Carré Blanc

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Carré Blanc de Jean-Baptiste Leonetti

Carré BlancCarré Blanc

France : 2010
Titre original : Carré Blanc
Réalisateur : Jean-Baptiste Leonetti
Scénario : Jean-Baptiste Leonetti
Acteurs : Sami Bouajila, Julie Gayet, Jean-Pierre Andreani
Distribution : DistriB Films
Durée : 1h17
Genre : Drame
Date de sortie : 7 septembre 2011

Globale : [rating:3.0]
[five-star-rating]

Carré Blanc est le premier long métrage de Jean-baptiste Leonetti, déjà réalisateur de Le pays des Ours. Une histoire d’amour, de violence et de science-fiction à la fois, le tout à la sauce Made in France…

Synopsis : Dans un monde déshumanisé, Philippe et Marie, deux orphelins, grandissent ensemble. 20 ans plus tard, ils sont mariés. Philippe est un cadre froid et implacable. Marie assiste impuissante à ce qu’ils sont devenus l’un pour l’autre : des étrangers. Leur destin bascule lorsque Marie décide de braver le système pour préserver ce qu’il reste de leur amour. Jusqu’où iront-ils pour continuer d’exister à deux, seuls contre tous ?

Carré Blanc de Jean-Baptiste Leonetti

O.V.N.I : Objet Visuel Non Identifié

le moins que l’on puisse dire, c’est que Carré Blanc n’est pas un film comme les autres. Il sera difficile pour tout le monde de la catégoriser à sa sortie. Ce film, pourrait tout aussi bien être un roman d’ailleurs. A la manière du livre de science-fiction Fahrenheit 451 de Bradbury, le spectateur se retrouve ici face à un futur non daté, imaginaire mais ancré dans le réel et le quotidien, où les hommes qui ne font pas comme tout le monde ne sont pas les bienvenus. Carré Blanc est un film audacieux donc, avec de bonnes idées et un vrai travail sur l’histoire et les personnages.

Malheureusement, on tourne vite en rond et le tout devient vite trop lourd en mise en scène, long, répétitif et par conséquent ennuyeux malgré le fait que ce genre de cinéma soit assez unique sur les écrans français. Après de longues minutes sans paroles agrémentées d’un son métallique répété, j’ai pour ma part décroché en me demandant ce qu’était cet ovni. Un peu comme pour The Tree of Life, sauf qu’ici je n’ai pas eu envie de sortir de la salle en courant, faut pas pousser. Toutefois, il est difficile de condamner ce film avec toutes les perspectives intéressante qu’il offre au cinéma français.

Leonetti signe un film qui peut paraître très personnel et en même temps universel de part son sujet. Il plaira donc a une catégorie de gens, pas à d’autres. Mais quel genre de film est-ce au final?

Un long-métrage avec très peu de paroles, une musique oppressante, ou plutôt un son oppressant. Une réalisation et un film régulier, rythmé, avec un monde (et donc un décor) extérieurement et symétriquement parfait, lisse, cloisonné et carré…ça tombe bien, c’est le titre du film ! D’ailleurs des carrés blancs s’immiscent sur l’écran à plusieurs moments, à nous de deviner ce qu’ils représentent.

Carré Blanc de Jean-Baptiste Leonetti

Un peu comme dans tout le reste du film en fait. Nous sommes libres de décider si c’est un film sur l’amour, sur la violence, ou un film de science-fiction. On doit deviner ce qui se cache derrière les métaphores, derrière les masques des gens, derrière les silences… Cela ravira certains, en perdra d’autres en route qui auront du mal à apercevoir la lumière au bout du tunnel ou qui se demanderont au final où le film voulait en venir.

Car le problème, c’est que l’interprétation de ce futur a du génie. Leonetti parvient à nous mettre mal à l’aise et à nous faire prendre conscience du monde présent qui nous entoure. Seulement, à force de montrer à l’écran (et d’insister) un univers sans émotions…on finit par ne pas en ressentir non plus face au film qui peut vous laisser de glace, comme les personnages sur l’écran.

Toutefois, Carré blanc a au moins le très grand mérite d’oser. D’innover aussi, de dérouter même. Et à l’ère de la 3D et des films à gros budgets et aux superstars bankable, voir un film comme celui-ci sortir dans nos cinémas, ça n’a pas de prix. De plus, il est porté par un duo d’acteurs profonds et qui vont parfaitement ensemble. Sami Bouajila (Omar m’a tuer) en cadre impitoyable et Julie Gayet en éternel marginale à fleur de peau donnent en effet l’impression de se connaître et de s’aimer depuis toujours.

Et la morale dans tout ça?

Si l’on est incapable de mettre Carré Blanc dans une case (et c’est loin d’être une mauvaise critique), on peut cependant affirmer que c’est un film violent, sur la violence. Sur notre violence. Sur le fait que nous sommes tous au fond de nous des monstres, réduits à suivre le système comme tout le monde même si celui ci nous oblige à être des bêtes les uns envers les autres sans raison. Un vrai futur déshumanisé. Et pourtant, n’est-ce là que de la science-fiction ou plutôt une simple fiction écrit par un vrai philanthrope cherchant à dénoncer le monde dans lequel nous vivons déjà ?

Car c’est aussi de là que vient la gêne que l’on peut ressentir face à ce film. Ce monde imaginaire et donc irréel présenté à l’écran est pourtant reconnaissable. C’est la même terre, avec les même gens qu’aujourd’hui sans super pouvoir ni révolution technologique, dans un univers urbain que nous connaissons déjà. Croyez-moi, après le film, vous n’aurez même plus vraiment envie de consommer de la viande hachée…

Carré Blanc de Jean-Baptiste Leonetti

Le film est donc fait pour nous faire réfléchir. Il parle de la prise de conscience, opposé à la marginalité contre ce conformisme poussant à penser au chacun pour soi. Le problème c’est qu’à force de vouloir trop en faire pour laisser le spectateur penser par lui-même, ça finit par devenir long et lourd au niveau de l’atmosphère. On ressent parfois l’envie d’être un peu plus « guidé » devant ce film indéfinissable. Ne serait-ce que pour comprendre le fin mot de l’histoire qui se perd un peu entre les genres en finissant par sembler brouillonne, et qui reste en partie inexpliquée à la fin. A la sortie, on est donc incapable de décrire de quoi parle le film, d’expliquer l’histoire. On se demande d’ailleurs s’il y a un vrai début et une vraie fin dans tout ça.

Malgré tout, je me demande si tout cela n’est pas voulu et parfaitement calculé par le réalisateur. Dans tous les cas selon moi, on peut voir ici soit du génie, soit de l’ennui. Quoi qu’il en soit, le film ne laisse pas vraiment indifférent et sort du commun. Bref, un film qui ne plaira pas à tout le monde, qui ne fera sûrement pas exploser le box-office à la façon d’un Transformer 3 mais qui a au moins le mérite de faire réfléchir le spectateur, de provoquer chez lui des réactions, de proposer des idées nouvelles sur grand écran, et ça ça n’a pas de prix !

Résumé :

Un film à saluer, ne serait-ce que pour l’audace du réalisateur qui présente (enfin) un vrai film de science-fiction à la française. Libre à vous par la suite de décider si cette interprétation du futur vous laissera de glace ou non…

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=qLpEirghChw[/youtube]

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