Critique : Béliers

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Béliers

béliers affiche 1Islande : 2015
Titre original : Hrútar
Réalisateur : Grímur Hákonarson
Scénario : Grímur Hákonarson
Acteurs : Sigurður Sigurjónsson, Theodór Júlíusson, Charlotte Bøving
Distribution : ARP Sélection
Durée : 1h33
Genre : Drame, Comédie
Date de sortie : 9 décembre 2015


Note : 3.5/5

Petit pays de 320 000 habitants, l’Islande arrive à produire une dizaine de films par an. Un peu comme si la France produisait 2 000 films chaque année ! Béliers est le deuxième long métrage de fiction de Grímur Hákonarson, jeune réalisateur de 38 ans et ce film a obtenu le Prix Un Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes.

 

Synopsis : Dans une vallée isolée d’Islande, deux frères qui ne se parlent plus depuis quarante ans vont devoir s’unir pour sauver ce qu’ils ont de plus précieux : leurs béliers.


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Une véritable catastrophe

Gummi et Kiddi sont frères, ils sont islandais, ils vivent très près l’un de l’autre dans un endroit très isolé, ils élèvent tous les deux des moutons, mais, depuis des années, ils ne se parlent plus. La raison ? On ne fera que la deviner : sans doute le fait que Gummi soit le seul propriétaire de leurs terrains, leur père, manquant de confiance en Kiddi, ayant fait de Gummi son héritier. Leur seul moyen de communication ? Un chien de berger qui passe des messages écrits de l’un à l’autre et de l’autre à l’un. Comme chaque année, les deux frères sont les grands favoris du concours local du meilleur bélier, l’occasion pour eux de s’affronter au travers de ce qui est leur raison de vivre, leurs moutons. Cette année, c’est Kiddi qui a gagné et il va pouvoir savourer une année de fierté. Sauf que, très vite, il s’avère que le bélier lauréat du concours est touché par la tremblante du mouton, une maladie incurable et contagieuse qui attaque le cerveau et la moelle épinière des ovins. Sauf que ce magnifique bélier n’est pas le seul à avoir contracté cette maladie : c’est toute la vallée qui est touchée. Les autorités sanitaires sont formelles : il faut abattre l’ensemble des troupeaux, nettoyer les bergeries, brûler le foin, brûler les enclos. Il faut attendre deux ans avant de pouvoir racheter un troupeau et reprendre l’activité d’élevage. Face à cette catastrophe à la fois affective et économique, ne serait-il pas souhaitable pour Gummi et Kiddi de mettre fin à leur brouille familiale ?

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Un film bien documenté

D’un côté, l’Islande, un pays pour lequel le mouton est depuis longtemps une source de revenus importante et représente, d’une certaine façon, l’esprit islandais. De l’autre côté, l’Islande, un pays dont la population est souvent têtue et indépendante, un pays dans lequel, d’après le réalisateur lui-même, les querelles de voisinage sont fréquentes. Ce réalisateur, Grímur Hákonarson, connaît bien le monde rural par tradition familiale et par le fait qu’il a vécu et travaillé dans cet environnement durant les vacances d’été lorsqu’il était jeune. Tout cela a nourri l’écriture du scénario de Grímur Hákonarson et il a choisi de faire de Béliers une tragi-comédie baignant dans cette forme d‘humour noir qu’on retrouve dans les pays nordiques, en particulier dans leur cinéma.

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Laquelle préférez vous ?

Béliers pourra être considéré par certains (les « humoristes » démagogues ou poujadistes, par exemple) comme un de ces films destinés au public d’Arte ou mis en avant par des festivals élitistes aux goûts (quelle horreur!) intellos. Tant pis pour eux ! En fait, Grímur Hákonarson nous propose un film dans lequel on ne s’ennuie jamais sur un monde qui est en train de disparaître et qui est étranger à la plupart d’entre nous. Son histoire, il la raconte en utilisant souvent, de façon très intelligente, des plans séquence qui ont toujours la bonne durée, l’action se mettant à rebondir au moment précis où on pense qu’il ne va plus rien se passer. Sigurður Sigurjónsson et Theodór Júlíusson, qui jouent Gummi et Kiddi, sont des acteurs de cinéma et de télévision très réputés en Islande et ils ont suivi une formation poussée leur permettant d’être très crédibles dans leurs rôles d’éleveurs de moutons. En fait, il y a deux façons cinématographiques de se dépayser : aller voir un blockbuster avec moult effets spéciaux ; aller voir un film comme Béliers et se plonger dans un monde authentique mais qu’on ne connaît pas. Laquelle préférez vous ?


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Conclusion

Le premier long métrage de fiction du réalisateur islandais Grímur Hákonarson n’avait pas eu droit à une sortie dans les salles hexagonales. Grâce à Un Certain Regard, le deuxième, Béliers, arrive sur nos écrans. Une bonne occasion de faire connaissance avec un réalisateur prometteur et de s’intéresser à un monde en train de disparaitre, un monde dont les problèmes, même s’ils sont différents de ceux que connaissent la plupart d’entre nous, s’avèrent passionnants à suivre lorsqu’ils sont bien traités.

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