Charles mort ou vif
Suisse : 1969
Titre original : Charles mort ou vif
Réalisateur : Alain Tanner
Scénario : Alain Tanner
Acteurs : François Simon, Marcel Robert, Marie-Claire Dufour
Distribution : Groupe 5 Geneve
Durée : 1h33
Genre : Drame
Date de sortie : 1969
Globale : [rating:3][five-star-rating]
Chef d’entreprise, Charles De, la cinquantaine, se craquelle sous la vernis de la réussite. Il tombe dans la dépression et dans une scène symbolique, casse ses lunettes « qui l’empêchent de bien voir ».
Synopsis : A l’aube du centième anniversaire de son entreprise, Charles De, brillant homme d’affaires, las de sa vie disparaît dans la nature. Ses seuls complices sont sa fille et un couple qu’il vient de rencontrer. Son fils, ambitieux, le fait rechercher par un détective.
La révolte du héros et celle du cinéaste
Il va fuir alors son usine, sa famille, noue de nouvelles relations avec un jeune couple, et passe désormais sa vie à mitonner des plats pour ses hôtes, à aider aux travaux, à lire et à s’aviner au café du village. Une existence plus vraie pour lui que n’a jamais été sa vie placée sur des rails dès sa jeunesse et faite de contraintes sinon subies en tout cas jamais secouées, une vie où finalement il était comme mort à lui-même.
Charles philosophe, ne fait plus semblant, il ose dire que ses ouvriers étaient mal payés, que son fils n’aime que l’argent, que sa femme ne lui manque pas. Seule sa fille, étudiante contestataire représente encore pour lui ce qu’il n’a pas su être.
Nous sommes au lendemain de 68 et Charles est comme à son tour emporté par la révolte. Mais Alain Tanner n’est pas un cinéaste de l’espoir. Retrouvé par un détective employé par son fils qui veut reprendre l’usine familiale, Charles, devenu Carlo pour ses nouveaux amis, est emmené en clinique psychiatrique par deux infirmiers au comportement de malfrats.
L’audace de la conviction
Alain Tanner dit dans ses interviews qu’il a réalisé deux sortes de films : les films discours et les films poèmes. Ici c’est un film discours, et un film courageux tant son format quasi documentaire, austère, comme tracé à la pointe sèche, à l’image du noir et blanc, sombre, froid comme l’hiver suisse, sombre comme Charles De qui vit comme il le dit « dans du coton une existence sans angoisse et sans espoir » aurait pu paraître difficile s’il n’était aussi sincère.
L’image de Renato Berta pour aussi froide qu’elle soit n’a rien perdu de son authenticité, de sa force, de sa pureté. Elle crie littéralement, parle à nos yeux. Seule aujourd’hui la musique, rare, accuse les ans.
Le film de Tanner est porté de bout en bout par la géniale composition de François Simon, à la fois austère et démesurée. Simon habite le rôle avec une puissance qui 40 après fait encore de ce film non seulement un incontournable du mal-être, de la négation d’une société tourné vers l’argent.
Résumé
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