
Trois jours avant la révélation de la sélection officielle du prochain Festival de Cannes, on aurait parié sur une autre annonce pour ouvrir cette semaine placée sous le signe de la Croisette : celle du film d’ouverture. En effet, cette vitrine prestigieuse irait comme un gant au nouveau film de Wes Anderson, The Phoenician Scheme, dont la bande-annonce a comme par hasard été diffusée en ligne ce jour.
Au détail près que le réalisateur avait déjà eu les honneurs d’ouvrir le festival en 2012 avec Moonrise Kingdom – ce qui n’avait pas empêché le rappel de Baz Luhrmann (Moulin Rouge et Gatsby le magnifique), ni l’omniprésence de Woody Allen (New York Stories, Hollywood Ending, Minuit à Paris et Café Society) – et que la sortie française de son douzième long-métrage est prévue pour le 28 mai. C’est-à-dire quelques jours après la fermeture de la 78ème édition du festival, qui aura lieu du mardi 13 au samedi 24 mai prochains.
Non, depuis ce soir, nous connaissons le nom du premier lauréat de la Palme d’or honorifique de cette année. Il s’agit de l’acteur américain aussi célèbre qu’adulé Robert De Niro. Il recevra la plus haute distinction du festival lors de la cérémonie d’ouverture, le mardi 13 mai donc. Et il tiendra une masterclass publique en salle Debussy le lendemain.
Parmi les autres (rares) informations dont nous disposons à ce jour en dehors du nom de la présidente du jury, l’actrice française Juliette Binoche (cf. notre article de début février), il y a celui du maître des cérémonies d’ouverture et de clôture, l’acteur français Laurent Lafitte, qui récidive à ce poste après 2016. Ainsi que, également depuis aujourd’hui, celui du président du jury de la Queer Palm, le réalisateur français Christophe Honoré (Marcello mio). Son dernier film avait par ailleurs été présenté en compétition à Cannes l’année dernière. Il a concouru de même à la Queer Palm, dont le gagnant était alors le film roumain Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde de Emanuel Parvu.

The Walt Disney Company France Tous droits réservés
L’immense Robert De Niro (* 1943) n’est nullement un inconnu sur la Croisette. Au fil des ans, il y a très souvent fait escale, grâce à notamment ses quatre films sélectionnés en compétition : Taxi Driver – Palme d’or en 1976 – et La Valse des pantins de Martin Scorsese, Mission de Roland Joffé – Palme d’or en 1986 – et La Liste noire de Irwin Winkler. Hors compétition, on se souvient plus ou moins de ses passages à Cannes avec 1900 de Bernardo Bertolucci en 1976, Mad Dog and Glory de John McNaughton en 1993, What Just Happened ? de Barry Levinson en 2008 et sa dernière collaboration avec Martin Scorsese à ce jour, Killers of the Flower Moon, il y a deux ans.
Surtout, De Niro avait occupé le poste prestigieux de président du jury lors de la 64ème édition du Festival de Cannes en 2011. Son jury composé entre autres de Olivier Assayas, Jude Law, Uma Thurman et Johnnie To avait attribué sa Palme d’or à The Tree of Life de Terrence Malick.
En plus de ses films présentés à Cannes, De Niro peut également se prévaloir d’œuvres cinématographiques aussi marquantes que Le Parrain 2ème partie de Francis Ford Coppola – Oscar du Meilleur Film en 1975 –, Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino – Oscar du Meilleur Film en 1979 –, Il était une fois en Amérique de Sergio Leone, Brazil de Terry Gilliam, Angel Heart Aux portes de l’enfer de Alan Parker, Les Incorruptibles de Brian De Palma, Stanley et Iris de Martin Ritt, L’Éveil de Penny Marshall, Heat de Michael Mann, Copland de James Mangold, Jackie Brown de Quentin Tarantino, Des hommes d’influence de Barry Levinson et Joker de Todd Phillips – Lion d’or au Festival de Venise en 2019.
Et même si ses choix depuis le début du siècle et le double succès de Mafia Blues de Harold Ramis et Mon beau-père et moi de Jay Roach se portent essentiellement sur des comédies gentillettes, Robert De Niro gardera pour toujours une place d’honneur dans l’Histoire du cinéma à travers sa collaboration privilégiée avec le réalisateur Martin Scorsese. Celle-ci fut ponctuée, en dehors des titres précités, de Mean Streets, New York New York, Raging Bull, Les Affranchis, Les Nerfs à vif, Casino et The Irishman.

Amlf / Mary X Distribution Tous droits réservés
Finalement, Robert De Niro n’avait nullement attendu le sacre par le Festival de Cannes pour être reconnu à sa juste valeur. Ainsi, il a été nommé à neuf reprises aux Oscars, dont huit fois pour ses interprétations et comme producteur de The Irishman. Il l’avait gagné deux fois, comme Meilleur acteur dans un second rôle pour Le Parrain 2ème partie en 1975 et comme Meilleur acteur pour Raging Bull six ans plus tard. En termes de prix honorifiques, il a reçu celui de l’American Film Institute en 2003 et celui de la Screen Actors Guild en 2020. Côté festivals, celui de Venise avait précédé celui de Cannes, puisqu’il avait d’ores et déjà attribué son Lion d’or honorifique à De Niro en 1993 ! A Berlin, son deuxième film en tant que réalisateur Raisons d’état avait gagné l’Ours d’argent pour la meilleure contribution artistique en 2007.
Robert De Niro est le sixième acteur américain honoré de la sorte à Cannes, après Clint Eastwood, Forest Whitaker, Tom Cruise, Michael Douglas et Harrison Ford. Il succède aux trois anciens présidents du jury Jeanne Moreau, Bernardo Bertolucci et Clint Eastwood ayant par la suite reçu une Palme d’or d’honneur. A 81 ans, Robert De Niro est légèrement plus âge que le réalisateur italien Marco Bellocchio qui avait reçu la Palme d’or d’honneur en 2021. Par contre, il est plus jeune que l’ont été les lauréats honorifiques les plus âgés : Alain Delon, 83 ans en 2019, Agnès Varda qui avait 86 ans en 2015 et l’imbattable Manoel De Oliveira à 99 ans en 2008.

Tous droits réservés