Deux Rémi, deux
France, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Pierre Léon
Scénario : Pierre Léon, Renaud Legrand, d’après Dostoïevsky
Acteurs : Pascal Cervo, Serge Bozon, Luna Picoli-Truffaut, Jean-Christophe Bouvet
Distribution : Vendredi Distribution
Durée : 1h06
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 2 mars 2016
Note : 4/5
1h06, c’est le court temps dont use Pierre Léon pour explorer l’altérité de soi à travers Deux Rémi, deux, son sixième long métrage.
Synopsis : « Deux Rémi, deux » nous présente Rémi, trentenaire passif et peu capable de se mettre en valeur. Il habite avec son frère et, principal fait d’arme, fréquente la fille de son patron. Un matin, Rémi rencontre Rémi, prenant son petit déjeuner attablé chez lui. Rémi semble en tout point identique à Rémi à ceci près que son comportement plus dominant lui permet toujours d’avoir l’initiative. Ce nouveau Rémi encombre alors rapidement le premier, cherchant à mener la même vie que lui, que ce soit auprès de son patron, dont il obtient aisément les faveurs, ou de sa compagne.
Un séduisant onirisme
Sous couvert d’un séduisant onirisme, Pierre Léon fait tenir son film fantastique à l’aide d’un dispositif qui pourrait sembler superficiel. En effet aucun personnage – pas même Rémi – ne semble réellement étonné par l’apparition d’un nouveau Rémi. Il s’agit alors pour le cinéaste d’assécher le caractère ludique et fascinant de cette découverte pour la concentrer sur sa qualité d’expérience. Sous le prisme de cette rencontre, ce qu’il interroge est alors le rapport à soi, aux autres et à sa propre identité. Une idée pertinente, tant le léger décalage qui existe entre les deux Rémi agit comme un parfait révélateur de la réalité du premier.
Un cinéma de la minutie
Cinéma de la minutie, Deux Rémi, deux séduit au-delà de ses parti-pris narratifs et scénaristiques par une image composée avec la plus grande attention. Pierre Léon travaille ses cadres avec un amour évident de la géométrie. Prenant souvent place dans un premier cadre, ils situent régulièrement les personnages au second plan, les donnant à voir au spectateur comme à travers de multiples fenêtres théâtralisées. Accueillante et chaleureuse, l’image de Pierre Léon se voit dominée par des teintes franches et des jeux de couleurs complémentaires marqués. Décors, costumes et accessoires, semblent alors se fondre en des tableaux qui invitent à la lenteur et à l’observation. La minutie du cinéaste se signale également dans l’agencement du son et des bruits, de ces musiques en « do ré mi » à ces dialogues composés de phrases courtes, plus portés sur le rythme et la sonorité que sur le verbe.
Film intelligent, Deux Rémi, deux prend le parti de charmer plutôt que de séduire. Apologie de la liberté, l’œuvre de Pierre Léon s’affranchit de l’essentiel de son potentiel dramatique pour n’imposer que son brio et sa poésie. Léger, survolant ses tensions et n’appelant qu’à la respiration, l’on pourra toutefois déplorer qu’elle ne propose au spectateur qu’un discours concis sur son expérience. Un refus d’en tirer des conclusions dont nous comprendrons qu’il s’adresse avant tout à son intelligence mais qui frustrera tant nous aurions aimé que le film de Pierre Léon nous convie pleinement à la découverte de son âme.
Conclusion
Curieuse et charmante mécanique, Deux Rémi, deux est un film d’horloger. Délicat à défaut d’être pleinement sensible, il est une expérience humaine et cinématographique qui recourt à l’attention du spectateur plus qu’à tout ressort émotionnel. Partition juste d’enfant prodigue, le court long métrage de Pierre Léon saura charmer, questionner et surprendre. Trois qualités essentielles au grand cinéma et auxquelles nous aurions tout de même aimé voir s’adjoindre – à défaut d’un double – un simple supplément d’âme.
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