondaires

SE_afficheÉtats-Unis : 2013
Titre original : Side Effects
Réalisateur : Steven Soderbergh
Scénario : Scott Z. Burns
Acteurs : Rooney Mara, Jude Law, Catherine Zeta-Jones, Channing Tatum
Distribution : ARP Sélection
Durée : 1h46
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie : 03 avril 2013

4/5

Si Steven Soderbergh reprend ici une partie de ses acteurs fétiches, c’est sans doute dû à un symptôme appartenant aux effets secondaires du succès. De Catherine Zeta-Jones (Traffic et Ocean’s Twelve) à Channing Tatum (Magic Mike et Piégé) en passant surtout par Scott Z. Burns (scénariste) et Jude Law qui tous deux ont travaillé sur Contagion… C’est donc un film disposant d’un casting bien calibré par le réalisateur, et qui promet quelques performances…

Jon Banks est un psychiatre ambitieux. Quand une jeune femme, Emilie, le consulte pour dépression, il lui prescrit un nouveau médicament. Lorsque la police trouve Emilie couverte de sang, un couteau à la main, le cadavre de son mari à ses pieds, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputation du docteur Banks est compromise…

SE_Rooney

Effet de surprise

Le film commence par un prologue, hé oui c’est original hé hé hé ho ho ho ho, et dès les premières minutes on sait qu’il va falloir être très attentif à la mécanique de l’action qui va suivre. Évidement, c’est cette mécanique qui va orienter le film et va répondre aux questions qu’on se pose habituellement, à savoir pourquoi ? comment ? Etc. On se trouve plongé dans la vie d’Emily et Martin (Rooney Mara et Channing Tatum), qui tentent de se retrouver. Les problèmes du couple ne font que commencer. Le réalisateur nous accompagne dans le quotidien d’Emily, ou plutôt la tristesse et la banalité… Ça monte très haut, au point que l’on pourrait presque comprendre ce qui va pousser sa rencontre avec le psychiatre Jon Banks alias Jude Law.

De là, on se trouve dans un marché avec un choix impressionnant, non pas de fruits ou légumes hé hé hé ho ho ho ho, mais bien de médicaments antidépresseurs. Cependant, Steven Soderbergh arrive à nous éviter de plonger dans la dépression en changeant le cap de son film au bon moment. L’attention n’est alors plus tout à fait portée sur Emily, mais bien sur le psychiatre. Ce dernier fait tout pour sa patiente, il contacte son ancien thérapeute Dr Siebert, un personnage assez sombre interprété par Catherine Zeta-Jones. Ils tentent ensemble de trouver le bon traitement pour sa patiente, jusqu’au drame

Une nouvelle intrigue vient de naître. Maintenant le sort psychologique d’Emily nous importe peu (faut être honnête) : seul compte le sort Banks, qui se retrouve seul à devoir enquêter pour défendre sa renommée devant la justice. Un rebondissement animé d’ironie, car pour une fois c’est le psychiatre qui se voit souffrir de différents troubles psychiques, hé hé hé ho ho ho ho. Son obsession nous pousse à envisager les théories les plus abjectes…

SE_Jude

Une performe de première

Appelons un chat, un chat. Du point de vue de la détermination, les personnages de Jon Banks et d’Erin Brockovich sont très proches. Ils n’ont pas la même motivation, mais leurs actes fous sont de ceux que l’on ne commet qu’en cas de désespoir, et s’avèrent très forts. Comme à son habitude, Soderbergh utilise plusieurs (voire parfois trop) de thèmes, multiplie les points de vue. Dans Effets Secondaires, la mayonnaise est parfaite. Réaliser un film en mettant des ingrédients tel que la psychologie, la manipulation, la dépression, l’obsession, l’industrie pharmaceutique, le tout entremêlé dans une enquête sur un meurtre – voilà qui n’était pas gagné d’avance. On comprend mieux pourquoi il s’est très bien entouré.

On ne peut pas vraiment parler de suspense, on se doute qu’au final tout ira bien. En principe avec Soderbergh, les fins sont heureuses, le Happy End est de rigueur. Mais ce qui nous intéresse, c’est de découvrir la machination du scénario. En ajoutant les techniques de mise en scène, le réalisateur formé initialement au montage, prouve son efficacité et sa maîtrise. Le travail de cadrage et de photographie est également admirable, ça permet de dissimuler certaines informations et de les retrouver plus tard en flashbacks. Le déclencheur du scénario pourrait presque faire penser à un classique. La mort de Martin, personnage bref, arrive à un moment clef qui pourrait rappeler Janet Leigh dans Psychose. Bon, je vous rassure, personne n’osera rebaptiser la « scène de la douche » par la scène de la cuisine, hé hé hé ho ho ho ho.

Si la réalisation est bonne, le scénario est bon, que dire du casting ? Jude Law et Catherine Zeta-Jones on savait déjà qu’ils étaient excellents, même s’il ne s’agit certainement pas là des rôles les plus marquants de leurs carrières respectives. On se souviendra ainsi davantage de Bienvenue à Gattaca et Stalingrad pour l’un, et des entraînements en combinaison dirigés par Sean Connery dans Haute Voltige qui précèdaient le succès du Masque de Zorro, pour l’autre. Le talent n’a pas de physique, ni d’âge. Malgré tout, les mots en français de l’acteur et le plaisir visuel que l’on a regarder l’actrice sont les bienvenus et très appréciés. Une chose est sûre, Rooney Mara a appris à jouer la dépression en psychiatrie, impossible d’envisager une autre explication à sa très bonne performance hé hé hé ho ho ho ho.

SE_ZJ

Résumé

Effets Secondaires est un film extrêmement riche, développant énormément de choses en seulement 1h40, néanmoins au final le timing est parfait. De quoi passer un bon moment, bien encadré, avec une mise en scène qui en jette. De quoi admirer une ironie presque sadique. Les 9 nominations à Berlin sont justifiées. Le seul regret que l’on pourra avoir, c’est la perte de Steven Soderbergh, qui pourrait stopper un moment la réalisation.

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