Critique : Bends

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Bends affiche Bends

Hong-Kong : 2013
Titre original : Guo Jie
Réalisateur : Flora Lau
Scénario : Flora Lau
Acteurs : Carina Lau, Kun Chen, Yuan Tian
Distribution : A3 Distribution
Durée : 1h32
Genre : Drame
Date de sortie : 15 juillet 2015

Note : 2.5/5

Ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, Hong-Kong jouit d’un statut particulier par rapport aux autres provinces du pays. C’est ainsi que la politique de l’enfant unique ne s’y applique pas, ce qui n’était pas sans poser un grave problème de saturation dans les maternités de Hong-Kong, la moitié des femmes qui y accouchaient venant de Chine continentale. Une réforme intervenue en mars 2012 a compliqué les choses pour les chinoises du continent. En tout cas, c’est ce sujet de la frontière, des frontières entre Hong-Kong et le reste de la Chine que Flora Lau a choisi de traiter dans Bends, son premier long métrage, présenté dans la sélection Un Certain Regard de Cannes 2013. Originaire de Hong-Kong, Flora Lau a fait ses études de cinéma à New-York et à Londres. Elle vient de terminer sa résidence à la Cinéfondation de Paris et est en train d’achever le scénario de son deuxième film. 

 

Synopsis : Cette histoire se déroule entre Hong Kong et Shenzhen en Chine continentale.

Anna mène la vie d’une épouse hongkongaise fortunée, pratique le tango et fréquente les salons de thé. Mais, chaque jour, elle sauve surtout les apparences d’une richesse qui s’envole.

Fai, son chauffeur, réside à Shenzhen. Ting, sa femme, attend un second enfant. Afin d’éviter la lourde amende imposée par la « Loi de l’Enfant Unique », le couple lutte pour qu’il naisse à Hong Kong.
Un même monde, une ligne a priori infranchissable.
Le moment venu, c’est dans l’espace d’une voiture que se redessinera le destin de chacun.


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Fai et Anna

D’un côté, Fai et Tingting, un couple qui vit à Shenzen, en Chine continentale ; de l’autre côté, vivant à Hong-Kong, Anna Li, une femme au foyer mariée à un riche homme d’affaire. Fai est son chauffeur, il passe tous les jours de Shenzen à Hong-Kong pour venir conduire sa patronne. Ce qui est facile pour lui ne l’est pas pour son épouse. Dommage, car étant enceinte d’un deuxième enfant, un accouchement à Shenzen se traduirait par le paiement d’une lourde amende, amende qu’elle n’aurait pas à payer en cas d’accouchement à Hong-Kong. C’est la relation entre Fai et Anna que raconte le film, deux êtres que tout sépare mais qui se retrouvent ensemble tous les jours, dans une magnifique Mercedes. Une relation qui va évoluer lorsque la situation financière et conjugale d’Anna va cruellement se détériorer.

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2 mises en parallèle

Le propos de Bends est a priori très intéressant. Il permet de mettre en parallèle la vie d’une bourgeoise oisive, adepte du tango, du feng-shui et des salons de thé, avec celle d’un modeste travailleur dont l’objectif n°1 est d’arriver à faire accoucher sa femme à Hong-Kong plutôt qu’à Shenzhen. Deuxième mise en parallèle, celle entre la Chine continentale et Hong-Kong, qui, bien que rattachée à la Chine depuis plus de 15 ans, continue d’avoir un statut très particulier.

 

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Trop beau !

Manifestement, le problème qu’a rencontré Flora Lau pour son premier film, c’est, paradoxalement, d’avoir disposé de trop de moyens. Résultat : dans Bends, tout est trop beau. Certes, il n’était pas nécessaire que Fai soit obèse et mal habillé pour rendre plus crédible sa situation de chauffeur venant de Chine continentale, mais de là à prendre Kun Chen (Balzac et la petite tailleuse chinoise) et à en faire un magnifique jeune premier sapé comme un ministre, il y a un pas qu’il n’était pas nécessaire de franchir jusqu’à ce point. Concernant Anna, la bourgeoise friquée, tout à fait normal qu’elle soit d’une grande élégance et qu’elle ait les traits de la très belle Carina Lau, épouse de Tony Leung et actrice chez Wong Kar-wai et Hou Hsiao-hsien. Pour magnifier tout ce qui est déjà très (trop?) beau, mobilier, acteurs, voiture, il y a la présence, derrière la caméra, de l’australien Christopher Doyle, dont la liste des contributions est d’une longueur exceptionnelle avec, comme sommet esthétique, In The Mood For Love de Wong Kar-wai. Tout cela finit par donner un film trop lisse, dans lequel les personnages glissent en laissant le spectateur quelque peu sur la touche. Au final, le sujet a priori intéressant s’avère traité de façon maladroite, et ce, également au niveau du montage. Dommage !

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Conclusion

Avec Bends, La réalisatrice de Hong-Kong Flora Lau propose un film qui fait penser à ce qu’on ressent parfois lorsqu’on se rend au restaurant : un menu prometteur, un cadre magnifique, beaucoup de beauté dans les assiettes, mais, au bout du compte, la déception d’un repas un peu fade, quelques crans en dessous des promesses du menu. Et si, gentiment, on souhaitait à Flora Lau beaucoup de difficultés pour réaliser son 2ème film et, au final, un budget plus bas que pour son premier !

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