Cannes 70 : le patrimoine sur la Croisette, entretien avec Gérald Duchaussoy de Cannes Classics

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Carrie Fisher, Fisher Stevens et Gérald Duchaussoy (photo : Georges Coste)

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Écran Noir, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd’hui, J-8. Retrouvez nos précédents textes du dossier Cannes 70 en cliquant sur ce lien.

Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux pour Voyage dans le cinéma français (© Jean-François Lixon)

Depuis 2014, Gérald Duchaussoy épaule Thierry Frémaux au sein de Cannes Classics. Après avoir travaillé au service de presse du Festival de Cannes de 2002 à 2013, il a participé à la création du Marché du film classique du Festival Lumière à Lyon. À Cannes Classics, son travail consiste notamment à gérer la préparation de la section, à coordonner les questions administratives, relationnelles et techniques. Il s’occupe de la rédaction du programme, de la grille des projections, de l’accueil des équipes de films et d’accompagner au mieux les projections de cette section officielle qui réjouit de plus en plus les cinéphiles de la Croisette.

Karolly Makk (à droite) et Gérald Duchaussoy (au centre)

Pouvez nous présenter Cannes Classics ?

Cannes Classics a été crée en 2004 par Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, qui, fort de son expérience à l’Institut Lumière, a souhaité faire évoluer quelque chose qui existait déjà auparavant : une section dédiée aux rétrospectives, imaginée par Gilles Jacob et dont les projections avaient lieu à la Licorne. C’est devenu une sélection dédiée aux copies restaurées de classiques du cinéma, accompagnée d’hommages à des artistes et à des cinémathèques, avec une ou plusieurs leçon(s) de cinéma. Grâce à la croissance du nombre de restaurations aujourd’hui, les propositions de pièces rares, de découvertes ou redécouvertes d’œuvres majeures à une certaine époque et plus ou moins perdues de vue ensuite, augmentent nettement.

Vous constatez une émulation entre les festivals de cinéma autour du cinéma de patrimoine ? Vous communiquez entre vous ?

Aujourd’hui, les grands festivals ont tous une section rétrospective, souvent assez conséquente. Venise a créé Venise Classics et Berlin présent aussi quelques films restaurés, même si leur projet est un peu différent. Nous n’avons pas d’échanges particuliers, chacun travaille à sa propre programmation. Alberto Barbera (directeur de la Biennale de Venise) a dirigé le Museo del Cinema de Turin pendant très longtemps et à Berlin, le festival est partenaire de la Deutsche Cinemathek qui travaille à l’établissement de cette programmation. C’est toujours une section un peu à part au sein des sélections officielles, car la priorité, pour la majorité des spectateurs de ces grands festivals, reste la découverte des nouveaux films. Pourtant, il y a un besoin fort de voir ces films de patrimoine en salles. C’est notre rôle aussi de permettre d’en voir dans de bonnes conditions, car les festivals de cinéma autorisent une visibilité différente. La première destination d’un film de cinéma reste la salle obscure. Et cela concerne aussi les documentaires de cinéma dont certains trouvent difficilement une fenêtre de diffusion. L’envie de découvertes s’accentue pendant un festival et découvrir ces documentaires qui traitent de cinéma permet de prendre le temps de souffler et de réfléchir à l’Histoire du cinéma, alors qu’elle se poursuit avec les films inédits. À Cannes Classics ces dernières années, on a programmé beaucoup de documentaires, il y en a moins cette année.

Le cinéma de patrimoine dans les festivals est accompagné comme s’il s’agissait de films d’aujourd’hui, ce qui est accentué par le choix d’aller vers de l’actualité (restaurations et documentaires inédits) et de ne plus faire de rétrospectives sur des personnalités. L’idée est de cultiver cette idée qu’il s’agit de films qui peuvent sortir en salles de façon indépendante (au contraire de films issus d’une rétrospective, sans distributeur) et/ou qui vont être édités en DVD, passer à nouveau à la télévision… Ils redeviennent des films de l’actualité. C’est une démarche nouvelle ?

Ce n’est pas un phénomène récent. Ce développement croissant des restaurations, ça existe depuis longtemps. Kevin Brownlow avait restauré le Napoléon d’Abel Gance puis fait tirer des copies neuves. Ce n’est pas nouveau de ce point de vue-là, ce qui l’est, c’est l’exploitation à plus grande échelle que la copie diffusée dans un festival comme un événement unique. Aujourd’hui, les films circulent d’un festival à l’autre et il y a de plus en plus d’exploitations en salle, au moins dans certains pays plus privilégiés, comme la France, grâce au combat des professionnels, des distributeurs, des exploitants ou des aides du CNC, par le fait que voir des films de patrimoine en salles est pris en compte par l’État qui considère ça comme un art à part entière. On en revient à cette considération que la France a pour le cinéma, qui est la patrie du cinéma. C’est notre grande chance, mais il y a d’autres pays où c’est le cas et où il est possible aussi de voir ces films en salles. Dans certaines régions, c’est plus difficile. À Londres il y a une superbe salle dédiée au cinéma de patrimoine où ils ne projettent quasiment que du 35mm, le Regent Street Cinema ; aux Etats-Unis, il y a une forte présence des centres culturels, des cinémathèques et le circuit des universités est très actif. Ils ont une offre audiovisuelle forte. En Amérique du sud, c’est plus compliqué de voir des films de patrimoine. En revanche il y a tous ces canaux de diffusion, comme la VOD, la télévision, le streaming…

Quand vous disiez qu’on soutient les films de patrimoine comme les films récents, je suis d’accord pour pas mal de sorties. Des budgets sont consacrés à cela, et dans ce cas- là, on peut faire de la publicité, on peut mettre en avant certains films. Il y a une dynamique de marché comme pour un film actuel, pour dépoussiérer l’image du film de patrimoine qu’on allait voir dans une copie un peu abîmée. On pouvait certes voir le film en salles et ça reste magique mais aujourd’hui on peut voir les films dans des conditions plus optimales et du coup ils sont mieux exploités.

Vous prenez soin de respecter un équilibre entre les films de patrimoine très connus, restaurés et les vraies découvertes comme Tiempo de morir ou Ikarie XB1, présentés l’an dernier et exploités en salles depuis. J’imagine quand on participe à la sélection de Cannes Classics qu’il est satisfaisant de voir que ces films moins réputés parviennent à sortir en salles ?

Cela dépend pour beaucoup du travail et du courage des distributeurs et de l’intelligence de certains ayants-droit. Ça dépasse le cadre de la projection, unique, au sein de Cannes Classics. Au-delà du travail fait pour la programmation en festival, il y a une envie que la vie des films se prolonge. Et dans ce cas-là, ça devient assez magique.

Parmi les films programmés récemment, vous avez eu de gros coups de coeur dans les découvertes ou redécouvertes ?

C’est dur, il y a beaucoup de films qui sont vraiment intéressants, Ikarie XB1 c’était vraiment un film qui nous avait beaucoup plu l’année dernière ; il y avait aussi le film thaïlandais Santi-Vina de Thavi Na Bangchang ; dans les documentaires il y avait aussi de nombreuses choses qui nous ont beaucoup plu. À titre personnel le fait de voir Le jour se lève à nouveau en salle m’avait complètement enthousiasmé. C’est un film qui n’a pas eu en salles la carrière qu’il aurait dû avoir. C’est un chef-d’œuvre du cinéma français, très fort et qui a beaucoup inspiré le film noir. La question se pose avec le film de patrimoine : va-t-il rencontrer ou non son public alors que c’est un film qui résonne avec notre temps ? Il faut savoir le replacer dans le contexte de l’époque, historique, sociologique et cinématographique. Un film comme Panique mérite beaucoup plus de retentissement. Nul n’est prophète en son pays et on voit que les films français marchent un peu moins, alors qu’on replonge dans Hitchcock, dans Welles. C’est très bien mais on a aussi des grandes œuvres en France qui méritent un peu plus de résonance, ce que souligne le travail accompli par Bertrand Tavernier avec son documentaire sur le cinéma français. On ne redécouvre pas assez non plus de films allemands, anglais non plus. Tout ça est assez compliqué car il faut du temps pour se replonger dedans, on en revient toujours à cette donnée importante, le temps…

Dans la sélection il y a une volonté de mêler les périodes, les origines géographiques, un peu comme dans une sélection de films d’aujourd’hui ?

Ce sont des questions qu’on se pose beaucoup, respecter un équilibre avec des films qui viennent de tous les horizons. Après, comme toute sélection, ça repose sur ce qu’on vous propose à un moment donné. Certains films nous tentent mais ne sont pas prêts et on ne pourra donc pas montrer alors qu’ils nous plaisent énormément. On essaie de respecter cette variété des propositions, dans la mesure de ce que nous recevons.

Il y a peu de films, relativement, des premières années du cinéma…

Je pense que d’autres festivals sont plus adaptés à ce type d’œuvres et sauront lui accorder plus d’attention, comme le festival Lumière à Lyon ou celui de Bologne, d’autres aux Etats-Unis parfois très ciblés. Toute la mémoire du monde et la programmation de fondation Pathé aussi. On nous en propose assez peu aussi, je pense que ça se fait de soi-même. Quand on commence à travailler pour savoir où soumettre son film, on sait vers qui s’orienter en fonction du public, et ils vont là où ça fait sens.

À Cannes Classics ou à Lumière, vous avez la possibilité d’accompagner les distributeurs pour trouver les ayant-droits ou vous n’êtes pas impliqué dans tout ça ?

Quand je m’occupe du marché du film classique à l’institut lumière, ce sont des choses qu’on ne fait pas parce qu’en tant qu’organisateur, on n’oriente pas les discussions de contrats. C’est l’ayant droit qui va chercher à faire diffuser son film en festival. C’est une discussion qu’on peut avoir, donner des pistes, mais jamais de discussions fermes.

Gérald Duchaussoy avec Amit Madheshiya Shirley Abraham, réalisateurs de The Cinema Travellers

Une chose positive s’est produite l’an dernier avec les deux prix de la Scam attribués à deux films de la sélection Cannes Classics, j’imagine que ça conforte vos choix ?

Ça augmente le nombre de propositions de documentaires de cinéma qu’on nous envoie, ce qui est plutôt flatteur. Il s’agissait de deux films de très grande qualité et différents, avec le quasiment expérimental Cinema Novo et le plus classique sur la forme Cinema Travellers. Tous les deux parlent de l’histoire du cinéma de manière très profonde et c’était un plaisir effectivement d’avoir ces deux documentaires récompensés car il s’agissait de propositions de cinéma très fortes. Il serait plus simple pour nous d’aller vers des documentaires qui traitent d’art en général, de peinture, d’artistes – on nous en propose aussi – ou qui s’étendent à un champ culturel beaucoup plus large mais nous tenons à rester absolument dans le cadre de documentaires qui parlent de cinéma. C’est enthousiasmant de voir tous ces films qui parlent de cinéma arriver en nombre vers Cannes. C’est l’attrait de Cannes avec l’effet loupe des prix de la Scam qui ont joué en sa faveur. Depuis, beaucoup de documentaristes nous ont contacté en nous disant avoir entendu qu’il y a un prix maintenant.

Le prix a favorisé la visibilité de ces deux films ?

Cinema Travellers a été diffusé et est encore diffusé dans un grand nombre de festivals, à Fribourg, à Cinémas du réel et bien d’autres festivals encore. Cinema Novo s’est très bien vendu, évidemment en Amérique du sud, aux Etats-Unis aussi… On reste en contact avec les producteurs, les réalisateurs pour voir comment la vie continue au-delà de la projection cannoise. Même s’ils sont durs à vendre, ce sont des documentaires qui ont très bien marché après Cannes. Ça a été un tremplin, notamment parce que les réalisateurs et les producteurs (dans le cas de Cinema Novo pour les producteurs par exemple) font preuve d’un entrain et d’une volonté commerciale très forte. Ils ont de très beaux films mais ils ont aussi une démarche proactive. Ça, ça dépasse notre cadre, ce sont eux qui font des démarches intenses pour promouvoir leur film et trouver des fenêtres pour faire voir leurs films au-delà de la projection unique à cannes.

L’an dernier, vous avez eu une exposition supplémentaire grâce au cinéma Les Fauvettes qui a repris une partie de la programmation de Cannes Classics. Cette exposition est quelque chose que vous recherchiez auparavant à l’image des autres sections de Cannes toutes reprises à Paris et parfois ailleurs ?

Cette question relève plutôt du domaine de Thierry Frémaux car c’est lui qui va décider en tant que délégué général du Festival de Cannes d’une vie après pour les films immédiatement après la projection cannoise. Moi je m’occupe moins de ça car je travaille surtout sur «l’événement Cannes» en particulier. Je sais qu’il y pensait beaucoup depuis plusieurs années. Il y avait déjà eu en 2009 une programmation au Latina avec quelques films de Cannes Classics. Pour les films de patrimoine, de toute façon, je pense que c’est bien aussi que les films vivent dans d’autres festivals comme le festival lumière qui arrivent plus tard.

Qu’ils vivent de manière indépendante ?

Oui, s’il y a un label Cannes Classics c’est bien pour les films mais c’est surtout une section « plaisir » du festival, pour les cinéphiles.

Quels sont les rapports de Cannes Classics avec le World Cinema Project ?

C’est quelque chose qui est né à cannes en fait, en 2007, pendant le festival. Thierry Frémaux a participé à la naissance de ce qui s’appelait au départ la World Cinema Foundation et a fusionné avec un autre programme, sous la houlette de la Film Foundation, pour devenir le World cinema project en 2014. Thierry Frémaux a participé à sa création et tous les ans des films de leur catalogue sont montrés à Cannes durant le festival. Ça dépend évidemment de ce qu’ils nous proposent, de ce qui est disponible, de nos créneaux dans la salle Bunuel dont on ne dispose pas forcément tout le temps.

Il est ainsi possible chaque année de faire des découvertes comme le western turc La Loi de la Frontière de Lüfti Akad, Un été sans eau de Metin Erksan ou Touki Bouki de Djibril Diop Mambety, film qui n’avait plus de réelle notoriété et maintenant c’est un film revenu sur le devant de la scène cinéphile…

Ce sont en effet des films qui se sont rappelés au souvenirs des amateurs de cinéma. L’UNESCO vient de mettre en place un partenariat avec la Film Foundation et la Fédération Panafricaine des Cinéastes, un Projet pour le patrimoine cinématographique africain qui vise, sur le long terme, à localiser, restaurer et préserver les grands classiques du cinéma africain, en commençant par 50 films d’importance historique, artistique et culturelle. La liste n’est pas encore établie, ça devrait dépendre de l’accord cadre, des copies disponibles, des négatifs ou des copies positives qu’ils arriveront à avoir. Ça va dépendre, à mon avis, de ce qu’ils voudront et pourront avoir, ça devrait être un travail de longue haleine mais c’est un projet excitant en tout cas. On va se replonger de plus en plus dans d’autres cinémas, pakistanais, thaïlandais… il y a beaucoup de cinématographies à découvrir ou redécouvrir et c’est aussi le rôle de Cannes Classics de participer à cela, comme avec les cinémas des pays de l’Est qui avaient une très bonne distribution en France à une époque, appuyée notamment par Georges Sadoul. C’est ça qui est assez incroyable dans le parcours cinéphile actuel, c’est qu’on va partir vers des voies et contrées encore inexplorées, ou mal explorées. Il y a toujours des choses à découvrir, que ce soit dans les films récents ou du passé plus lointain.

Quand je regarde la liste des films présentés durant les quinze premières années de Cannes, je remarque des noms qu’on ne connaît plus du tout aujourd’hui ou pas beaucoup.

On va pouvoir se replonger dans l’histoire de Cannes et redécouvrir des choses exceptionnelles. On a un patrimoine sous-jacent de films présentés au festival qui pourront, on l’espère, dans les années à venir, ressurgir.

(photo : Anthony Harvey/FilmMagic)

La possibilité d’avoir des membres des équipes de films joue un rôle dans la sélection de Cannes Classics ou cela reste anecdotique ?

Non, ce sont des discussions qui viennent une fois la sélection faite. Savoir qui peut présenter le film, et dans quelle mesure ceux qui nous proposent les films peuvent travailler avec nous pour la venue des artistes ou pas, cela se fait conjointement avec les institutions, les distributeurs, les producteurs et/ou les ayants-droit qui nous proposent les films. À partir du moment où on a une idée de la sélection, les discussions s’enclenchent pour savoir qui viendra présenter le film mais nous n’avons aucune obligation dans ce sens-là. C’est plutôt l’idée de plaisir qui reste à l’esprit de la sélection.

Parmi les films sélectionnés à Cannes Classics, je me souviens de la sélection d’un film de 1986, Les Yeux brûlés de Laurent Roth. Je ne savais pas qu’il existait et il y a comme ça des films de « notre ère », d’une période dont nous avons été les témoins directs qui reviennent dans l’actualité. C’est assez émouvant de se rendre compte que notre présent devient notre passé, qu’on oublie des films « nés avec nous », des films de notre patrimoine contemporain.

Oui, c’est en effet assez émouvant de se replonger dans un passé qui nous paraît très proche pour nous car nous l’avons vécu, mais qui l’est évidemment moi pour la génération qui arrive juste après l’est moins. J’ai 42 ans, il y a des gens qui ont vingt ans et à qui on a envie de faire découvrir des films qu’on a vraiment appréciés et aimés, découverts quand on avait leur âge ou même plus jeunes encore. Ça, c’est un des points positifs de Cannes Classics, cette passerelle entre générations de cinéphiles. On se replonge dans une époque qui nous paraît proche mais qui pour quelqu’un de quinze ans ou vingt ans est finalement déjà lointaine.

Carrie Fisher, Fisher Stevens et Gérald Duchaussoy (photo : Georges Coste)

Parmi les personnes venues présenter des films ces dernières années, des rencontres vous ont particulièrement marqué ?

L’année dernière Carrie Fisher était là, et c’était déjà très émouvant de la recevoir au sein de Cannes Classics, de pouvoir montrer ce documentaire autour d’elle et de sa mère Debbie Reynolds. C’était vraiment très émouvant, une rencontre impressionnante. On s’était retrouvé à parler musique et de son chien. Avoir la princesse Leia devant moi et parler musique, de Paul Simon. D’autres présentations sont très émouvantes, je me souviens que Karoly Makk l’année dernière pour Amour avait les larmes aux yeux et était très impressionné de revenir à Cannes 45 ans après. Voir William Friedkin l’année dernière présenter Police Fédérale Los Angeles que j’avais découvert à sa sortie quand j’étais adolescent, c’est vrai que c’était impressionnant. Willem Dafoe était là aussi, il venait présenter un film à la quinzaine (Dog Eat Dog). Sophia Loren est venue pour un film de De Sica en 2014 et c’est toute une histoire du cinéma, du grand cinéma populaire qui était sous nos yeux… Tous les ans il y a beaucoup d’auteurs qui dégagent une force et ont une relation avec le public très très marquante. Quelque chose de cet ordre s’est noué avec Claude Lelouch l’an dernier quand il est venu présenter Un Homme et une femme et c’était assez incroyable de sentir ce ce qui se dégageait, ce que lui dégageait comme énergie et ce que le public lui renvoyait comme amour, c’était un grand moment de connexion entre un public de cinéma et un réalisateur ; ça, s’était assez intense aussi.

Merci à Gérald Duchaussoy pour cet entretien qu’il nous a accordé. Retrouvez en cliquant sur ce lien nos coups de coeur des précédentes éditions de Cannes Classics et sur cet autre lien la programmation de Cannes Classics 2017.

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