Critique : Brian Jones et les Rolling Stones

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Brian Jones et les Rolling Stones

Grande-Bretagne : 2023
Titre original : The Stones And Brian Jones
Réalisation : Nick Broomfield
Scénario : Nick Broomfield, Marc Hoeferlin
Interprètes : Brian Jones, The Rolling Stones
Distribution : Program Store
Durée : 1h38
Genre : Documentaire
Date de sortie : 19 février 2025

3.5/5

Synopsis : Qui se souvient vraiment de Brian Jones ? Pourtant, il est le visionnaire à l’origine des Rolling Stones. À travers des interviews exclusives de proches, des membres du groupe et grâce à des archives rares et inédites, ce documentaire retrace l’incroyable parcours de ce musicien de génie. Célébrant son rôle fondamental dans la naissance et le succès des Rolling Stones, le film plonge au cœur des tensions internes qui ont conduit à son éviction tragique, révélant une histoire fascinante et bouleversante sur l’ascension du plus grand groupe de rock de tous les temps.

Qui se souvient de Brian Jones ?

3 semaines après la sortie de Un parfait inconnu, film de fiction très documenté s’attachant à retracer la vie de Bob Dylan de 1961 à 1965, voilà que sort Brian Jones et les Rolling Stones, un documentaire sur la vie de Brian Jones, né en 1942, mort en 1969, membre fondateur des Rolling Stones et du Club des 27, cet ensemble de stars du rock mortes à l’âge de 27 ans. Deux façons différentes de rendre hommage à deux artistes nés à 9 mois d’intervalle et qui, dans les années 60, ont eu un rôle prépondérant dans l’évolution de la musique populaire. Bob Dylan est toujours vivant, il est toujours actif, sa renommée est grande, alors que Brian Jones est mort depuis près de 56 ans et qu’on est en droit de s’interroger sur ce qui lui reste de notoriété en 2025. Alors que Keith Richards et, surtout, Mick Jagger font jeu égal avec Bob Dylan en matière de célébrité, il est malheureusement très probable que, parmi les fans des Rolling Stones, seuls ceux de la première heure ont encore en tête un souvenir ému du blondinet qui jouait, entre autre, de la guitare auprès de Mick, Keith, Bill et Charlie. Et pourtant, comme nous le rappelle le film,  sur 100 lettres adressées aux Rolling Stones dans les premières années du groupe, 60 étaient destinées à Brian Jones et seulement 25 à Mick Jagger, les 3 autres ne recevant que des miettes. Puisse ce film rafraichir quelque peu les mémoires défaillantes !

Son réalisateur, Nick Broomfield, est un documentariste anglais réputé qui, à l’âge de 14 ans, avait eu le bonheur de rencontrer Brian Jones dans un train et dont la filmographie montre son intérêt pour les musiques populaires anglo-saxonnes : on y trouve un film sur la relation entre Kurt Cobain et Courtney Love, un autre sur Whitney Houston et un autre sur la relation entre Leonard Cohen et Marianne Ihlen, sa muse norvégienne. Construit à partir d’images d’archives et d’interviews exclusives récentes, avec, en particulier de nombreuses interventions de Bill Wyman, l’ancien bassiste du groupe, Brian Jones et les Rolling Stones est un film d’une grande richesse qui, tout en donnant une vision très authentique de la vie d’un groupe de rock dans les années 60, avec les tournées et les groupies, avec les problèmes liés à la drogue, montre un homme aux multiples facettes. Cet homme, Brian Jones, savait certains jours faire preuve d’une grande gentillesse et, le lendemain, il pouvait se montrer cruel et agressif. Ses talents étaient nombreux et immenses mais il lui en manquait un, peut-être le plus important, l’aptitude à écrire des chansons. Brian Jones aspirait à être estimé et il a souffert de se sentir rejeté par sa famille et, plus encore, d’être petit à petit exclu du groupe qu’il avait fondé, ce qui, sans doute, l’a poussé à passer sa vie à s’autodétruire. Ce rejet de sa famille et son désir d’être aimé l’a conduit dès l’âge de 17 ans, à prendre l’habitude d’adopter la famille des autres, à mettre leur fille enceinte et à partir. C’est ainsi qu’on lui connait 6 enfants, tous nés de mères différentes !

Un important apport musical

C’est leur amour du blues qui a réuni Brian, Mick et Keith. Au début des années 60, ce genre musical tournait à Londres et sa région autour d’Alexis Korner et de Cyril Davis et ne rencontrait alors qu’un petit succès d’estime. Ce petit succès d’estime, Brian Jones a énormément contribué à le transformer en déferlement mondial en fondant les Rolling Stones, en donnant son nom au groupe à partir d’un titre de Muddy Waters, en le portant au sommet des charts, et en se comportant, pendant un certain temps, en gardien du temple blues au sein du groupe. Une tâche qui lui tenait à cœur mais qui a contribué à creuser un fossé avec les autres membres du groupe à l’arrivée de Andrew Loog Oldham comme manager : ce dernier, suivi par le duo de compositeurs Jagger/Richards,  voulait orienter le groupe vers la pop, contrairement à Brian qui souhaitait qu’il reste dans le blues.

Bien qu’il n’ait écrit aucune chanson, l’apport musical de Brian a été très important. En effet, de nombreuses compositions de Jagger et Richards n’auraient pas la même saveur sans les très beaux effets de décoration apportés par Brian, très à l’aise sur un grand nombre d’instruments : guitare slide, bien sûr, mais aussi accordéon, clavecin, dulcimer, flûte à bec, marimba, sitar, vibraphone, xylophone, etc.. Toutefois, la mise à l’écart du groupe commencée sous l’impulsion de Andrew Loog Oldham a pris de plus en plus d’ampleur, la consommation de drogues de Brian le conduisant à un comportement erratique que les autres membres du groupe ont fini par ne plus accepter. Le 9 juin 1969, il a été exclu du groupe, de SON groupe. « Un groupe de rock, c’est comme une tribu primitive. Dans ces tribus, les gens sont tués psychiquement s’ils sont exclus. Si un membre devient inutile, il meurt ». Moins d’un mois après son exclusion, dans la nuit du 2 au 3 juillet, Brian Jones mourrait noyé dans sa piscine. Il avait 27 ans.

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