La 75ème édition du Festival de Cannes s’est terminée hier soir avec l’annonce de son palmarès. Après deux années chamboulées par la crise sanitaire, ce rendez-vous incontournable du cinéma mondial avait peu ou prou retrouvé son lustre du monde d’avant. Alors oui, il y a eu quelques couacs initiaux autour du système de réservation en ligne. Mais dans l’ensemble, la Croisette était égale à elle-même, c’est-à-dire tiraillée entre le bling-bling de la montée des marches et la défense du meilleur du cinéma international. Sans surprise, ce sont donc quelques grands noms du cinéma qui se sont succédés sur la scène du Grand Théâtre Lumière pour remettre les différents prix : Aïssa Maïga, Diane Kruger, Guillaume Canet, Carole Bouquet, Alice et Alba Rohrwacher, Edgar Ramirez, Nicolas Winding Refn, Javier Bardem et Alfonso Cuaron.
Chargé de choisir le successeur de Titane de Julia Ducournau, la Palme d’or de l’année dernière, le jury sous la présidence de l’acteur français Vincent Lindon (Un autre monde) était composé de l’actrice et réalisatrice anglaise Rebecca Hall (Clair-obscur), de l’actrice indienne Deepika Padukone (Bajirao Mastani), de l’actrice suédoise Noomi Rapace (Lamb), de l’actrice et réalisatrice italienne Jasmine Trinca (L’Histoire de ma femme), du réalisateur iranien Asghar Farhadi (Un héros – Grand Prix en 2021), du réalisateur français Ladj Ly (Les Misérables – Prix du jury en 2019), du réalisateur américain Jeff Nichols (Loving) et du réalisateur norvégine Joachim Trier (Julie [en 12 chapitres]).
Et de deux pour Ruben Östlund qui décroche sa deuxième Palme d’or, cinq ans après The Square qui avait obtenu le sacre suprême à Cannes grâce au jury de Pedro Almodovar. Le réalisateur suédois est seulement le neuvième cinéaste a être doublement « palmé », quoique pas le plus rapide à réussir cet exploit. En effet, il n’aura fallu que quatre ans à son compatriote Bille August entre Pelle le conquérant et Les Meilleures intentions, voire trois petites éditions à Michael Haneke pour récidiver en 2012 avec Amour, après Le Ruban blanc en 2009.
Parmi les autres réalisateurs désormais doublement et même triplement récompensés au Festival de Cannes, on peut citer Lukas Dhont (Caméra d’or en 2018 pour Girl), Park Chan-wook (Grand Prix en 2004 pour Old Boy et Prix du jury en 2009 pour Thirst Ceci est mon sang) et Jerzy Skolimowski (Grand Prix en 1978 pour Le Cri du sorcier et Prix du scénario en 1982 pour Travail au noir). Sans oublier bien sûr les frères Dardenne, victorieux à titre personnel pour la sixième fois lors de leur neuvième sélection en compétition.
Palme d’or : Sans filtre (Suéde) de Ruben Östlund, sans date de sortie en France
Grand Prix : Close (Belgique) de Lukas Dhont, sans date de sortie en France et Stars at Noon (France) de Claire Denis, sans date de sortie en France (ex æquo)
Prix de la mise en scène : Park Chan-wook pour Decision to Leave (Corée du Sud), sortie française le 29 juin
Prix du scénario : Boy from Heaven (Suède) par Tarik Saleh, sortie française le 9 novembre
Prix du jury : Eo (Pologne) de Jerzy Skolimowski, sans date de sortie en France et Les Huit montagnes (Italie) de Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch, sortie française le 21 décembre (ex æquo)
Prix du 75ème : Tori et Lokita (Belgique) de Jean-Pierre et Luc Dardenne, sortie française le 28 septembre
Prix d’interprétation féminine : Zar Amir Ebrahimi dans Les Nuits de Mashhad, sortie française le 13 juillet
Prix d’interprétation masculine : Song Kang-ho dans Les Bonnes étoiles, sortie française le 7 décembre
Palme d’or du court-métrage : The Water Murmurs (Chine) de Jianying Chen
Mention spéciale : Lori (Népal) de Abinash Bikram Shah
Caméra d’or : War Pony (États-Unis) de Riley Keough et Gina Gammell, sans date de sortie en France [Un certain regard]
Mention spéciale : Plan 75 (Japon) de Hayakawa Chie, sans date de sortie en France [Un certain regard]
Prix de la Commission Supérieure Technique de l’artiste-technicien : Sans filtre (Suéde), sans date de sortie en France – Andréas Franck, Bent Holm, Jacob Ilgner et Jonas Rudels (équipe son)
Prix de la Commission Supérieure Technique de la jeune technicienne de cinéma : Un petit frère (France), sans date de sortie en France – Marion Burger (cheffe décoratrice)