Enfin ! Il ne manquait plus qu’elle ! La sélection de Cannes Classics qui met à l’honneur les films du patrimoine a été annoncée hier, avec des chefs d’oeuvre évidents et des découvertes à faire, des films venus du passé mais aussi d’aujourd’hui avec des documentaires prometteurs sur la rencontre Hitchcock / Truffaut, les acteurs Gérard Depardieu et Ingrid Bergman, le coureur automobile (et acteur occasionnel) Steve McQueen, les cinéastes Sidney Lumet, Orson Welles et Ousmane Sembene, sur l’histoire de la Palme d’or et last but not least un essai consacré à une histoire d’amour hollywoodienne, celle de Harold et Lilian Michelson dans Harold and Lillian : a love story dont l’affiche ci-dessous (je la veux) est signée Patrick Mate. Qui sont les Michelson ? Des témoins passionnés de l’âge d’or d’Hollywood, Harold fut notamment un production designer et storyboarder qui a travaillé sur Spartacus, Les Dix Commandements, Star Trek de Robert Wise ou La Folle histoire de l’espace de Mel Brooks qui témoigne dans le film. Je ne ferai pas semblant d’en connaître plus mais le rendez-vous est déjà pris pour découvrir ce document qui s’annonce d’exception.
Le réalisateur Costa-Gavras est l’invité d’honneur de cette année avec la projection de Z en version restaurée. Son pedigree cannois est prestigieux, avec la Palme d’or en 1982 pour Missing doublée d’un Prix d’interprétation pour Jack Lemmon, le Prix de la mise en scène pour Section spéciale en 1975, le Prix du Jury en 1969 pour Z qui a également permis à Jean-Louis Trintignant d’obtenir un prix d’interprétation. Il n’a pas présenté d’autres longs-métrages sur la Croisette, c’est donc un strike parfait. Enfin, il fut membre du Jury présidé par Tennessee Williams en 1976 qui récompensa Taxi Driver de Martin Scorsese. Il est depuis 2007 le président de la Cinémathèque Française.
Ils auraient eu cent ans cette année : les jumeaux de cinéma Ingrid Bergman (le visage de la sélection officielle 2015) et Orson Welles feront l’objet de soirées d’anniversaire avec un documentaire pour la première et un hommage en cinq films pour le deuxième avec en cadeaux pour le spectateur une luge (Citizen Kane), une cithare (Le Troisième homme) et un miroir (La Dame de Shanghai) ainsi que deux documentaires. Autre anniversaire, celui des 120 ans de la naissance du Cinématographe Lumière avec la projection d’un montage de films Lumière dans le Grand Théâtre… Lumière. Les points de suspension viennent directement du communiqué officiel. Oui le Festival de Cannes a de l’humour !
Seront également honorés les mémoires d’Ousmane Sembène (La Noire de…, un chef d’oeuvre) considéré comme le « père du cinéma africain » et seul africain lauréat du Carrosse d’or, trophée honorifique remis par la Quinzaine des Réalisateurs ou d’autres cinéastes du monde entier (Louis Malle, Lino Brocka, Julien Duvivier, Luchino Visconti, Elem Klimov ou Miklós Jancsó à qui Kornel Mondruczo avait dédié son White God, prix Un Certain Regard 2014).
D’autres encore parmi nous accompagneront la nouvelle vie de leurs œuvres comme le québécois Michel Brault, les argentins Fernando Solanas et Luis Puenzo ou le français Laurent Roth pour un film méconnu des années 80. Une soirée sera consacrée à Barbet Schroeder avec la projection de son classique More (1969, 1h57) qui suivra la projection de son nouveau film, Amnesia (2015, 1h36) présenté en sélection officielle en séance spéciale. Exceptionnellement, les joints seront autorisés à condition de savoir siffler du Pink Floyd.
Cannes Classics dévoilera encore Visita ou Memórias e Confissões (1982, 1h08), un inédit de Manoel de Oliveira, en hommage à l’éternel cinéaste portugais (voir notre hommage signé Tobias Dunschen ici).
Enfin, signe de la présence en force du cinéma asiatique cette année sur l’ensemble des sections, projections d’oeuvres signées Kinji Fukasaku avec son le premier film de sa saga du crime mythique Combat sans code d’honneur, Kenji Mizoguchi avec Le Conte du chrysanthème tardif et King Hu avec son ambitieux Touch of Zen, une fresque de 3 heures restaurée en cette année où sera présenté en compétition le premier film de wu xia pian (ou film de sabre) de Hou Hsiao Hsen, The Assassin.
Le cinéma de la plage accueillera entre autres des comédies populaires (Le Grand blond avec une chaussure noire, Hibernatus), des ex-blockbusters devenus classiques contemporains (Jurassic Park dans sa version 3D, Usual Suspects et Terminator), du grand classique (Ran d’Akira Kurosawa, Ivan Le terrible de Sergueï Eisenstein, Hôtel du Nord de Marcel Carné) et un nouveau volet de la rétrospective Bo Widerberg (Joe Hill) dont notre rédactrice Léa Triomphe a célébré le talent dans ce portrait et ses critiques de Amour 65 et du Quartier du Corbeau.
La sélection Cannes Classics 2015
• Invité d’honneur
Z de Costa-Gavras (1968, 2h07)
• Soirée Barbet Schroeder
More (1969, 1h57)
• Hommage à Manoel de Oliveira
Visita ou Memórias e Confissões (1982, 1h08)
• Lumière !
montage de films Lumière
• Centenaire Orson Welles
Citizen Kane d’Orson Welles (1941, 1h59)
Le Troisième homme de Carol Reed (1949, 1h44)
La Dame de Shanghai d’Orson Welles (1948, 1h27)
et les documentaires Orson Welles, Autopsie d’une légende d’Elisabeth Kapnist (2015, 56mn) et This Is Orson Welles de Clara et Julia Kuperberg (2015, 53mn)
http://youtu.be/geILCZfNMR8
• Les restaurations
Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle (1958, 1h33)
Combat sans code d’honneur de Kinji Fukasaku (1973, 1h39)
Le Conte du chrysanthème tardif de Kenji Mizoguchi (1939, 2h23)
L’Histoire officielle de Luis Puenzo (1984, 1h50)
Insiang de Lino Brocka (1976, 1h35)
Marius de Alexander Korda (1931, 2h)
La Noire de… de Ousmane Sembène (1966, 1h05) précédé du documentaire Sembene! de Samba Les Ordres de Michel Brault (1974, 1h48)
Panique de Julien Duvivier (1946, 1h31)
Rocco et ses frères de Luchino Visconti (1960, 2h57)
Les Sans espoir de Miklós Jancsó (1965, 1h28)
Le Sud de Fernando Solanas (1988, 2h03)
A Touch of Zen de King Hu (1973, 3h)
Welcome or No Trespassing de Elem Klimov (1964, 1h14)
Les Yeux brûlés de Laurent Roth (1986, 58mn)
• Les documentaires sur le cinéma :
By Sidney Lumet de Nancy Buirski (2015, 1h43)
Depardieu grandeur nature de Richard Melloul (2014, 1h)
Harold and Lilian : a Hollywood Love Story de Daniel Raim (2015, 1h41)
Hitchcock / Truffaut de Kent Jones (2015, 1h28)
Je suis Ingrid (Ingrid Bergman, in Her Own Words) de Stig Björkman (2015, 1h54)
La Légende de la Palme d’or d’Alexis Veller (2015, 1h10)
Steve McQueen : The Man & Le Mans de Gabriel Clarke et John McKenna (2015, 1h52)
• Cinéma de la Plage
Le Grand blond avec une chaussure noire d’Yves Robert (1972, 1h30)
Hibernatus d’Edouard Molinaro (1969, 1h40)
Hôtel du Nord de Marcel Carné (1938, 1h35)
Ivan Le terrible 1 et 2 de Sergueï Eisenstein (1944, 1h40 et 1945, 1h26)
Joe Hill de Bo Widerberg (1971, 1h50)
Jurassic Park 3D de Steven Spielberg (1993, 2h01)
Ran d’Akira Kurosawa (1985, 2h42)
Terminator de James Cameron (1984, 1h48)
Usual Suspects de Brian Singer (1995, 1h46)
Le Cinéma de la Plage présentera en avant-première mondiale Rabid Dogs de Eric Hannezo avec Lambert Wilson, Guillaume Gouix, Virginie Ledoyen, Gabrielle Lazure et Franck Gastambide. Bon, un remake d’un film de Mario (et Lamberto) Bava (Les Chiens Enragés, 1974) écrit par Yannick Dahan à qui l’on doit La Horde (putain de chef d’oeuvre – clin d’oeil ironique) et Benjamin Rataud (l’épatant Goal of the Dead – ouf !), on y croit ? Souvenons-nous (ou pas) que La Meute fut aussi présentée au Cinéma de la Plage (enfin officiellement, parce qu’il a plu ce soir là!). J’dis ça, j’dis rien… Oh mon dieu, j’ai peur…. mais j’irai quand même ! On est des dingues à critique-film ! Le film d’origine des Bava a longtemps été considéré comme définitivement perdu avant d’être restauré par l’actrice Lea Lander en 1997.
Le Festival de Cannes 2015 aura lieu cette année du mercredi 13 au dimanche 24 mai.
Cannes Classics 2015 : une sélection alléchante http://t.co/NcRzwnuAJJ
Cannes Classics 2015 : une sélection alléchante: Enfin ! Il ne manquait plus qu’elle ! La sélection de Cannes … http://t.co/xsBI5Xthjp