César 2016 : pronostics victoires

Qui va remporter un César ce vendredi 26 février au Châtelet ? Pronostics et (trop brèves, sorry) analyses des nominations ci-dessous.

Meilleurs film, réalisateur, scénario original et adaptation

Contrairement à d’autres années (comme Timbuktu l’an dernier, Les Garçons et Guillaume à table l’année d’avant ou Un Prophète de Jacques Audiard en 2010), le lauréat ne paraît pas évident cette année. Sur les huit (!) films nommés cette année, cinq peuvent espérer, les chances de Dheepan de Jacques Audiard, Mon roi de Maïwenn et La Tête haute de Emmanuelle Bercot étant quasiment nulles. Malgré ses onze nominations, Marguerite de Xavier Giannoli ne semble pas avoir suscité le même enthousiasme que Séraphine, lauréat de sept César en 2009 dont celui du meilleur film. Malgré (bis) l’absence de nomination dans la catégorie du meilleur réalisateur pour Philippe Faucon avec Fatima, il reste un lauréat crédible, pouvant même espérer voir transformer les quatre nominations de ce petit bijou lauréat du Prix Louis-Delluc, indicateur très modéré des César, seuls dix films ayant réalisé le doublé. La Loi du marché déçoit un peu avec seulement trois citations (film, réalisateur, acteur) mais peut là encore croire à ses trois trophées malgré tout. Enfin, plus crédibles a priori les victoires de deux des films les plus nommés : Mustang de Deniz Gamze Ergüven, représentant de la France aux Oscars et Trois souvenirs de ma jeunesse qui permet à Arnaud Desplechin d’être cité pour la quatrième fois dans les trois catégories du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario après Rois et reines, Un Conte de Noël et Jimmy P.

Si Desplechin perd le César du meilleur film, il a de grandes chances au moins de remporter ceux du réalisateur ou du scénario original, à moins d’une razzia (pas impossible) de Mustang mais sur les cinq premiers films ayant remporté le César du meilleur film, aucun n’a fait le doublé du César du meilleur réalisateur. Le prix du réalisateur devrait donc se jouer entre Desplechin et éventuellement Brizé. Pour l’adaptation, Fatima devrait l’emporter sans trop de souci.

Meilleur acteur

Pas trop de suspense ici, l’une des rares catégories avec certitudes : après cinq nominations infructueuses, Vincent Lindon va gagner pour La Loi du marché, pour lequel il a remporté le prix d’interprétation à Cannes. Pas de bol pour Fabrice Luchini, seul réel rival et lauréat lui du prix à Venise pour L’Hermine. Une autre année, il aurait pu remporter enfin son deuxième César, vingt-deux après son trophée du second rôle pour Tout ça pour ça de Claude Lelouch, président de l’édition 2016.

Meilleure actrice

Catherine Frot partage l’honneur avec Luchini d’obtenir sa dixième nomination et d’en avoir remporté un dans la case seconds rôles (Un air de famille en 1997) mais ses chances sont plus grandes. Ses principales rivales sont deux «symboles de la diversité» l’actrice débutante Soria Zeroual dans Fatima (elle est toujours femme de ménage) et la marocaine Loubna Abidar pour son rôle de prostituée dans Much Loved, menacée et frappée dans son pays, son rôle ayant choqué quelques esprits bornés. Elles pourraient créer la surprise.

Meilleurs seconds rôles et espoirs :

Côté hommes, la seule surprise possible serait la défaite de Michel Fau, tout simplement parfait dans son premier grand rôle pour le cinéma. C’est relativement plus ouvert côté femmes, même si l’on ne croit pas du tout à la victoire de Sara Forestier avec ses dents pour La Tête haute ni des stackhanovistes des nominations et récompenses Karin Viard et Agnès Jaoui dans deux rôles délicieusement grivois et solaires, seules représentantes de leur film (21 nuits avec Pattie et Comme un avion respectivement). Noémie Lvovsky est citée ici pour la sixième fois avec La Belle saison et pourrait le remporter à l’usure (même si elle est irréprochable ici) mais passer à côté de la magnifique Sidse Babett Knudsen dans L’Hermine serait regrettable. Pour les espoirs, on table sur Sara Giraudeau ou Zita Hanrot pour les femmes, Finnegan Oldfield ou Rod Paradot pour les garçons.

Catégories techniques

Un film se détache nettement pour les césar techniques : Marguerite devrait aisément remporter les prix des décors et costumes (nommé comme meilleur film + film d’époque), du son (c’est un film estampillé musical) voire encore pour sa photo opaque même si l’on parie sur un partage avec Mustang dans cette catégorie ainsi que celle du montage. Le prix de la musique pourrait aussi revenir à Mustang malgré la concurrence du maestro Morricone nommé ici pour la première fois depuis Le Professionnel en 1982.

En bref, pressé par le temps, je m’arrête là, honte à moi, pour les autres catégories, voir dans le résumé ci-dessous.

Pronostics en bref et en clair, comme Canal + le soir de la cérémonie animée cette année par Florence Foresti…

• Meilleur film : Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin (possibles : Fatima et Mustang)
• Meilleur réalisateur : Arnaud Desplechin pour Trois souvenirs de ma jeunesse
• Meilleure actrice : Catherine Frot dans Marguerite (fort potentiels pour Loubna Abidar dans Much loved et Soria Zeroual dans Fatima)
• Meilleur acteur : Vincent Lindon dans La Loi du marché
• Meilleure actrice dans un second rôle : Sidse Babett Knudsen dans L’Hermine
• Meilleur acteur dans un second rôle : Michel Fau dans Marguerite
• Meilleur scénario original : Mustang (possible : Trois souvenirs de ma jeunesse)
• Meilleure adaptation : Fatima par Philippe Faucon
• Meilleur Film étranger : Le Fils de Saul (Hongrie) de Laszlo Nemes
• Meilleur Documentaire : L’Image manquante de Rithy Panh
• Meilleur Premier Film : Mustang de Deniz Gamze Ergüven
• Meilleur long-métrage d’animation : Avril et le monde truqué de Christian Desmares et Franck Ekinci
• Meilleur espoir féminin : Sara Giraudeau dans Les Bêtises
• Meilleur espoir masculin : Finnegan Oldfield dans Les Cowboys
• Meilleure photo : Mustang – David Chizallet
• Meilleur montage : Mustang – Mathilde Van De Moortel (possible : Trois souvenirs de ma jeunesse – Laurence Briaud)
• Meilleure musique : Mustang – Warren Ellis
• Meilleurs décors : Marguerite – Martin Kurel
• Meilleurs costumes : Marguerite – Pierre-Jean Larroque
• Meilleur son : Marguerite – François Musy et Gabriel Hafner
• Meilleur court-métrage : Mon héros de Sylvain Desclous
• Meilleur court-métrage d’animation : Le Repas dominical de Céline Devaux