César doit mourir

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afficheCésar doit mourir

Italie : 2012
Titre original : Cesare Deve Morire
Réalisateur : Paolo Taviani, Vittorio Taviani
Scénario : Paolo Taviani, Vittorio Taviani
Acteurs : Cosimo Rega, Salvatore Striano, Giovanni Arcuri
Distribution : Bellissima Films
Durée : 1h16
Genre : Drame
Date de sortie : 17 octobre 2012

Globale : [rating:2][five-star-rating]

A plus de 80 ans, l’activité des frères Taviani ne se ralentit pas et, 50 ans après leur premier long métrage de fiction, 35 ans après Padre Padrone, Palme d’Or au Festival de Cannes 1977, ils viennent de se voir décerner l’Ours d’Or à Berlin pour leur dernier film, César doit mourir.

Synopsis : Théâtre de la prison de Rebibbia. La représentation de « Jules César » de Shakespeare s’achève sous les applaudissements. Les lumières s’éteignent sur les acteurs redevenus des détenus.  Mais qui sont ces acteurs d’un jour ? Pour quelle faute ont-ils été condamnés et comment ont-ils vécu cette expérience de création artistique en commun ? Inquiétudes, jeu, espérances…
Le film suit l’élaboration de la pièce, depuis les essais et la découverte du texte, jusqu’à la représentation finale.
De retour dans sa cellule, « Cassius », prisonnier depuis de nombreuses années, cherche du regard la caméra et nous dit : « Depuis que j’ai connu l’art, cette cellule est devenue une prison. »

 

troupeLe théâtre dans les prisons en Italie

En à peine plus de 4 mois, le cinéma italien nous a rendu compte dans 2 des plus grands Festivals du monde d’un phénomène qui semble normal de l’autre côté des Alpes mais beaucoup moins chez nous : l’importance prise par le théâtre dans les prisons. Un homme est à l’origine de ce phénomène qui donne des résultats étonnants : le dramaturge et metteur en scène Armando Punzo a commencé à travailler avec des prisonniers il y a près de 25 ans dans la prison de Volterra, près de Pise. C’est d’ailleurs dans cette prison qu’est retenu Aniello Arena, la prodigieuse tête d’affiche de Reality, Grand Prix du Jury au dernier Festival de Cannes. Aujourd’hui, plus de 100 prisons italiennes sur 300 proposent des activités théâtrales et on y joue aussi bien Shakespeare que Brecht et Samuel Beckett.

noir et blanc

La genèse d’une représentation

C’est un film entier que les frères Taviani sont allés tourner dans une prison. En effet, une amie leur ayant parlé de l’émotion qu’elle avait ressentie lors d’une représentation théâtrale dans la prison de Rebibbia, dans la banlieue de Rome, ils se sont rendus dans ce théâtre très particulier un jour où une vingtaine de détenus récitaient La divine comédie de Dante. Parmi ces détenus, des condamnés à perpétuité.  Les Taviani ont alors ressenti le besoin de faire découvrir, grâce à un film, comment la beauté d’un texte peut éclore de ces cellules peuplées d’exclus qui, pour la plupart, n’avaient jamais eu la chance, auparavant, d’avoir accès la culture. Ils ont alors proposé au metteur en scène de ce théâtre très particulier, Fabio Cavalli, de suivre l’élaboration d’un spectacle, en l’occurrence le Jules César de Shakespeare. C’est par la fin d’une représentation de cette pièce que le film commence : applaudissements, les lumières s’éteignent, les détenus retournent dans leurs cellules, les spectateurs retournent vers la liberté. Le film reprend alors le fil chronologique avec une longue séquence sur le choix de la distribution : il est demandé aux postulants d’annoncer leur état-civil de 2 façons différentes, tout d’abord avec tristesse puis avec colère. Dans cette prison qui réunit des détenus venant de diverses régions d’Italie, chaque détenu s’exprime alors dans le dialecte de sa région d’origine. Suivent les répétitions et la représentation, telle qu’on l’a vue au début.

colère

Une certaine frustration

Avec les répétitions tournées en noir et  blanc, avec ses cadrages magnifiques, le film est esthétiquement très beau : un grand bravo à Simone Zampagni, le Directeur de la photographie. Par contre, le spectateur reste sur sa faim quant à ce que ce film, finalement, lui aura apporté. Certes, il a vu l’intérieur d’une prison italienne, il a assisté à des répétitions et à une représentation de scènes d’une pièce de Shakespeare. Mais qu’a-t-il appris sur ces prisonniers, sur les raisons qui les ont menés dans ce quartier de haute sécurité ? Pratiquement rien : juste une courte énumération des peines de chacun des détenus retenus pour jouer dans la pièce de Shakespeare. D’accord, on entend un prisonnier affirmer que « depuis qu’il a connu l’art, sa cellule est devenue une prison ». C’est peu alors qu’on aurait aimé en savoir davantage sur la vie en prison de ces détenus particuliers, en dehors de ces moments consacrés au théâtre ; alors qu’on aurait aimé savoir comment ils voyaient leur avenir à la sortie de prison, si celle-ci, un jour, devait arriver. En fait, alors qu’il ne fait que 76 minutes, le film tel qu’il est paraît long et, curieusement, il aurait certainement paru moins long si les réalisateurs avaient ajouté ces éléments dans leur documentaire / fiction.

Résumé

Malgré (ou à cause de) la prestigieuse récompense obtenue par ce film à Berlin, on est en droit d’être déçu. A la frustration qu’on ressent à la sortie de la projection de connaître davantage Cassius, Brutus et César que les prisonniers de Rebibbia, on peut ajouter le fait que la mise en scène, plutôt sage, des frères Taviani ne peut qu’être défavorablement comparée à l’inventivité qui régnait dans Vous n’avez encore rien vu, le dernier film d’Alain Resnais, leur aîné de près de 10 ans. Également une œuvre  sur une représentation théâtrale insérée dans un film.

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