Boîte noire
France, 2020
Titre original : –
Réalisateur : Yann Gozlan
Scénario : Yann Gozlan, Simon Moutaïrou et Nicolas Bouvet-Levrard
Acteurs : Pierre Niney, Lou De Laâge, André Dussollier et Sébastien Pouderoux
Distributeur : Studiocanal
Genre : Thriller
Durée : 2h10
Date de sortie : 8 septembre 2021
3,5/5
Pour des raisons diverses et variées, on n’aime pas trop prendre l’avion. Un film comme Boîte noire n’est pas près de nous faire changer d’avis. Pourtant, le quatrième long-métrage de Yann Gozlan – un réalisateur jusque là plutôt abonné aux films de genre – va bien au delà de la simple mise en garde contre les dangers inhérents au voyage par voie aérienne. En parallèle de l’enquête haletante autour du crash d’un avion, il tisse habilement une toile faite de pièges dressés à notre crédulité. Qui dit vrai et qui a tout faux ? Le récit à tiroirs fournit sans cesse des réponses en apparence contradictoires à ces questions essentielles à notre adhésion à l’action. Notre rapport au protagoniste traverse ainsi des crises multiples, selon une logique scénaristique tout à fait capable de faire durer le suspense. Dans ce rôle taillé sur mesure, Pierre Niney se montre au sommet de son art d’interpréter un mec survolté, parfois attachant et souvent agaçant.
Or, tout en respectant les règles du thriller diablement efficace, la mise en scène va encore fouiner plus profondément dans les dilemmes de sens dont souffre indéniablement notre époque. Au fil de la quête de vérité menée avec la force du désespoir, il devient en effet de plus en plus apparent que dans le monde d’aujourd’hui, cette même vérité est maniable à outrance. Sa déformation pathologique passe alors autant par une multitude de filtres médiatiques que par une jungle administrative dont le triangle des vieux gardiens de l’ordre établi, formé par André Dussollier, Olivier Rabourdin et Aurélien Recoing, assure tant soit peu la pérennité.
Dans les hautes sphères de l’industrie aéronautique, imaginées avec une sensibilité accrue envers les rouages usants du monde du travail en France, les enjeux plus importants derrière un fait divers tragique restent longtemps dans le flou. Le fait que la conclusion finale a l’air de ne rien résoudre non plus au problème de fond rend encore un peu plus intriguant le bel édifice de paranoïa filmique, construit pendant deux heures !
Synopsis : Mathieu Vasseur est l’un des fonctionnaires les plus exigeants du Bureau Enquête Accident. Aucun détail n’échappe aux oreilles de cet acousticien ambitieux. A tel point que ses collègues ont tendance à se méfier de son perfectionnisme solitaire. Après le crash du vol Paris-Dubaï dans les Alpes, il n’est pourtant pas tout de suite chargé de l’enquête. Seulement quand son supérieur Victor Pollock disparaît soudainement sans laisser de trace, l’occasion est offerte au jeune technicien d’appliquer son instinct méticuleux.
Voler toujours plus haut
La science et la méfiance se livrent une guerre sans merci dans Boîte noire. Dès que l’une paraît prendre le dessus, les certitudes fraîchement acquises se voient mises en cause par une nouvelle pirouette scénaristique. Cependant, l’équilibre délicat entre le psychodrame personnel que Mathieu traverse de moins en moins indemne et la vision globale de cette affaire plus louche qu’il ne semble à première vue est maintenu à chaque instant. Ni les détails techniques de l’analyse des enregistrements, ni le trafic d’influences auquel ce microcosme court constamment le risque de se soumettre ne viennent perturber une trame narrative propulsée avec vigueur. La tentation de perdre le spectateur dans le marasme de l’industrie de l’air ou, pire encore, dans des procédures administratives trop pointues, Yann Gozlan l’esquive sans pour autant lésiner sur une certaine notion de réalisme. https://theinternetslots.com/au/best-rtp-slots/
Car ce n’est pas parce qu’il a l’apogée de sa profession en ligne de mire que le protagoniste en tire la moindre satisfaction personnelle. Bien au contraire, puisque en filigrane de son travail de détective amateur, le scénario s’emploie à intervalles réguliers à faire l’inventaire de ses frustrations intimes. Son goût pour la perfection acoustique, qui lui permet de répertorier immédiatement toutes les informations que ses collègues mettront des heures à tirer de la bande son, tout comme son petit côté ergoteur, en font même un personnage assez antipathique. L’art de la narration consiste alors à peaufiner notre processus d’identification avec un homme, dont l’obsession pour des détails qui dénotent le met en danger d’un fourvoiement complet.
Le complot du complot du complot
En suivant avec une attention plus ou moins circonspecte les errements du héros faillible, la réalisation crée une structure cinématographique proprement cauchemardesque. Mais là aussi, elle fait preuve d’un discernement fort appréciable. Seules deux séquences s’apparentent à des rêves : l’une relevant de la projection mentale, l’autre plus proche des troubles d’un esprit tourmenté. Pour le reste, le climat généralisé de suspicion suffit amplement à semer le doute, à la fois sur la santé mentale du personnage principal et sur les véritables causes de l’accident. Au fur et à mesure que Mathieu s’enferme dans son délire, allant jusqu’à saboter activement son couple avec Noémie – Lou De Laâge dans une incarnation saisissante de la duplicité moderne –, sa croisade suit la courbe inquiétante d’un raisonnement de plus en plus nébuleux.
Les différents dispositifs de la menace qui plane sur lui, imaginaire ou réelle, peu importe dans le contexte d’un divertissement prodigieux, sont employés à bon escient tout au long du film. Rien n’y est laissé au hasard. En même temps, pour le forcené de l’interférence, chaque piste vaut la peine d’être explorée, sous peine de passer à côté d’une nouvelle opportunité de surinterprétation. En creux de ce jeu adroit des faux-semblants, il ne nous paraît guère exagéré de supposer un commentaire sur l’état d’esprit dominant de notre époque. Celui même, qui est prompt à tout mettre en question dans la spirale infernale des théories fumeuses et autres craintes excessives de la conspiration. Une proposition de réflexion plutôt intelligente et carrément inattendue dans le cadre d’un film, redevable avant tout aux exigences du thriller dans toute sa splendeur !
Conclusion
Visiblement, les spectateurs de cinéma français aiment autant écouter qu’observer. Ainsi, deux ans et demi après Le Chant du loup de Antonin Baudry, ils ont à nouveau sollicité en masse un film qui fait la part belle aux spécialistes du silence, fendu par des bruits angoissants. Boîte noire va même encore plus loin que l’aventure de sous-marin, en intégrant la quête de la révélation sonore dans un état des lieux lucide sur le caractère bancal de la société française. Ne nous laissons pas non plus aller à l’hyperbole cinématographique, le niveau magistral de Conversation secrète de Francis Ford Coppola restant inatteignable au film de Yann Gozlan ! Ce dernier n’en reste pas moins une (très) bonne surprise, rondement menée et dépourvue du genre d’incongruité scénaristique ou formelle, susceptible de nous laisser douter de l’honnêteté artistique de ses créateurs.
Dès les premières minutes le film perd sa crédibilité. En effet l’hôtesse qui sert le café porte les galons de personnel navigant technique (c’est à dire de pilote). Ensuite on aperçoit un collègue avec les deux mêmes galons sur sa chemise… Le cinéaste a voulu les classer comme chefs de cabine mais leur à fait porter une tenue de pilote. Aucune compagnie ne distingue de cette façon ses chefs de cabine PNT… une telle erreur est incroyable quand on imagine les sommes dépensées. Pourquoi ne pas avoir demandé conseil à quelqu’un d’averti ?