Critique : Bad Boy Bubby

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3d-bad_boy_bubby_br.0Bad Boy Bubby

Australie, 1993
Titre original : –
Réalisateur : Rolf de Heer
Scénario : Rolf de Heer
Acteurs : Nicholas Hope, Claire Benito
Distribution : Roadshow Entertainment
Durée : 1h54
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie Blu-ray : 9 mai 2016

Note : 4,5/5

Bad Boy Bubby. Un titre intriguant, accompagné par la photo d’un acteur ayant des faux-airs de Jack Nicholson. Une ressortie en salle 22 ans après la sortie d’origine, sans raison particulière. Voilà à peu près ce je savais du film avant d’aller le voir. Près de six mois après l’avoir découvert, Bad Boy Bubby est toujours dans un coin de mon esprit. Il sort, pour la première fois en France, en Blu-Ray le 9 mai prochain.

Synopsis : Dans ce qui ressemble plus à une cave qu’un appartement, un homme d’une trentaine d’année est rasé, lavé et nourri par sa mère, puis joue avec un chat lui-même enfermé dans une cage exiguë. Bubby a trente-cinq ans, mais ne connaît pas l’extérieur : selon sa mère, qui le maltraite tant physiquement que psychologiquement, l’extérieur est irrespirable, et elle seule peut sortir avec son masque à gaz …

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Comme le spectateur à ce moment là, Bubby n’a pas de repères, il vit hors du temps. D’ailleurs, depuis combien de temps le film a-t-il commencé ? 10min ? 20min ? Impossible de le dire. Les images qui se succèdent sont aussi passionnantes que dérangeantes.

L’arrivée d’un nouveau personnage et un chat étouffé dans du papier alimentaire plus tard, Bubby sort de chez lui. Dehors, l’air n’est peut être pas empoisonné mais l’atmosphère est lourde : chaque coin de rue semble abriter une nouvelle menace. À partir de ce moment, le film prend une tournure nouvelle : on passe d’une pièce dont on connaît maintenant tous les repères à l’inconnu total, tout en restant enfermé dans la tête de cet adulte n’ayant pas grandi, ou plutôt n’ayant pas pu grandir.

Commence alors un voyage initiatique peu commun, qui jamais n’incrimine les mauvaises actions de son protagoniste, mais plutôt la société qui en est à l’origine. S’en suivront de nombreuses rencontres, souvent mémorables, avec des personnes aux profils variés, jamais clichés, échantillons d’une humanité imprévisible. Bubby lui s’affirme, certes, mais ne perd jamais cette poésie propre aux enfants.

Au générique de fin, trente-deux chefs opérateurs sont crédités. Trente-deux « cinematographers » qui ont travaillé sur le film, tourné pendant de nombreux week-end. Tel ces dizaines de directeurs de la photographie, le spectateur passe d’un état émotionnel à l’autre, sans jamais sortir de cette ambiance unique, entre malaise et émerveillement. Nicholas Hope, dans ce rôle d’innocent découvrant le monde, est lui aussi parfait dans ce qui est son premier rôle, pour lequel il sera d’ailleurs récompensé à la Mostra de Venise.

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Conclusion

Bad Boy Bubby offre un regard singulier sur le monde qui nous entoure, et fait partie de ces expériences cinématographiques qui marquent l’esprit. Qu’il vous plaise ou non, ce qu’on pourrait qualifier de relecture australienne (et déviante) du Candide de Voltaire est un film à découvrir le plus vite possible.

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