Critique : Dealer

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France, 2014
Titre original : –
Réalisateur : Jean-Luc Herbulot
Scénario : Samy Baaroun, Jean-Luc Herbulot
Acteurs : Dan Bronchinson, Elsa Madeleine, Salem Kali
Distribution : –
Durée : 1h15
Genre : Thriller
Date de sortie : 1 octobre 2015 (VOD)

Note : 2,5/5

Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France. En effet, alors que l’on ne cesse de louer la diversité du cinéma français, il arrive encore aujourd’hui que des projets sortant des rails d’un certain cinéma français (en gros, autre chose que des comédies populaires, des adaptations de romans à succès ou des films d’auteur dont les provinciaux se foutent) connaissent quelques difficultés lors de leur sortie, voire même lors de leur fabrication. Faisant l’impasse volontaire d’une sortie salles de façon à s’attirer un plus large public, le film est disponible depuis le 1er octobre sur Vimeo à l’adresse suivante : www.dealermovie.com. Sa diffusion sera ensuite étendue courant novembre sur les principales plates-formes de VOD (iTunes, Google, Amazon, Playstation Store…

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Synopsis : Un petit trafiquant de drogue rêvant de partir en Australie avec sa fille afin de changer de vie accepte une offre à l’encontre de ses principes. Cet accord va transformer sa journée en une descente aux enfers.

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Système D pour un film en totale indépendance

Alors que le dernier Gaspar Noé (Love) passe et repasse en commission de classification pour des scènes explicitement sexuelles, que le film de Diastème (Un Français) connaît des soucis de distribution du fait de son sujet sulfureux, voire même qu’un autre projet « à risque », Made In France de Nicolas Boukhrief, soit tout simplement privé un temps de distributeur, un petit gang d’irréductibles, mené par le réalisateur Jean-Luc Herbulot et son acteur-producteur Dan Bronchinson, décide de monter un film en totale indépendance, sans le cheminement habituel classique : aide du CNC, d’un distributeur, d’une chaîne de TV ou autres aides publiques (Conseil Général…). Dan Bronchinson a dû compter sur le système D et l’aide financière d’amis et proches pour financer et jouer le rôle principal de ce projet atypique, inspiré de son passé personnel.

Votre serviteur est plus que ravi de voir que des projets comme Dealer se concrétisent, sachant que le financement du cinéma français est plus que jamais sclérosé par des dogmes idéologiques, car quoi que l’on en dise, malgré l’arrivée d’une nouvelle génération de créateurs dans le domaine du 7ème Art, les instances officielles ne veulent pas/plus du type de cinéma proposé dans le métrage de Jean-Luc Herbulot, un cinéma de genre énergique, dynamique, brut de décoffrage, malpoli, chiant dans la colle des censeurs de tout poil. Malheureusement, on ne peut pas dire que le film soit une totale réussite. Attention, le film n’est pas une purge, loin de là, mais il comporte plusieurs défauts inhérents à ce type de projets auto-produits.

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Un premier film brut mais un peu trop sous influence

Tout d’abord, Dealer se présente comme un film sous influence du culte Pusher de Nicolas Winding Refn, ce qui est bien évidemment incontournable au vu de son sujet. Le problème est que Dealer peut être présenté comme un remake officieux du métrage de NWR, tellement son scénario est un décalque du film danois de 1996 : même univers, postulat de départ similaire, mêmes personnages, sans compter le rebondissement à mi-parcours… Même si votre serviteur n’a rien contre les références, on aurait aimé un peu plus de liberté et d’affranchissement chez Herbulot.

Le principal problème que je voudrai soulever au sujet de Dealer est également son manque de finesse, que cela soit au niveau visuel ou scénaristique : voix-off omniprésente et parfois outrancière récitant ce qu’il se passe à l’écran (même si l’on peut dénoter une écriture qui ne manque pas de charme), montage hystérique qui aurait mérité un peu de respiration, cartons de chapitrage apparaissant toutes les 5 minutes… Soyons clairs : Dealer aurait gagné à être moins ostentatoire, formellement parlant, ce qui aurait donné plus d’humilité au résultat final, et à être également moins grossier, moins prévisible dans son déroulement narratif (surtout pour les spectateurs connaissant la trilogie Pusher sur le bout des doigts) et également un peu plus homogène dans son interprétation générale, certains petits rôles sentant un peu le cabotinage.
MAIS

Dealer est un premier film. Un premier film fait les mains dans le cambouis. Un film indépendant, proposant une alternative bienvenue au cinéma made in Paris et ses personnages vivant tous dans des lofts. Un premier film imparfait, parfois impersonnel, maladroit à vouloir trop en faire, mais bourré d’énergie, brut de décoffrage (le film dure 1h10), parfois habité d’une rage qui fait plaisir à voir en ces temps de bienpensance dans le 7ème Art français.

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Conclusion

Si vous n’êtes pas forcément cinéphage, si vous cherchez un film pas prise de tête, brut, direct, pêchu, si vous aimez les univers sombres, sales et rageux, alors donnez une chance à Dealer.

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