Comme des frères
France : 2011
Titre original : –
Réalisateur : Hugo Gélin
Scénario : Hugo Gélin, Romain Protat, Hervé Mimran
Acteurs : François-Xavier Demaison, Nicolas Duvauchelle, Pierre Niney
Distribution : Stone Angels
Durée : 1h44
Genre : Comédie
Date de sortie : 21 novembre 2012
Globale : [rating:3][five-star-rating]
Road movie à travers la France et buddy movie intergénérationnel, ce premier long-métrage d’Hugo Gélin (fils de Xavier Gélin) promet quelques beaux moments, surtout quand on sait que Nicolas Duvauchelle, François-Xavier Demaison et Pierre Niney sont au volant. Encore faut-il que l’histoire tienne la route…
Synopsis : Depuis que Charlie n’est plus là, la vie de Boris, Elie et Maxime a volé en éclats. Ces trois hommes que tout sépare avaient pour Charlie un amour singulier. Elle était leur sœur, la femme de leur vie ou leur pote, c’était selon. Sauf que Charlie est morte et que ça, ni Boris, homme d’affaires accompli, ni Elie, scénariste noctambule et ni Maxime, 20 ans toujours dans les jupes de maman, ne savent comment y faire face. Mais parce qu’elle le leur avait demandé, ils décident sur un coup de tête de faire ce voyage ensemble, direction la Corse et cette maison que Charlie aimait tant. Seulement voilà, 900 kilomètres coincés dans une voiture quand on a pour seul point commun un attachement pour la même femme, c’est long… Boris, Elie et Maxime, trois hommes, trois générations, zéro affinité sur le papier, mais à l’arrivée, la certitude que Charlie a changé leur vie pour toujours.
La perte d’une amie, la naissance d’une amitié.
Comme des frères s’ouvre sur une note bien sombre pour une comédie, avec l’enterrement de Charlie (Mélanie Thierry), amie de toujours de Boris, Elie et Maxime. Ces trois hommes aussi différents les uns que les autres prennent la route, à l’improviste, sans même avoir pris le temps de faire leurs valises ou d’annuler des rendez-vous, afin de satisfaire la dernière volonté de Charlie : qu’ils se rendent dans sa maison en Corse comme ils l’avaient planifié tous les quatre avant sa mort.
Tout au long de la route leur amitié se construit et se déconstruit grâce à des flashbacks qui remontent progressivement à la genèse de cette histoire à savoir la première rencontre des trois hommes. Ces retours en arrière viennent ponctuer le film, comme des souvenirs qui rejaillissent et laissent entrevoir en pointillés la relation spéciale que chacun d’entre eux entretenait avec la belle blonde. Elle aura été la femme idéale, la confidente, la soeur voire la mère. Bien que ces scènes se focalisent sur les moments où les trois hommes se retrouvent autour de Charlie et sur l’évolution de la maladie de cette dernière, Hugo Gélin offre à chaque personnage un moment d’intimité avec elle, un moment tendre qui laisse entrevoir leurs failles; des failles que ce voyage va combler, en leur permettant de franchir des étapes importantes de leur vie, toutes plus ou moins liées à leur vie amoureuse. Filmés de manière un peu brute, ces moments semblent être pris sur le vif et laissent transparaître beaucoup de nostalgie et d’émotion, tout en mettant en scène Mélanie Thierry dans un rôle plein de maturité et de simplicité qui lui sied à merveille.
En se mettant en route, ces trois hommes vont rendre un dernier hommage à leur amie mais également faire l’expérience chacun à leur manière du lourd travail de deuil. Bien que certains passages semblent quelque peu convenus, on pardonne aisément ces quelques défauts à Hugo Gélin, qui ne se tire pas trop mal de ce sujet piège où la lourdeur du thème, doublée d’un manque de sincérité, aurait facilement pu plomber son film. Heureusement, Comme des frères ne tombe pas dans ces écueils et fonctionne malgré quelques clichés.
Une comédie en demi-teinte, mais une comédie quand même.
Il est vrai que Comme des frères est un film traitant du deuil et de la perte d’un être cher, mais ne nous y méprenons pas, c’est une comédie avant tout. Une comédie plutôt bien écrite qui plus est. En s’inspirant de sa propre expérience, Hugo Gélin a créé des personnages aux personnalités très travaillées sous fond de conflit de générations. Ce décalage entre les trois hommes se ressent dès le début et offre quelques scènes comiques avant de se muer en une vraie amitié où les différences d’âges et d’expériences s’effacent. De leurs petites manies à leur caractère, rien n’a été laissé au hasard et les trois acteurs sont bluffants de naturel, portés par un texte bien écrit, enchaînant les répliques qui font mouche et les situations cocasses. Cependant, c’est Pierre Niney (le plus jeune comédien à être entré à l’Académie française) qui crève littéralement l’écran avec sa gueule d’ange et son air innocent de monsieur-je-sais-tout. Une interprétation sans faute pour le jeune homme qui devient l’un des principaux éléments comiques du film.
Leur périple de Paris à la Corse en passant par l’Auvergne est habilement mené et une bonne dose de dérision et d’ironie empêche le film de tomber totalement dans le piège de scènes prévisibles et banales. En effet, le reproche que l’on pourrait faire au film est d’être au final légèrement cousu de fil blanc mais qu’importe, car on retrouve dans ce film une vraie sincérité, une énergie débordante, et une simplicité touchante. Enfin, pour mettre en musique cette aventure, Hugo Gélin a fait appel au groupe Revolver, un choix qui ne fera peut-être pas l’unanimité, mais qui somme toute colle bien à l’atmosphère de cette histoire.
Résumé
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