Christophe Honoré, prix Louis-Delluc 2018

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Plaire, aimer et courir vite, «formidable chronique des occasions ratées à cause des choix pas toujours concluants qui ponctuent la vie de chacun, avant qu’on ne se rende compte de cette existence parallèle, plus proche du fantasme, où nos rêves romantiques seraient devenus réalité» (selon les mots de notre rédacteur Tobias Dunschen dans sa critique) est donc le lauréat 2018 du prestigieux prix Louis-Delluc créé en 1937 et présidé par Gilles Jacob.

Le successeur de Barbara de Mathieu Amalric n’est pas le premier film présenté en compétition à Cannes à recevoir ce trophée considéré comme le Prix Goncourt du cinéma. Ne citons, pour les années récentes que Un prophète de Jacques Audiard (2009), Le Havre d’Aki Kaurismäki (2011), La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche (2013) ou Sils Maria d’Olivier Assayas (2014). D’autres lauréats de ces dernières années sont également passés sur la Croisette : Fatima de Philippe Faucon en 2015 était à la Quinzaine des Réalisateurs et Barbara avait fait l’ouverture de Un Certain regard.

Christophe Honoré s’est réjoui de l’honneur fait à son onzième long-métrage : «Ça me touche énormément. C’est un film qui essaie de proposer un imaginaire sur un temps particulier, les années 1990. Une période où la communauté homosexuelle a dû subir une épreuve tragique. Aujourd’hui encore, on en perçoit les conséquences. De grands artistes, cinéastes, écrivains ont disparu à ce moment-là et ils manquent toujours aujourd’hui [Hervé Guibert ou Jacques Demy, a-t-il cité].

Plaire, aimer et courir vite a été préféré aux films de la première liste annoncée le 25 octobre (La Douleur d’Emmanuel Finkiel ; En liberté de Pierre Salvadori ; Les Frères Sisters de Jacques Audiard ; Le Grand bain de Gilles Lellouche ; High Life de Claire Denis ; Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret ; Mes provinciales de Jean-Paul Civeyrac et La Prière de Cédric Kahn) ainsi qu’à ceux ajoutés le 4 décembre : Amanda de Mikhaël Hers ; Pupille de Jeanne Herry et L’homme fidèle de Louis Garrel.

De bonne augure, espère-t-on pour ce film pour les prochains César, même si victoire au Delluc ne signifie pas nomination et encore moins victoire lors de la grande cérémonie du cinéma français. Ainsi, Une Vie de Stéphane Brizé, lauréat 2017 n’a été nommé que dans la catégorie de la meilleure actrice, Barbara cette année a reçu ceux de la meilleure actrice et du son.

Le Prix Louis-Delluc du premier film a été remis ex-aequo à Jusqu’à la garde de Xavier Legrand (critique) et Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico (critique) qui ont en commun d’avoir été présentés au Festival de Venise en 2017, le premier dans la compétition officielle où il a remporté le prix de la mise en scène, le deuxième dans la section de la Semaine de la critique. Le premier est une charge contre la violence conjugale, mise en scène comme un thriller, le deuxième une fable initiatique formellement magistrale et à la narration surprenante. Les deux œuvres succèdent à Grave de Julia Ducourneau. Ils ont été préférés à Retour à Bollène de Saïd Hamich, Sauvage de Camille Vidal-Naquet et Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin, présents sur la première liste et à L’amour flou de Romane Bohringer et Philippe Rebbot, ajouté la semaine dernière.

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