Sorti ce mercredi, Alien Covenant ne fait pas l’unanimité. La dernière oeuvre de Ridley Scott, revenu à ses premières amours, recèle quelques moments horrifiques savoureux, mais demeure inégale.
Numéro 8 : Alien VS Predator – Requiem
Suite de Alien VS Predator, le film de Colin Strause et Greg Strause, sorti en 2007, parvient à être encore plus navrant que l’original. Pourtant le parti prix de ramener les xénomorphes et les predators sur Terre n’était pas une mauvaise idée en soit. Les confronter dans un univers connu et sécuritaire pouvait être un élément horrifique supplémentaire. A la manière du T-Rex dans Jurassic Park 2 – Le Monde Perdu, cet effet peut fonctionner. Malheureusement Alien VS Predator Requiem ne transpose aucune peur, aucune crainte, aucun ressort horrifique. Les situations sont classiques, les personnages caricaturaux et les combats entre ces deux monstres sacrés du cinéma restent définitivement sans intérêts. Dommage.
Numéro 7 : Alien VS Predator
En 2004, Paul WS Anderson, le détesté réalisateur de Max Payne ou de la saga Resident Evil, se lance dans la confrontation entre deux personnages historiques de la science-fiction américaine. Une bonne idée sur le papier que de confronter ces deux personnages, mais le traitement complètement bâclé de WS Anderson ne permet pas de donner une quelconque épaisseur à cette histoire grotesque. Le xénomorphe perd tout son ressort horrifique et devient de la chair à canon pour les prédators. Au milieu de tout ça, une bande d’humains perdus et idiots, pris entre deux feux, tentent de survivre. Les combats auraient dû être une démonstration de violence, une confrontation de titans, mais est gâchée par les tribulations lassantes du groupe d’humains et par des chorégraphies pas franchement renversantes. Un divertissement très calibré certes mais passablement bâclé.
Numéro 6 : Alien 4 – La Résurrection
Sorti en 1997, ce quatrième et dernier opus porté par Sigourney Weaver est réalisé par le français Jean-Pierre Jeunet, accompagné de Ron Perlman et Dominique Pinon (l’acteur fétiche du cinéaste). Ce quatrième épisode de la saga demeure le moins apprécié par les fans (outre les crossover avec les predators). Il est vrai que Alien 4 souffre de quelques défauts majeurs : des effets spéciaux obsolètes, des personnages vides, des enjeux grotesques et une utilisation abusive du xénomorphe. Comme pour les crossovers, le xénomorphe perd son potentiel de peur, son ressort horrifique, à cause d’une utilisation plus tournée vers l’action que vers l’épouvante.
Pour autant Jean-Pierre Jeunet tente une autre approche et essaye de renouveler la saga. Il ouvre un arc tourné vers la manipulation génétique, vers la création humaine, la transformation, le clonage et le mélange des espèces. Ce ressort scénaristique ouvre tout un pan philosophique tourné sur la toute puissance de l’Homme, sur sa persévérance à se prendre pour Dieu et créer des abominations issues des cultissimes xénomorphes. Une idée scénaristique employée dans le dernier opus de la saga, Ridley Scott s’étant appuyé sur la vision intéressante de Jeunet dans Alien Covenant. Malheureusement la conclusion de Alien La Résurrection pêche par un cruel manque de crédibilité et d’imagination.
Numéro 5 – Prometheus
En 2012, près de 33 ans après Alien, Ridley Scott se réapproprie les reines de sa saga chérie. Mais le cinéaste prend une tournure inattendue : pas de xénomorphe à l’écran et une time line précédent le premier film. Porté par Noomi Rapace et Michael Fassbender, Prometheus est un film ambitieux mais bancal. Scott prend du recul sur la mythologie Alien et décide de l’agrandir au possible et surtout de répondre à de grandes questions propres à la saga : qui est le Space Jokey ? D’où viennent les aliens ? Quelles sont les origines de l’humanité ? De vastes questions existentielles qui resteront sans réponse.
L’intrigue passionnante de Prometheus et la corrélation avec ses questionnements sont diluées dans des situations attendues et bâclées. Ici une tempête de sable ratée, là un personnage en mode zombie, et encore ici un donuts géant qui écrase Charlize Theron. Les exemples sont nombreux et ont été longuement mis en avant par les détracteurs du film. Pour autant Prometheus réserve quelques scènes horrifiques de grandes volées (cf la césarienne) et propose une vision novatrice à la saga. De nouveaux personnages intéressants sont insérés, dénommés les Ingénieurs, ils sont la réponse au Space Jokey, et censé être un premier point quant à la création de l’Homme et du xénomorphe. L’étendue philosophique est abyssale mais souvent délaissée : la place de l’intelligence artificielle, la place des aliens, la religion et la science. Finalement Prometheus est un film au potentiel sans limite, amoindri par un formatage usuel détestable malgré une esthétique renversante, propre au cinéma de Scott.
Numéro 4 : Alien Covenant
Sorti ce mercredi Alien Covenant devait être normalement la suite directe de Prometheus. Mais lorsque Neil Blombkamp a été affilié à un Alien 5, Ridley Scott est revenu avec ses gros sabots pour reprendre le contrôle de la saga. Ainsi, Alien Covenant est donc une connexion à Prometheus et à Alien le huitième passager. Ridley Scott avait promis un film âpre et terriblement violent, où les xénomorphes seraient de retour sur le devant de la scène. Alien Covenant est certes beaucoup plus gore que tout ce qui a pu être fait, néanmoins, Scott utilise ses xénomorphes comme prédateurs et non comme ressort d’épouvante. Dans le premier opus la présence, et surtout l’absence du monstre, étaient terriblement pesantes, ici la créature devient une bête assoiffée de sang. Finalement la peur n’est pas tant présente que cela, mais le xénomorphe est très impressionnant et réserve quelques passages épouvantables, véritable représentation cauchemardesque, à l’image de sa première apparition absolument mémorable.
Scott incorpore une nouvelle évolution aux xénomorphes, plus humanoïde, plus ambiguë, mais toujours aussi fascinante. Il approfondit également le personnage de David, toujours interprété par Fassbender. Un personnage passionnant, proche du xénomorphe. Une création de l’humanité qui sort de ses gongs et veut se rebeller contre son créateur, à l’image de la créature. Un personnage vicieux et pervers, prêt à tout pour arriver à ses fins. Pour autant Ridley Scott abandonne totalement le prisme émit par Prometheus sur les Ingénieurs, qu’il expédie rapidement dans les abîmes, sans réellement leur porter attention. Finalement Alien Covenant est un divertissement efficace, parfois étonnant dans ses choix, mais qui reste le brouillon d’un chef d’oeuvre que nous ne verrons jamais.
Numéro 3 : Aliens le Retour
En 1986 James Cameron signe la première suite au chef d’oeuvre de Ridley Scott en changeant totalement le style d’écriture et de réalisation. Le réalisateur de Terminator a préféré se lancer dans un registre qui lorgne d’avantage vers le blockbuster que vers l’épouvante. James Cameron est généreux sur la présence des xénomorphes, il en incorpore énormément et les confronte à des militaires. Cette fois les humains ont de véritables armes pour se défendre face à une horde d’aliens. Il introduit également la présence de la reine xénomorphe, qu’il confrontera face à Ripley dans un exosquelette qui n’est pas s’en rappeler le combat final de Avatar. Aliens le Retour est rythmé, relativement fun et s’éloigne de l’identité du premier film.
Numéro 2 : Alien 3
En 1992 David Fincher signait son tout premier long métrage Alien 3. Avant la double consécration avec Seven et Fight Club, le jeune cinéaste a rencontré quelques difficultés avec son premier projet. Dépassement de budget, contrainte avec la production, film non livré dans les temps, tournage chaotique, etc… Alien 3 est considéré par beaucoup, dont Ridley Scott, comme le pire film de la saga. Pourtant ce premier film de David Fincher s’apparente comme un hommage en bonne et due forme à l’œuvre fédératrice de Sir Scott. Remake officieux du premier film, Alien 3 reprend les codes et l’ambiance du premier film. Dans une prison interstellaire, Ellen Ripley se confronte à une horde de malfrats et à un xenomorphe. Retour aux fondamentaux, un seul alien, et la conclusion la plus pessimiste de la saga.
Numéro 1 : Alien le huitième passager
En 1979 Ridley Scott entre dans la légende. Alien le huitième passager est devenu un classique intemporel, une œuvre fédératrice de la science-fiction horrifique. Alien a posé les fondements du genre : une ambiance lente et oppressante, un calme linéaire et hypnotisant, des personnages forts confrontés à leurs pires craintes et une esthétique métallique percutante. Alien est un classique indémodable qui a choqué une génération entière de par son épouvante omniprésente, une approche implicite et une réalisation suggestive. Avec Hans Ruidi Giger, le concepteur de la créature, Ridley Scott a créé un monstre du cinéma, une créature pseudo-humanoïde fascinante issue des pires cauchemars infantiles, possédant des capacités inestimables, une défense indestructible et une résistance à toute épreuve. Surtout une créature aux références sexuelles implicites malsaines et osées. Alien restera éternellement gravé dans l’histoire.
De quoi s’agit-il ? d’un classement ? d’une chronologie ? 🙂