Avatar
États-Unis : 2009
Titre original : –
Réalisation : James Cameron
Scénario : James Cameron
Acteurs : Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver
Distribution : Twentieth Century Fox France
Durée : 2h42
Genre : Science-Fiction, Aventure
Date de sortie : 16 décembre 2009
Note : 4/5
Onze ans se sont écoulés entre le succès de Titanic et la sortie d’Avatar, le film suivant de James Cameron. Avatar, il en avait écrit un premier jet en 1994, et prévoyait de tourner son ambitieuse odyssée de l’espace après avoir terminé Titanic. Mais la technologie n’était pas prête. Alors James Cameron s’est éloigné d’Hollywood pendant une dizaine d’années, pour explorer et perfectionner l’équipement de caméra 3D, les systèmes de capture de mouvement et les logiciels de CGI nécessaires pour donner vie à sa vision de l’univers du film. Le tournage commence enfin en 2007 et, à ce moment-là, le buzz sur Internet est assourdissant. Les initiés de l’industrie commencent à affirmer qu’Avatar ne ressemblera à rien de connu, qu’il marquera le début d’une nouvelle ère dans la réalisation de films numériques. Une révolution technologique. Il faut dire que James Cameron est un peu coutumier des révolutions technologiques, remember Abyss et Terminator 2. Alors, esbroufe visuelle ou nouveau film culte ? La réponse en critique.
Malgré sa paralysie, Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, est resté un combattant au plus profond de son être. Il est recruté pour se rendre à des années-lumière de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre. Parce que l’atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont créé le Programme Avatar, qui permet à des » pilotes » humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survivre dans cette atmosphère létale. Ces avatars sont des hybrides créés génétiquement en croisant l’ADN humain avec celui des Na’vi, les autochtones de Pandora. Sous sa forme d’avatar, Jake peut de nouveau marcher. On lui confie une mission d’infiltration auprès des Na’vi, devenus un obstacle trop conséquent à l’exploitation du précieux minerai. Mais tout va changer lorsque Neytiri, une très belle Na’vi, sauve la vie de Jake…
Visuellement bluffant, scénaristiquement classique
Pour un film comme Avatar, il est important de dissocier le fond de la forme. La forme est en effet tellement hallucinante qu’il faut prendre le temps d’analyser l’histoire à part. Visuellement donc, que dire d’Avatar si ce n’est que la révolution attendue est effectivement là : les effets visuels atteignent un tel degré de perfection que cet univers s’impose sous nos yeux comme étant complètement réel, tellement il y a une précision minutieuse aux détails. Les Na’vi entièrement numériques représentent une avancée tangible en matière de motion capture, à mille lieues des créations primitives de ses prédécesseurs en la matière. Au début du film, on a un peu de mal à ne pas y voir des créatures numériques, artificielles. Puis, au fur et à mesure et presque imperceptiblement, l’artifice cède la place à l’acceptation. En cela, la 3D apporte vraiment beaucoup, offrant une perspective et une profondeur de champ hallucinante : on a le vertige en hauteur, on chasse les insectes de notre main dans la jungle de Pandora, et on a l’impression de vivre l’action de l’intérieur. L’immersion est totale. Les petits gars de chez Weta ont bossé dur et ça se voit. Visuellement donc, on passe 2h42 absolument incroyables. Les années passées à peaufiner la technologie ont porté leurs fruits d’une manière que même James Cameron n’aurait peut-être pu lui-même envisager. Il a créé un monde de science-fiction d’une étonnante biodiversité, avec des surprises qui attendent dans presque chaque image, sous la forme d’une faune et d’une flore bizarre et souvent en colère.
Sur le fond maintenant, c’est là que peut-être pourra pointer une légère déception – une déception certes relative tant l’immersion au cœur du spectacle est grandiose, mais qui nous laisse tout de même un peu sur notre faim. L’histoire est moins originale qu’attendue, on retrouve par exemple beaucoup d’éléments narratifs tirés de films tels que Le Dernier des Mohicans, Danse avec les Loups ou même Pocahontas – et ce ne sont pas de petites références – le tout étant relevé à la sauce SF. Le film est certes une grande fresque épique, mais les tenants et aboutissants sont éculés, on est clairement en terrain connu. Ainsi, Le Nouveau Monde de Terrence Malick raconte en substance la même histoire qu’Avatar – une histoire de colonisation, de déplacement, d’assimilation et de choc des cultures. Mais là où Malick prenait son sujet à bras le corps avec une subtilité émotionnelle et une grâce narrative absolument remarquables, James Cameron quant à lui se contente simplement de jeter encore un peu plus d’argent à l’écran, et de s’arrêter là. Bien sûr, les deux films n’ont pas le même objectif – l’un est une réflexion sur l’Histoire s’imposant comme une puissante métaphore artistique, l’autre un Blockbuster familial qui se présente avant tout comme une fable écologique sur la Terre. Cependant, les innovations technologiques semblent avoir pesé lourdement sur le scénario d’Avatar, au point d’enterrer son âme sous le déluge d’effets spéciaux et de grand spectacle. Comme si le seul objectif de James Cameron était au final que chaque scène soit plus grandiose et visuellement plus époustouflante que la précédente.
Autre petite ombre au tableau, la musique du pourtant très doué James Horner, malheureusement trop effacée et sans grand thème notable.
Une ressortie en Imax 3D
Avatar s’est même permis une ressortie en salle, presque un an après sa sortie originale. Pour cette reprise en grande pompe, le film s’est offert neuf minutes supplémentaires, l’occasion de revoir Avatar et d’en ressaisir toute la beauté, dans l’impressionnant format IMAX 3D s’il vous plaît ! En soi, il est évident que les producteurs ne le ressortent pas pour un intérêt artistique quelconque, mais bien pour s’en mettre plein les fouilles – c’est bien d’argent, nerf de la guerre, dont il est question ! D’autant plus que si peu de minutes rajoutées sont noyées dans la masse des 2h42 préexistantes, et qu’à moins d’être un gros débile de geek qui connait tout le film par cœur, personne ne saura les repérer. Ah, on me dit à l’oreillette que bien sûr, on a évidemment remarqué de plus amples explications dans les dialogues, des plans rallongés, une scène de chasse incroyable, la fameuse scène de sexe version longue, et la mort de Tsu’Tey. Donc certes il ne fût pas essentiel de repasser par la case ciné, mais pour tous ceux qui étaient passés à côté en décembre 2009 (si si, il y en a) et pour tous les fans un peu moutons, cette ressortie fut probablement l’occasion idéale pour se replonger avec délice et émerveillement dans le monde fantastique de Pandora.
Résumé
Avatar est, sans aucun doute, un bond en avant dans la technologie de la Motion Capture, doublé d’un chef d’œuvre d’inventivité visuelle, qui prouvera à ceux qui en doutaient que James Cameron est un vrai technicien cherchant toujours à se dépasser, et un véritable créateur d’univers. On pourra cependant regretter un récit un peu trop prévisible, mélange de diverses allégories anticolonialistes, peuplé de personnages qui parlent comme des stéréotypes de stéréotypes et qui tendent à amoindrir l’impact de son message écolo et bien intentionné.
Je suis d’accord avec toi concernant le graphisme, rien à redire mais le scénario est vraiment trop simpliste et m’a totalement gâché le film.
Avatar n’a pas été la révolution tant attendue pour ma part et reste une grosse déception qui me conforte dans mon idée que Cameron sait mettre en scène d’énorme film aux budget colossaux mais qu’il lui manque une âme d’artiste.