Critique : Femmes femmes
Le réalisateur Paul Vecchiali n’a pas volé son surnom de « franc-tireur du cinéma français », qui sert de titre à une rétrospective en deux parties de ses films pendant ce premier trimestre 2015. Car un film de Vecchiali ne ressemble à rien de connu. C’est à la fois pour le spectateur la découverte incessante de ruptures volontaires de ton et pour l’artiste l’expression inconditionnelle d’une vision personnelle des choses à exprimer par le biais du cinéma. De nombreuses influences filmiques traversent son œuvre. Or, aucune d’entre elles ne résiste à cet état d’esprit frondeur, qui procède à une déformation systématique des canons de la narration et des genres pour aboutir à de curieux objets filmiques. Ceux-ci peuvent parfois déconcerter, mais ils sont invariablement animés par une intransigeance passionnante.
Critique : L’Art de la fugue
Le cinéma choral à la française, contrairement à celui de nos voisins italiens, est souvent redoutable, ne citons que ceux de Danièle Thompson (Le Code a changé notamment, un sommet du genre) qui ne sont pas les pires pourtant comme peuvent en témoigner les spectateurs de Sous les jupes des filles d'Audrey Dana...
Critique : Le Quartier du corbeau
Après un premier long-métrage largement improvisé (Le Péché suédois), Bo Widerberg réalise le film qui lui valut l'Oscar du Meilleur film en langue étrangère en 1965 et que les critiques citent encore comme l'un des meilleurs du cinéma suédois, Le Quartier du corbeau. Un an avant Amour 65, le jeune cinéaste se mettait déjà presque en scène, à travers la figure d'un jeune homme issu de la même ville ouvrière que lui (Malmö) et qui, dans les 1930, se rêve en écrivain.
Critique : Cinquante Nuances de Grey
L'adaptation du bestseller d'E. L. James, Cinquante Nuances de Grey, débarque enfin sur le grand écran après des mois d'attente. Une communication savamment orchestrée par la production à coup de pseudo fuites des plateaux de tournages, d'images volées ou encore de musique du film divulguées au compte goutte.
Critique : Zorba le Grec
En ce moment, la Grèce ne quitte plus l’actualité pour toutes les mauvaises raisons. La réputation de Zorba le Grec en tant que grand classique, véhiculée avant tout par la séquence mythique de la danse joyeuse finale, pourrait laisser croire que ce pays avait su se montrer plus accueillant et conciliant il y a un demi-siècle. Or, au lieu d’être une publicité larvée, susceptible d’attirer des touristes à une époque où cette économie-là n’en était qu’à ses balbutiements autour de la Méditerranée, ce film retrace l’histoire plutôt sombre d’un échec. En effet, rien ne se passe comme prévu pendant le voyage d’un écrivain en panne d’inspiration sur la terre de ses ancêtres. Et pourtant, sur un ton doux-amer, le scénariste, producteur et réalisateur Michael Cacoyannis nous conte l’histoire intense d’une amitié entre deux hommes, qui n’auraient pas pu être plus différents, l’un de l’autre.
Critique : L’Ennemi de la classe
Il est sans doute révélateur de l’état d’esprit consensuel de notre époque que la plupart des incursions cinématographiques dans l’univers scolaire ne privilégient pas un mode de confrontation à armes égales. Sous l’emprise d’une philosophie exacerbée à l’américaine, ces films penchent soit du côté du conte, où des élèves bons à rien se transforment comme par miracle en citoyens exemplaires, grâce à l’intervention d’un prof courageux et animé par un sens civique aigu (Les Héritiers de Marie-Castille Mention-Schaar), soit de celui de l’affrontement manichéen, au cours duquel l’enseignant machiavélique se déchaîne sur ces pauvres jeunes pour assouvir sa soif de domination sadique (Whiplash de Damien Chazelle). Il existe certes de rares exceptions, comme Entre les murs de Laurent Cantet, qui célèbrent un élan de collaboration solidaire entre professeurs et élèves. Mais dans l’ensemble, si affrontement il y a, celui-ci se manifeste tôt ou tard dans un rapport de forces le plus souvent à l’avantage des porteurs de l’autorité pédagogique. Ce film slovène fait admirablement fi des facilités conventionnelles, en puisant une tension dramatique extraordinaire de l’ambiguïté des deux camps, qui se livrent une guerre des nerfs dépourvue d’un vainqueur rassurant.
Critique : Amour 65
Après Le Quartier du corbeau qui mettait en scène la figure enflammée d'un ouvrier-écrivain, Bo Widerberg campe pour son quatrième film un autre double de lui-même, Keve, metteur en scène. Avec Amour 65, Widerberg, en héritier de la Nouvelle Vague, voulait donner l'impression d'un « pique-nique artistique improvisé », de telle sorte qu'il fit improviser certains des dialogues, ne faisant parvenir les autres à ses comédiens qu'au dernier moment avant le tournage. Le tout aboutit à un film déroutant voire labyrinthique, auquel on reprocha l'absence de scénario. Le cheminement imprévisible et sinueux d'Amour 65 n'y est cependant que la forme qui exprime une certaine idée de la liberté au cinéma.
Critique : Discount
En France ou ailleurs, il ne peut jamais y avoir trop de réalisateurs qui tiennent compte – avec talent et sans pesanteur – des enjeux sociaux importants de leur époque. Le maître en la matière, tous pays confondus, est bien sûr l’Anglais Ken Loach, qui a quasiment bâti sa réputation entière sur sa sensibilité à l’égard des problèmes d’hommes et de femmes démunis, auxquels le cinéma s’intéresse rarement. Il serait exagéré de proclamer d’ores et déjà que la relève est assurée, grâce au premier film de Louis-Julien Petit. Néanmoins, celui-ci dresse un bilan social de la France ordinaire d’aujourd’hui, qui reste fidèle à une gravité particulièrement digne, en dépit des quelques aspects plutôt comiques de cette combine douteuse d’un commerce parallèle.
Critique : Imitation Game
Héros oublié de la Seconde Guerre mondiale, Alan Turing est gracié plus de soixante ans après sa disparition par la reine d’Angleterre en 2013. Un an après, le long-métrage de Morten Tyldum apporte sa pièce à l’entreprise de réhabilitation médiatique du mathématiciens anglais.
Critique : Vincent n’a pas d’écailles
A de nombreux points de vue, Vincent n'a pas d'écailles est un film éminemment sympathique. Il souffre toutefois d’un gros défaut : la matière scénaristique n’est pas assez importante pour un long métrage, quand bien même le film ne dure que 78 minutes. Ce scénario, en effet, n’est construit que sur une idée et une seule ! Certes, l'histoire d'amour est tout à fait charmante, certes on sourit la première fois où on voit qu'un Vincent en danger devient très vulnérable lorsque l'environnement l'empêche d'avoir un quelconque contact avec de l'eau, mais il est difficile de tenir 78 minutes sans répétitions sur un scénario idéal pour un moyen métrage de 40 minutes. On attend Thomas Salvador sur un deuxième long métrage au scénario plus riche et plus construit.
Critique : Bye Bye Blondie
Dans le cadre de la thématique Femmes Femmes des 15èmes Journées Dionysiennes de l'Ecran de Saint-Denis, Virginie Despentes est l'une des invités d'honneur, l'occasion notamment de redécouvrir ce qui est pour l'instant son meilleur film, une histoire d'amour entre Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart. A voir ce dimanche 8 février à 16h45...
Critique : Une histoire américaine
Quand un amour se meurt, c’est rarement beau à voir. En conséquence et pour mieux répondre à sa vocation de divertissement, le cinéma préfère explorer l’extrémité opposée des aventures romantiques, lorsque au début tout paraît encore possible et que le partenaire ressemble à l’illusion d’un idéal féminin ou masculin. Rien que pour le fait d’oser nager à contre-courant, le deuxième film de Armel Hostiou mériterait nos félicitations. Il le fait de surcroît avec une telle franchise émotionnelle, nullement complaisante et pourtant capable de rendre attachant un personnage a priori odieux, que nous ne pouvons qu’en rester subjugués. Sans oublier qu’Une histoire américaine donne une fois de plus un rôle taillé sur mesure à Vincent Macaigne, le perdant piteux le plus sympathique du cinéma français actuel.