70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Ecran Noir, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.
Aujourd’hui Jour J – 36. Pour retrouver tous nos articles, cliquez ici.
Cannes est le festival des grandes opportunités pour les films qui ont la chance d’y être en compétition, mais aussi ceux qui sont invités pour des projections sans cette pression pour la Palme. Il n’est donc pas étonnant de voir l’industrie du Blockbuster envahir la croisette malgré les risques d’une mauvaise réception critique. Casting quatre étoiles, pur divertissement, montée des marches vertigineuse et glamour ou encore fêtes spectaculaires, la projection de ces films capteurs de rétines avides de gros budget à Cannes est une rampe supplémentaire pour la visibilité de ces films. Pourtant, la tradition est relativement récente dans l’histoire du festival. Les blockbusters sont apparus longtemps après que Cannes soit devenu le festival incontournable du 7e art.
Retour sur quelques blockbusters qui ont marqué la croisette.
1982: le maître du genre
La 35e édition du festival a eu l’honneur d’accueillir monsieur Steven Spielberg pour son film E.T. L’Extraterrestre. Projeté en avant-première mondiale, personne ne se doutait durant la projection que cette histoire de petit garçon qui rencontre un extraterrestre au ventre rond allait devenir l’un des plus gros succès du cinéma et un film de référence pour le genre. La fin de la projection officielle a même reçu une standing ovation de plusieurs minutes. E.T. est resté onze ans en tête du box-office mondial avant d’être détrôné par une autre œuvre de Spielberg, Jurassic Park.
1997: Besson est dans son cinquième élément
Pour la 50e édition du festival de Cannes, la croisette fut foulée par Luc Besson et son équipe du Cinquième élément. Si le film a l’époque reçut un accueille mitigé, il fallait attendre fin 2014 afin que les aventures de Leelo et de Corben Dallas (Bruce Willis) devienne le quatrième plus grand succès d’un long métrage français à l’étranger, toutes langues de tournage prises en compte, avec 43,4 millions d’entrées dans le monde, dont 7,7 millions d’entrées en France et 35,7 millions à l’international. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais.
2005: Quand le meilleur pote de Spielberg squatte la croisette
Le 58e festival de Cannes s’est vu envahir par des stromtroopers : l’ultime volet de la deuxième trilogie Star Wars, réalisée par George Lucas, reçoit un accueil digne de l’arrivée de Ryan Gosling en string panthère au Franprix en bas de chez vous (non ce n’est pas possible mais si ça l’était il y aurait une émeute…donc vous voyez à peu près le triomphe que La Revanche des Sith a reçu).
2006: Ron Howard et son Da Vinci Code
16 mai 2006, Da Vinci Code de Ron Howard est accueilli par des sifflets et des rires (ce n’est pas toujours rose à Cannes)…un véritable fiasco pour cette adaptation du roman de Dan Brown avec (tout de même) Tom Hanks et Audrey Tautou. Fiasco également du côté de la critique qui n’a pas empêché les spectateurs curieux de voir le film.
2007: Soderbergh et son équipe de choc
60e édition du festival de cannes, il fait chaud très chaud lorsque l’équipe d’Ocean’s 13 arrive sur la croisette. George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, Al Pacino, Andy Garcia, Don Cheadle, Bernie Mac, Casey Affleck… Autant vous dire que les photographes ont bossé (certains ont perdu des phalanges). Avec un tel casting, les mauvaises langues diront que le film a été sélectionné uniquement pour faire crépiter les flashs sur le tapis rouge. Le film reçoit un accueille mitigé dû à son scénario qualifié d’invraisemblable mais boosté par une ambiance bon enfant et désinvolte.
2008: Panda Party
Un gros panda a fait irruption à la 61e édition du festival de Cannes. Que la PETA se rassure, il était accompagné d’une Angelina Jolie radieuse et enceinte ainsi que d’un Jack Black drôle et so cute pour la présentation du premier volet de l’énorme succès de Dreamworks: Kung Fu Panda.
2013/2014 : le règne de Katniss
Deux années de suite, la saga américaine Hunger Games a irradié la croisette. Tout d’abord en 2013 avec L’embrasement, puis en 2014 avec La Révolte Partie 1. Le casting dans sa quasi-totalité a embrasé le tapis rouge et la salle avant de faire danser le gratin sur le thème du film. Je vous laisse imaginer une soirée sur le thème de Hunger Games… Prudent, Thierry Frémaux n’a même pas invité l’un de ces deux opus hors-compétition, craignant peut-être de perdre l’un des prestigieux cinéastes visant la Palme d’or.
2014 toujours: l’agence casse-cou
Après l’équipe de la saga Hunger Games, la 67e édition du festival de Cannes a accueilli le casting testostéroné du film Expendables 3, venu se pavaner sans être accompagné de la moindre projection. Jason Statham, Sylvester Stallone ou encore Mel Gibson ont fait vibrer la croisette en débarquant dans un tank…nous ne faisons pas les choses à moitié à Cannes !
2015: Be Furious and Mad!
Dès la parution de sa bande-annonce choc et à la vue de son magnifique casting, Mad Max: Fury Road est fortement préssenti pour faire l’ouverture de Cannes. Perdu ! Le film de George Miller sera projeté hors compétition le lendemain en face de celle des sections parallèles ! L’accueil est triomphal autant du côté de la presse que des spectateurs. Grâce à ce lancement parfait, il raflera de nombreux Oscars en 2016.
D’autres suites – pas vraiment bien accueillies – ont affiché leurs premières bobines sur la Croisette : les troisièmes volets honnis de deux franchises populaires (Matrix Reloaded des ex-frères Wachowski en 2003 et X-Men l’affrontement final de Brett Ratner en 2006) ; Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal de Steven Spielberg en 2010, que tout le monde a un peu près rejeté à commencer par Shia LaBeouf ou Madagascar 3 des studios Dreamworks en 2012. Tous ont été des succès en salles, tous ont fait à peu près l’unanimité contre eux et pourtant les grands studios continuent à profiter de la publicité unique des tapis rouges.
En 2011, le quatrième volet de Pirates des Caraïbes se faisait unaninement saborder. Le duo de réalisateurs norvégiens à la barre du cinquième épisode (Joachim Rønning et Espen Sandberg, nommé à l’Oscar du film étranger pour Kon-Tiki) feront-ils mieux que Rob Marshall si les nouvelles aventures de Jack Sparrow & co (La Vengeance de Salazar) sont sélectionnées cette année ? La date de sortie étant fixée au 24 mai (soit pendant le Festival 2017), il n’est pas interdit d’imaginer qu’il fera partie de la liste des films hors-compétition qui sera annoncée lors de la conférence de presse de l’annonce de la sélection officielle qui aura lieu ce jeudi 13 avril à partir de 11h00.
Cynthia Hamani de Ecran Noir