Critique : Barry Seal : American Traffic

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Barry Seal : American Traffic

Etats-Unis, 2017
Titre original : American made
Réalisateur : Doug Liman
Scénario : Gary Spinelli
Acteurs : Tom Cruise, Sarah Wright, Domhnall Gleeson
Distribution : Universal Pictures International France
Durée : 1h55
Genre : Biopic, Thriller
Date de sortie : 13 septembre 2017

Note : 3/5

Doug Liman, le réalisateur de La Mémoire dans la Peau et du récent Edge of Tomorrow refait appel à Tom Cruise pour les besoins de son nouveau film, un biopic qui raconte l’histoire d’un pilote de ligne, Barry Seal, contraint de travailler pour la CIA. Exploité par les instances américaines, il va se faire de l’argent avec le trafic de drogue de Pablo Escobar. Arnaqueur de génie, Barry Seal s’est bien moqué de son gouvernement… sous son nez.

Synopsis : L’histoire vraie de Barry Seal, un pilote arnaqueur recruté de manière inattendue par la CIA afin de mener à bien l’une des plus grosses opérations secrètes de l’histoire des Etats-Unis.

Une mise en scène décomplexée, mais pas si inventive

Généralement les biopics préfèrent user d’un ton très solennel, voire très sérieux. Souvent d’essence dramatique, les histoires racontées prennent une tournure professionnelle, moralisatrice et documentée. Doug Liman a préféré une approche plus divertissante. Dans un ton qui rappelle parfois War Dogs, Doug Liman cherche à mettre en avant une mise en scène vive et décomplexée, quelque part entre le cinéma de Guy Ritchie et le montage de Steven Soderbergh sur la saga des Ocean’s. Le découpage est donc vif, la caméra sans arrêt en mouvement, et Tom Cruise s’amuse dans son rôle de winner beau parleur chanceux. On ne saura jamais si Barry Seal ressemblait à ça, car c’est d’avantage Tom Cruise qui apparaît à l’écran, plus que le personnage qu’il campe. La star hollywoodienne tient le film sur ses épaules et s’en approprie le mérite. Finalement cette approche n’a pas que des défauts et tire un trait sur les biopics scolaires. Pour autant la mise en scène peine à trouver une identité réelle, existant essentiellement dans l’ombre de ses aînés. La caméra de Doug Liman n’est pas si inventive que cela, la virtuosité de la mise en scène, relativement commune, étant un leurre.

Une arnaque renversante

L’intérêt premier de Barry Seal : American Traffic réside dans son histoire totalement hallucinante. Honoré par la mention « ceci est une histoire vraie » le long métrage met en avant une arnaque renversante et démontre comment un individu seul peut s’affranchir de son pays et de son gouvernement pour faire fortune. Le personnage de Barry Seal est attachant et gagne sa croûte sur le dos de son gouvernement. Un Robin des bois qui garde tout pour lui en somme. Sans prendre en compte les conséquences morales, Barry Seal ne pense qu’à s’en mettre plein les poches.

Bien évidemment on ne leurre pas Oncle Sam aussi facilement. Et c’est là que le film prend tout son sens et devient une critique acerbe du pouvoir de l’époque et plus généralement de l’Amérique triomphante. Doug Liman met en avant la manière dont le gouvernement de son pays joue avec la vie de ses agents et profite des situations géopolitiques pour se faire du bénéfice. Ventes d’armes, accords douteux, etc… Le cinéaste veut démontrer à travers cette histoire que les États Unis ne se font pas arnaquer de la sorte, et que ce qu’ils se permettent n’est pas acceptable pour un individu isolé. Le grain de sable dans le système doit être nettoyé et ce, même si l’individu en question a été un employé de la CIA. Chaque homme est un pantin au service de l’Amérique, et ce qu’elle donne, elle le reprend aussitôt, à la première opposition.

Conclusion

Une adaptation de faits réels et dramatiques, divertissante et rythmée, portée par le charisme de Tom Cruise qui ne parvient néanmoins pas à cacher la dimension un rien académique du projet, heureusement tempérée par l’approche plus légère imaginée par Doug Liman dans le monde très sérieux des biopics.

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