American Sniper
Etats-Unis, 2014
Titre original : –
Réalisateur : Clint Eastwood
Scénario : Jason Dean Hall, d’après l’oeuvre de Chris Kyle, Scott McEwen et Jim DeFelice
Acteurs : Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes
Distribution : Warner Bros France
Durée : 2h12
Genre : Biopic, Guerre
Date de sortie : 18 février 2015
Note : 1/5
Alors qu’on pensait finie la vague de films post 11 septembre, Clint Eastwood s’attaque à nouveau au sujet à travers le parcours du «plus grand sniper de l’histoire (américaine)». Entendez par-là, le plus efficace.
Synopsis : Tireur d’élite des Navy SEAL, Chris Kyle est envoyé en Irak dans un seul but : protéger ses camarades. Sa précision chirurgicale sauve d’innombrables vies humaines sur le champ de bataille et, tandis que les récits de ses exploits se multiplient, il décroche le surnom de « La Légende ». Cependant, sa réputation se propage au-delà des lignes ennemies, si bien que sa tête est mise à prix et qu’il devient une cible privilégiée des insurgés. Malgré le danger, et l’angoisse dans laquelle vit sa famille, Chris participe à quatre batailles décisives parmi les plus terribles de la guerre en Irak, s’imposant ainsi comme l’incarnation vivante de la devise des SEAL : « Pas de quartier ! » Mais en rentrant au pays, Chris prend conscience qu’il ne parvient pas à retrouver une vie normale.
Un classicisme soporifique
Quelques semaines avant la sortie du film, la bande-annonce projetée en salle avait fait saliver de nombreux spectateurs. Deux minutes qui nous projetaient au sein d’une escouade, une montée de tension progressive, et un final en suspension qui nous laissait complètement pantois.
Au final, quasiment plus de tension dans le produit fini. Incompréhensible. Les scènes de combats sont correctement emballées, mais le montage ne parvient pas à recréer cette poussée d’adrénaline qui donnait toute sa puissance au trailer. Le comble étant atteint lors de l’affrontement final, composé de pauvres champs/contre-champs, qui permettent certes une lisibilité parfaite de l’action, mais qui peinent à insuffler une véritable énergie. Et c’est sûrement là que ce trouve le premier problème majeur du film : sa mise en scène ultra-classique.
Oui, Eastwood s’est parfaitement centré sur son personnage qui ressort dans presque chaque scène (par ses dialogues ou sa place dans le cadre), mais au détriment de ce qui se passe autour. On s’identifie alors très bien au personnage principal, mais il est plus difficile de ressentir le chaos autour de lui, ce qu’avait infiniment mieux réussi Sam Mendes dans Jarhead où il suivait lui aussi le parcours d’un engagé. La mise en scène ne prend que trop peu compte de l’environnement extérieur du personnage. Il s’agit plus d’une biographie que d’un film sur la guerre mais un individu n’existe pas pour lui-même, il s’inscrit dans un contexte. Un dernier mot technique sur l’utilisation hideuse d’effets numériques obsolètes (la plaie de notre siècle). Ces derniers ne sont jamais à la hauteur, pour une justification très limitée. Les scènes auraient certes perdues des plans très larges de situation (pas foncièrement utile au découpage), mais le film y aurait gagné en perdant le spectateur dans les méandres de la guérilla urbaine. Un aspect qui était magnifiquement maîtrisé dans La chute du faucon noir par Ridley Scott.
Stars and Stripes
Au-delà de l’aspect cinématographique limité qui aurait pu faire du film une œuvre moyenne mais honnête, c’est le message ultra-nationaliste qui met mal à l’aise. Au bout de vingt minutes de film, la machine est lancée. Le héros grandit au chant de patrie, famille et religion. De plus, ses futurs excès de violence (sur ou en dehors du champ de bataille) sont déjà justifiés grâce à un magnifique discours paternel sur la violence pour résoudre les conflits. C’est donc ses qualités de «justicier» que Bradley Cooper va pouvoir mettre au service de la patrie. Clint Eastwood nous fait rentrer dans le vif du sujet, à travers les sempiternelles vidéos des attentats du 11 septembre, auxquelles succède quasi immédiatement l’intervention armée. Non, pas de place ici pour la réflexion ou une ouverture au débat sur les justifications de l’engagement américain. L’Amérique est attaquée, il faut alors aussitôt contre-attaquer. On a rarement vu aussi bas du front comme justification d’un conflit armé.
Le reste ne sera qu’un défilé de clichés patriotiques, où jamais un contre-point ne sera placé pour permettre d’éviter le côté film de propagande. Peut-on citer Sienna Miller, qui, la pauvre, ne fait pas grand chose dans son rôle de femme de foyer, si ce n’est pleurer et maudire son mari ?
Alors oui, le réalisateur octogénaire tente de placer ci et là quelques oppositions au message général de son film. Il nous montre certaines horreurs du conflits, ainsi que les traumatismes du héros lors de son retour au pays. Oui mais voilà, tout cela est à peine esquissé. On n’a jamais l’impression que cette guerre est horrible et injustifiée. On n’a jamais l’impression que Bradley Cooper souffre réellement de stress post-traumatique. D’ailleurs, lorsqu’il peut aider des blessés de guerre, scène qui aurait pu nous faire vomir la guerre et ce qu’elle détruit chez l’homme, Eastwood préfère montrer des soldats toujours aussi motivés à l’idée de tuer de l’Oriental. D’où ce désagréable sentiment que le réalisateur nous a montré une partie de la face cachée de la guerre pour nuancer un peu son message, mais qu’au final, cette putain de guerre, c’est quand même une cause juste.
Conclusion
Au bout des deux heures de projection on sort lessivé de la salle. D’un point de vue cinématoraphique, malgré des ratés et une mise en scène poussive, le film n’est pas infâme, on a vu bien pire. Mais ces erreurs, combinées au message propagandiste et justificatif du film, nous laisse un goût très amer dans la bouche. Un exemple écrasant du soft power américain, qui a du mal à passer en 2015.
Quand vous écrivez des critiques, vous reformulez celles trouvées sur d’autres sites ou alors vous regardez vraiment les films ?
A la lecture de cette critique et ayant vu le film je pense que vous n’avez pas compris le message et allez loin en parlant d’erreurs.