Critique : Detroit

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2021

Detroit

E.U., 2017
Titre original : –
Réalisatrice : Kathryn Bigelow
Scénario : Mark Boal
Acteurs : John Boyega, Will Poulter, Algee Smith
Distribution : Mars Films
Durée : 2h23
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie : 11 octobre 2017

Note : 4/5

Detroit, ville frontalière avec le Canada, a accueillie à partir du début du XXe siècle de nombreuses usines automobiles, et par conséquence s’est vite transformée en ville ouvrière – des ouvriers pour beaucoup afro-américains, payés moins chers que leur compatriotes a la peau plus claire … Detroit, surnommée « Motor Cirty », c’est aussi la ville de la célébrissime Motown, et depuis la crise des subprimes, une ville fantôme. En 1967, dans une Amérique post-ségrégationniste – mais encore raciste – et en pleine guerre du Vietnam, des émeutes vont éclater dans la ville. 50 ans plus tard, Kathryn Bigelow adapte cette histoire sur grand écran. Avec 17 000 000 $ de recettes pour un long-métrage en ayant couté le double, Detroit a été boudé par le public américain – à tort.

Synopsis : Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d’émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam, vécue comme une intervention néocoloniale, et la ségrégation raciale nourrissent la contestation. À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux …

 Avec Detroit, Kathryn Bigelow continue d’explorer les démons états-uniens, après l’intervention américaine en Irak (Démineurs, 2008) et la traque de Ben Laden (Zero Dark Thirty, 2012). La réalisatrice utilise d’ailleurs le même procédé de mise-en-scène que dans ces deux films : caméra à l’épaule, au plus près des acteurs pour restituer des faits passés dans un style quasi-documentaire. Detroit commence d’ailleurs avec des images d’archives, qui viennent briser la fiction dans un premier temps, avant de disparaitre jusqu’au générique. Car si on suit au début le mouvement de foule, le métrage finit par se centrer sur un petit groupe retranché dans un motel. Commence alors le cœur du film : une longue scène d’horreur. En effet, l’armée, la police et la civil guard, omniprésentes dans une ville en état de siège, débarquent dans l’hôtel après qu’un des résident ait tiré par le fenêtre avec une arme factice. Si jusque là les événements étaient décrits de manière plus ou moins rapide, le temps semble maintenant s’arrêter, et tout va se dérouler en temps réel. Les personnages auxquels on a rapidement eu le temps de s’attacher vont être soumis à un long interrogatoire, pendant lequel des policiers – tous blancs – les brisent tant psychologiquement que physiquement.

Si Bigelow n’use d’aucun artifice dans sa mise-en-scène, elle brille dans sa direction d’acteurs, et ce même pour des seconds rôles. Saluons ainsi les géniales performances de  John Boyega (le Finn des nouveaux Star Wars), et de l’inquiétant Will Poulter, mais surtout celles de Algee Smith et Jacob Latimore. Car si le personnage de John Boyega est plus ou moins au centre de l’intrigue, on va suivre l’évolution de Larry (Algee Smith) et de son compère Fred (Jacob Latimore), membres d’un groupe à deux doigts de signer avec la Motown. Les deux acteurs, dont ce sont les premiers rôles importants à l’écran, forment ainsi le point émotionnel que va suivre le spectateur pendant plus de deux heures. Car si l’interrogatoire est au cœur du film, le long-métrage ne se réduit pas qu’à cet événement. Va suivre un autre interrogatoire, cette fois-ci pour déterminer ce qui s’est passé dans le motel – un contre-interrogatoire tout aussi éprouvant psychologiquement. Et si on s’était habitué à ce que l’action se déroule en direct, en temps réel, les conséquences qui en découlent vont s’étaler sur plusieurs années …

Conclusion

Qu’il s’agisse du procès ou de l’avenir des protagonistes, si la tension est descendue, l’amertume ressentie, elle, reste bien après la séance. Car Detroit raconte une histoire en soi révoltante, mais aussi par son écho frappant à l’actualité américaine par son sujet qui semble plus jamais d’actualité, les États-Unis ne semblant ne pas encore en avoir fini avec leur fantôme raciste …

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