Surprise, c’est La Tête haute, nouveau long-métrage d’Emmanuelle Bercot, qui a été choisi pour être le film d’ouverture de la 68e édition du Festival de Cannes qui aura lieu du mercredi 13 mai au dimanche 24 mai prochain. La Tête haute raconte le parcours éducatif de Malony (Rod Paradot), de six à dix-huit ans (un peu comme le jeune héros Boyhood mais pas en temps réel) qu’une juge des enfants (Catherine Deneuve) et un éducateur (Benoît Magimel) tentent inlassablement de sauver. Sara Forestier fait également partie de la distribution. Le film est co-écrit avec Marcia Romano avec laquelle elle avait déjà travaillé sur son premier court, Les Vacances. La photo est signée par son compagnon Guillaume Schiffman, césarisé pour The Artist. Leur fils Nemo fut le partenaire de Catherine Deneuve dans Elle s’en va, le précédent long-métrage de la cinéaste et tous deux furent cités aux César 2014 dans les catégories espoir masculin et actrice de l’année.
Observatrice délicate de l’adolescence, et en particulier du passage difficile à l’âge adulte, Emmanuelle Bercot arpente la Croisette depuis déjà près de vingt ans comme réalisatrice et/ou scénariste et actrice. Elle fut primée à deux reprises pour ses courts-métrages. Elle a obtenu le Prix du Jury de la compétition officielle des courts-métrages Les Vacances en 1997, l’année où l’hilarant Is It the Design on the Wrapper? de Tessa Sheridan avait remporté la Palme d’or du court. Deux ans plus tard, le moyen-métrage La Puce, la suite-prolongement de ce premier essai recevait le deuxième Prix de la Cinéfondation. Le diptyque délicat révéla Isild Le Besco perdant sa virginité avec Olivier Marchal dans ce qui reste l’interprétation la plus marquante du futur réalisateur de 36 Quai des Orfèvres. Malgré son propos trouble, la réalisatrice aborde le sujet avec retenue et subtilité grâce à la précision de son écriture et de sa mise en scène et la délicatesse de l’interprétation. Cette année là étaient également primés Dover Kosashvili (La Terre éphémère sorti cette année) et Jessica Hausner dont le très beau Amour fou fut présenté l’an dernier à Un Certain Regard. Ce qui confirme, au passage, la pertinence de la création par Gilles Jacob de cette section dont le but est de trouver les futurs grands noms du cinéma international. Cette sélection en ouverture ressemble ainsi à un clin d’oeil à l’ancien délégué général devenu président du Festival remplacé au premier poste par Thierry Frémaux et au deuxième depuis cette année par Pierre Lescure.
Emmanuelle Bercot faisait également partie de la distribution de La Classe de Neige de Claude Miller, prix du jury en 1998 et était la scénariste et interprète de Polisse réalisé par Maïwenn qui a reçu ce même prix en 2011. Elles viennent de se retrouver pour Mon roi, toujours réalisé par cette dernière et que certains s’attendent à retrouver à Cannes cette année. Enfin, Clément, que l’on peut résumer à une version masculine (non moins troublante et touchante) de La Puce, fut présenté à Un Certain Regard en 2001. Emmanuelle Bercot apparaissait aussi dans Carlos d’Olivier Assayas, la minisérie fleuve d’une durée de plus de cinq heures, présenté en sélection officielle hors-compétition en 2010.
La toujours élégante Catherine Deneuve dont la filmographie est d’une exemplarité rare et d’une grande variété a participé à de nombreuses reprises à la compétition, la première fois en 1964 avec Les Parapluies de Cherbourg qui a reçu la Palme d’or, la dernière en 2008 avec Un Conte De Noël d’Arnaud Desplechin pour lequel le jury présidé par Sean Penn lui a remis un Prix spécial du 61e Festival. Elle reste la seule personnalité à avoir eu le titre de Vice-Président en 1994, sous la présidence de Clint Eastwood. Benoit Magimel a lui obtenu le Prix d’interprétation masculine pour La Pianiste de Michael Haneke en 2001.
Le film sortira désormais le 13 mai, jour du début du Festival et non le 30 septembre comme précédemment annoncé. Aucune précision sur sa présence ou non dans la compétition mais Mad Max Fury Road étant révélé hors-compétition le lendemain lors d’une soirée de prestige, il paraît fort peu probable que La Tête haute le soit également la veille. D’autres films présentés en ouverture ont également participé à la compétition, comme Un homme amoureux de Diane Kurys, seul autre film réalisé par une femme révélé en ouverture, Ma saison préférée d’André Téchiné, Le Grand Saut des frères Coen (les présidents du jury officiel en 2015), La Cité des enfants perdus de Caro & Jeunet, Ridicule de Patrice Leconte ou Lemming de Dominik Moll, dernier film francophone présenté en ouverture voici pile dix ans.
Comme le reconnaît lui-même le délégué général Thierry Frémaux dans le communiqué officiel du Festival, le choix du thème et d’un film d’auteur relativement modeste détonne par rapport aux deux derniers films d’ouverture (pour ne citer que ceux-là) Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann et Grace de Monaco d’Olivier Dahan qui furent reçus avec une forte réserve, pour le moins. «Le choix de ce film pourra paraître surprenant au regard des codes généralement appliqués à l’ouverture du Festival de Cannes. C’est évidemment le reflet de notre volonté de voir le Festival commencer avec une œuvre différente, forte et émouvante. Le film d’Emmanuelle Bercot dit des choses importantes sur la société d’aujourd’hui, dans la tradition d’un cinéma moderne, pleinement engagé sur les questions sociales et dont le caractère universel en fait une œuvre idéale pour le public mondial qui sera au rendez-vous à Cannes. »
La sélection officielle sera annoncée ce jeudi 16 avril en fin de matinée.
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