Critique : Blair Witch

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blair-witch-afficheBlair Witch

Etats-Unis, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Adam Wingard
Scénario : Simon Barrett
Acteurs : Brandon Scott, Callie Hernandez, Valorie Curry
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 1h30
Genre : Epouvante-horreur
Date de sortie : 21 septembre 2016

Note : 3/5

Le found footage, c’est naze ! C’est par cette affirmation définitive et sentencieuse qu’un critique paresseux pourrait résumer le dernier effort de Adam Wingard. Et si l’on ne pourrait pas totalement donner tort à ce dernier concernant ce sous genre désolant qui aura pollué le cinéma de genre des 2010’s, réduire le film qui nous intéresse aujourd’hui à cette simple affirmation serait on ne peut plus simpliste. Car si la majorité des représentants du genre est indigne de la moindre considération, surfant de façon opportuniste sur une vague n’ayant plus grand chose de neuf à proposer, et se contentant de reproduire des motifs essoufflés depuis bien longtemps, certains cinéastes intéressants, sont capables de proposer, à défaut de quelque chose de réellement neuf, une variation digne d’intérêt.

Synopsis : James et un groupe d’amis décident de s’aventurer dans la forêt de Black Hills dans le Maryland, afin d’élucider les mystères autour de la disparition en 1994 de sa sœur, que beaucoup croient liée à la légende de Blair Witch. Au départ, les jeunes étudiants s’estiment chanceux en tombant sur deux personnes de la région qui leur proposent de les guider à travers les bois sombres et sinueux. Mais tandis qu’ils s’enfoncent dans la nuit, le groupe est assailli par une présence menaçante. Peu à peu, ils commencent à comprendre que la légende est bien réelle et bien plus terrifiante que ce qu’ils pouvaient imaginer…

Blair Witch

Une grande assurance dans le crescendo horrifique

Adam Wingard est de ces jeunes cinéastes trentenaires, ayant grandi avec tout un pan de cinéma de genre, et régurgitant aujourd’hui leurs références dans un cinéma post moderne, petit malin diront certains, ne manquant pas de malice, mais parfois trop occupé à jouer avec le spectateur pour proposer quelque chose de réellement audacieux. Si le surestimé You’re next correspond parfaitement à cette vision du cinéma se jouant des codes, à la manière du Wes Craven de Scream, avec une bonne dose de perversité en plus, l’excellent The Guest montrait quant à lui de réelles dispositions de mise en scène alliées à un sens du récit franchement jubilatoire laissant augurer du meilleur quant à l’orientation de sa filmographie ! Le voir aujourd’hui à la tête d’un projet aussi peu personnel, suite longtemps attendue par les fans de l’original (la fausse suite de 2000 étant oubliée depuis longtemps), avait de quoi intriguer et inquiéter, tant l’on se demandait bien comment il pourrait se débrouiller avec un matériau aussi peu propice à la surprise. Et à la vue du résultat final, on se dit que le bougre cache plus d’un tour dans son sac.

Débutant plusieurs années après la fin du premier film, le récit se concentre sur le frère de Heather Donahue, découvrant une vidéo sur Internet lui laissant croire que sa sœur pourrait être encore vivante, prisonnière dans la mystérieuse forêt de Black Hills. Il décide de partir à sa recherche avec un groupe d’amis, loin de se douter de ce qui les attend… Pitch classique, reprenant la construction peu palpitante de l’original, du moins dans sa première partie. Là où ce dernier se contentait de nous ennuyer pendant l’essentiel du film avec des personnages marchant dans la forêt, avant de lâcher la sauce lors des cinq dernières minutes, le film présent montre une plus grande assurance dans le crescendo horrifique. Si la structure reste donc peu surprenante, la première moitié du film se montrant assez chiche en effets horrifiques, et montrant des personnages peu développés en promenade forestière, le cinéaste en vient plus rapidement aux choses sérieuses, l’atmosphère se révélant plus rapidement mystérieuse, voire angoissante.

Lisa (Callie Hernandez)

Une générosité dans la terreur

Jouant toujours autant sur le hors champ et l’ambiance sonore, le cinéaste se montre tout de même plus généreux en images chocs ! Le classement R-Rated lui permet de gratifier le spectateur de quelques scènes furtivement gores, qui, si elles ne révolutionnent pas la représentation de l’horreur à l’écran, n’en produisent pas moins un effet assez révulsif faisant paradoxalement du bien au spectateur qui n’en demandait pas tant. Si l’on n’échappe pas aux éternels jump scares tombant tous à plat, le sound design se révèle tout de même d’une efficacité assez redoutable, réussissant à mettre une sacrée pression durant le redoutable climax avec son mélange d’un score sourd, de la pluie torrentielle sur les fenêtres de la maison de la sorcière et des cris incessants de l’actrice principale, finissant par éprouver réellement les nerfs du spectateur. Là où l’original expédiait son final, on a ici droit à 40 minutes de terreur montant crescendo, jusqu’à un final souterrain réellement terrorisant, même si l’on est loin de la virtuosité d’un Neil Marshall, auquel l’on pense inévitablement, au désavantage du film présent.

Une fois de plus, on ne peut éviter de penser au sommet d’horreur qu’aurait pu être le film avec un filmage traditionnel, débarrassé des exigences qu’impose le genre. Car même si la multiplicité des points de vue (tous les personnages possèdent une caméra) et les prises de vue à l’aide d’un drone peuvent donner l’illusion d’une mise en scène plus ample, à l’opposée du minimalisme de l’original, il reste prisonnier d’un sous genre ultra limité, dont on peine à voir le bout. Malgré tout, la générosité dont fait preuve son metteur en scène pour construire un véritable bloc de terreur sur son dernier acte, force l’indulgence et laisse sur une impression plutôt positive ! Les faibles scores du film au box office laissent penser que le public commence à être sérieusement lassé des suites tardives ainsi que du genre « found footage ». Si l’on peut regretter que la punition tombe sur l’un de ses représentants les plus estimables, on peut tout de même espérer un avenir un peu plus radieux pour ce genre qui nous stimule tant.

Blair Witch

Conclusion

En attendant cet éventuel retour aux sources, on peut apprécier à sa juste valeur ce film imparfait, mais finalement attachant et revenant à une certaine idée primale de l’horreur au cinéma. De ces histoires immortelles de monstres que l’on se raconte entre potes, enfants, pour se faire peur avant d’aller dormir. A ce niveau, je peux dire que je n’en attendais pas tant.

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