Test DVD : Les Délices de Tokyo

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Les Délices de Tokyo

les délices de tokyo dvd
 
 
Japon : 2015
Titre original : An
Réalisateur : Naomi Kawase
Scénario : Naomi Kawase d’après le roman de Durian Sukegawa
Acteurs : Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h49
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 27 janvier 2016
Date de sortie DVD : 24 juin 2016

 

 

Les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaises qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits, « AN ». Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher. Tokue a le secret d’une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable…
 

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Le film

[4/5]

Agée de 47 ans, la réalisatrice japonaise Naomi Kawase écume les festivals avec des films de très grande qualité et, année après année, elle accumule les nominations et les récompenses. Rien qu’à Cannes, où ses films ont très régulièrement droit de cité, elle a obtenu la Caméra d’Or en 1997 avec Suzaku et le grand Prix du Jury en 2007 avec La Forêt de Mogari. Par contre, force est de reconnaître que, concernant le public, elle n’est suivie que par une frange assez réduite de cinéphiles qui apprécient son cinéma exigeant, son style contemplatif et sa façon de combiner les forces de l’esprit à l’amour de la nature. Les Délices de Tokyo, son dernier long métrage, film d’ouverture de la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2015, est, de toute évidence, beaucoup plus accessible que ses œuvres précédentes : cette adaptation du roman homonyme de son ami Durian Sukegawa lui permet de greffer l’émotion que procure un mélodrame à ses thèmes de prédilection. On y rencontre trois personnages dont l’existence n’a pas toujours été rose et qui, malgré les différences d’âge, vont apprendre à se connaître, à s’apprécier et à s’entre-aider. Il y a là Sentaro, un pâtissier dont on sent très vite qu’il est marqué par un événement probablement dramatique de son passé. Ce pâtissier n’aime pas le sucré et il reconnaît préférer boire au fait de manger les dorayakis qu’il confectionne et qu’il vend dans son petit magasin. Guère passionné par cette activité, il préfère utiliser une pâte de haricots rouges confits, disponible à la demande mais industrielle, plutôt que de la préparer lui-même. Or l’« an », cette pâte, est l’élément le plus important des dorayakis, puisqu’elle vient garnir l’intérieur de ces pâtisseries à base de pancakes et leur donne toute leur saveur. Souhaitant bénéficier d’une aide pour faire tourner son petit commerce, il a mis une petite annonce et il propose un salaire de 600 yens par heure, soit l’équivalent de 5 dorayakis. Un beau jour, se présente une femme, Tokue Yoshii. Elle a 76 ans, une main déformée, elle se pose en spécialiste de la préparation de l’« an » et elle est prête à travailler pour un salaire bien inférieur à celui proposé par Sentaro. Après avoir essuyé un refus de la part de ce dernier, elle va très vite le convaincre en lui faisant goûter la pâte de haricots rouges confits qu’elle a préparée pour l’occasion. Tokue n’a pas de téléphone, mais, par contre, elle sait parler aux haricots et, lorsqu’elle prépare l’« an », elle les traite avec tout le respect qui leur est dû, en particulier lors de leur combinaison avec le sucre : « ils doivent se familiariser avec le sucre, il s’agit d’une sorte de rencontre arrangée et ils doivent apprendre à se connaître ». Par ailleurs, parmi les collégiennes et lycéennes qui apprécient ce que confectionne Sentaro et vont encore plus l’apprécier lorsque l’« an » sera préparée de façon artisanale par Tokue, on retrouve Wakana, une lycéenne attachante qui aspire à élargir les horizons de son existence.

 
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Sans avoir l’air d’y toucher et en faisant saliver les spectateurs, Naomi Kawase aborde de nombreux sujets dans Les Délices de Tokyo : les phénomènes de rejet et d’exclusion, la regrettable main-mise des préparations industrielles dans la restauration, la richesse que peuvent apporter les rencontres entre différentes générations, en particulier pour la transmission du savoir, l’amour de la vie et de l’action qu’on peut rencontrer chez des personnes âgées malgré les souffrances générées par une maladie. Elle profite aussi de ce film pour affirmer qu’il y a une vie après la mort : le souvenir qu’on laisse à toutes celles et à tous ceux qu’on a aimés et qui vous ont aimé. Bien que ce film délicat et très poétique ait été tourné en pleine ville, à Tokyo, Kawase n’oublie pas, également, de montrer l’importance que revêt pour elle la nature, au travers de la passion que montre Tokue pour les sakuras, ces magnifiques cerisiers japonais dont on suit l’évolution de la floraison. Dans la distribution, on trouve Masatoshi Nagase dans le rôle de Sentaro, un comédien qu’on avait découvert en 1989, interprétant Jun dans Mystery Train de Jim Jarmush. Kirin Kiki, l’interprète de Tokue, est une habituée des seconds rôles et on l’a vue, en particulier, dans de nombreux films de Hirokazu Koreeda. Quant à Kyara Uchida, elle était Megumi dans I Wish de ce même réalisateur.

 
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Le DVD

[3.5/5]

Le DVD que nous propose Blaq Out peut s’écouter en 2.0 ou en Dolby Digital 5.1. On y entendra forcément la langue japonaise puisque le film n’est présenté qu’en version originale sous-titrée. On se gardera bien de s’en plaindre ! L’image est de bonne qualité, même si elle manque un peu de contraste sur  quelques scènes peu éclairées. A l’opposé, les images des cerisiers en fleur sont magnifiquement rendues. En ouvrant le boitier, le premier supplément qui se présentera à vous sera un feuillet donnant la recette des dorayakis rédigée par Naomi Kawase. Sur le DVD lui-même, deux suppléments : tout d’abord, une courte rencontre de 6 minutes avec la réalisatrice, au cours de laquelle elle s’exprime sur ce qu’on appelle le style, sur ce qu’on peut trouver derrière le style, sur les phénomènes de violence et sur ce que peut apporter le cinéma à ses spectateurs. Ces 6 minutes permettent aussi de voir de très courts extraits de quelques uns de ses films précédents : Shara, la Forêt de Mogari et Hanezu, l’esprit des montagnes. Dommage que cette interview, n’étant pas sous-titrée, impose la présence d’une voix française venant se superposer à ce que dit la réalisatrice en japonais. L’autre supplément est un court métrage de 21 minutes intitulé Lies. Naomi Kawase l’a réalisé récemment dans le cadre d’un projet qui a été présenté en octobre dernier lors du Festival de Busan 2015, en Corée. Ce projet, initié par ce Festival, consistait en quatre court-métrages réalisés par des réalisateurs asiatiques : le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, la Japonaise Naomi Kawase, le Coréen Im Sang-Soo et le Chinois Wang Xiaoshuai. Très différent de ce que propose d’habitude la réalisatrice, Lies nous confronte à une interview mettant en scène  trois personnages : l’interviewé est un styliste japonais qui ne s’exprime qu’en japonais, l’intervieweuse étant une journaliste américaine d’origine taïwanaise s’exprimant en anglais. Entre les deux, une jeune femme, probablement japonaise, qui traduit d’une langue à l’autre. D’elle, on sait dès le début qu’elle n’est pas une traductrice professionnelle et, par ailleurs, on constate que, plus l’interview avance, plus l’émotion la submerge. Dans cette interview, où le sous-titrage en français n’apparait que dans ce qui se dit en anglais, le styliste, interprété par Tetsuya Bessho (Une des voix dans Tatsumi de Eric Khoo), est interrogé sur son métier et sur les femmes : « la femme ne devrait pas dépendre des hommes », insiste-t-il. Le titre du film, les larmes qui apparaissent sur le beau visage de la traductrice, quelques scènes où l’on voit le styliste jouer avec son alliance alors qu’il est avec une femme, tout cela laisse penser que ses réponses sont en fait un tissu de mensonges, mais, le moins qu’on puisse dire, c’est que ce message n’est pas du tout appuyé !

Ce DVD est disponible, entre autre, directement chez Blaq Out.

 

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