Albi 2019 : La Fille au bracelet
Notre journée officieuse à l'honneur de Anaïs Demoustier au Festival d'Albi s'est achevée avec La Fille au bracelet, réalisé par son frère aîné, dans lequel l'actrice joue un rôle diamétralement opposé à celui, aux angles arrondis, qu'elle tenait dans Alice et le maire de Nicolas Pariser.
Critique : Free fire
L'influence de Quentin Tarantino plane sans l'ombre d'un doute sur le sixième film de Ben Wheatley. Ce qui n'est en soi ni un reproche, ni un lien de filiation insurmontable. En effet, le réalisateur américain le plus emblématique de ces vingt dernières années se voit d'abord lui-même comme un passeur, comme le plus grand fan du cinéma de genre d'une époque révolue, qui s'emploie avant tout à transmettre cette cinéphilie de niche, devenue populaire grâce à lui.
Albi 2016 : Corniche Kennedy
Dominique Cabrera aime Marseille. Elle l’a dit à plusieurs reprises lors de la présentation de Corniche Kennedy au 20ème Festival d’Albi. Cet attachement se traduit par un film à l’équilibre délicat, sans l’ombre d’un doute enraciné dans la mentalité et la topographie de la cité phocéenne et en même temps libre comme l’air de toute trace de coloris folklorique.
Berlinale 2016 : Midnight Special
Jeff Nichols s'est imposé comme l'un des plus grands jeunes cinéastes américains contemporains comme l'ont établi ces trois grands moments de cinéma que furent Shotgun Stories (déjà révélé à Berlin), Mud et surtout Take shelter dont le OK final a durablement marqué les esprits. Il dirige à nouveau son acteur fétiche Michael Shannon et pendant une bonne partie de son nouveau film (l'un des plus attendus de la Berlinale 2016), l'on espère retrouver son talent indéfectible. Hélas, si c'est le cas en terme de mise en scène, sa première incursion dans la science-fiction est une déception.
Berlinale 2018 : Don’t worry he won’t get far on foot
Il est loin, le temps où Gus Van Sant était l'une des figures de proue du cinéma indépendant américain, irrespectueux, inventif et fièrement gay. Aussi nostalgique cette phrase sonne-t-elle, l'évolution de Van Sant en tant que cinéaste doit au moins autant aux influences extérieures, telles que ses rendez-vous souvent manqués avec Hollywood, qu'au processus de mûrissement que chaque artiste, voire chaque personne, est censé accomplir au cours d'une vie.
Critique : Love & friendship
La grande époque des adaptations filmiques des œuvres de Jane Austen est définitivement derrière nous. Aussi populaire que l’univers de William Shakespeare à peu près au même moment, c’est-à-dire au milieu des années 1990, celui de la romancière anglaise n’a pas connu de mise à jour sérieuse au cinéma depuis.
Biarritz 2019 : La Cordillère des songes
Patricio Guzman est considéré comme l'un des plus importants cinéastes du Chili. Pourtant, il n'y vit plus depuis plus de quarante ans, depuis que le coup d'état de Augusto Pinochet l'a contrait à l'exil en France.
Critique : Le Grand musée
Des musées d’art, il doit en exister des centaines, voire des milliers en Europe. Et une dizaine d’entre eux fait toute la fierté et tout le prestige culturel de ses pays respectifs. Face à cette multitude de lieux d’exposition, classiques ou modernes, nous sommes étonnés de constater qu’il n’y a apparemment qu’une seule et unique façon de refléter cette activité de conservation des œuvres dans des termes filmiques. Car, la proximité des dates de sortie françaises aidant, ce documentaire autrichien nous rappelle en de nombreux points National gallery dans lequel Frederick Wiseman avait exploré l’équivalent londonien du musée à Vienne. Puisque ces deux films ont été conçus et présentés presque en même temps, cette similitude ne relève point d’un vil copiage. Elle nous invite plutôt à nous interroger sur une drôle de coïncidence. Cette dernière en dit plus long sur la façon contemporaine d’aborder l’univers des musées que ne l’aurait fait chacun de ces documentaires pris séparément.
Critique : 20th Century Women
Elever seul un enfant n’a jamais été une mince affaire. Selon les époques, cette tâche parentale accrue s’est traduite par la solitude, voire l’ostracisme social, et une grande précarité. Dans son troisième film, le réalisateur Mike Mills rend un hommage appuyé à ces mères courage – car dans l’immense majorité des cas il s’agit de mères – qui jonglent entre exigences d’éducation, obligations professionnelles et une vie affective souvent anémique.
Critique : L’Époque
La France est en émoi. Les mouvements sociaux se suivent et se ressemblent. Ils sont toujours plus virulents et en même temps toujours accueillis avec la même indifférence par les pouvoirs publics et politiques dont la seule raison d'être paraît désormais de préserver un statu quo qui ne satisfait plus personne.
Critique : Suite française
Pendant l’Occupation, chaque Français était au moins dans l’âme un résistant. Ce mythe patriotique est toujours présent dans la conscience collective, principalement parce qu’il est plus valorisant de se situer parmi les vainqueurs héroïques que de devoir admettre que les collaborateurs ne manquaient pas pour faciliter la tâche de l’occupant. Côté cinéma, cette partie de la représentation historique nous paraît particulièrement dépassée par rapport aux efforts fournis dans d’autres domaines, notamment littéraires. Car parmi les films qui nous viennent immédiatement à l’esprit pour évoquer cette période sombre de l’Histoire française, L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville et Monsieur Batignole de Gérard Jugnot colportent – toutes proportions de qualité cinématographique gardées – à peu de choses près la même image d’Epinal des citoyens courageux, qui s’insurgeaient clandestinement et avec plus ou moins de violence contre l’administration de l’ennemi allemand. Pendant la première heure, cette coproduction européenne dresse un portrait sensiblement moins complaisant de la campagne française par temps de guerre, avant de rentrer in extremis dans le rang de l’épopée idéalisée aux valeurs héroïques tout de suite moins intéressantes.
Les Arcs 2017 : La Route sauvage
Les histoires simples étaient jusqu'à présent le garant de la réussite des films de Andrew Haigh. Et encore, il conviendrait davantage de parler de perfection dans le cadre de ses deux réalisations précédentes, Week-end et 45 ans, qui avaient su nous subjuguer profondément. Comme les bonnes choses doivent hélas tôt ou tard avoir une fin, nous sommes restés beaucoup plus dubitatifs face à son quatrième long-métrage, qui a néanmoins raflé le gros des prix attribués au Festival des Arcs.