Cannes 2019 : Parasite (compétition)

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Parasite

Corée du sud, 2019

Titre original : –

Réalisateur : Bong Joon-ho

Scénario : Bong Joon-ho, Jin Won-han, Hitoshi Iwaaki

Acteurs : Song Kang-ho, Cho Yeo-jeong, So Dam-Park

Distribution : The Jokers / The Bookmakers

Durée : 2h12

Genre : Drame, thriller

Date de sortie : 5 juin 2019

4,5/5

Deux grands noms semblent être ressortis de la « nouvelle vague coréenne » qui s’est déversée dans les esprits cinéphiles il ya maintenant quinze ans. D’un côté Park Chan-wook (Old Boy, Mademoiselle, et bien d’autres grands films). De l’autre, Bong Joon-ho, cinéaste tout aussi passionnant, dont le Okja, présenté en compétition il y a deux ans, avait malheureusement plus fait parler de lui pour les polémiques sur Netflix, que pour sa pourtant très grande qualité. Aucun débat ne vient lui faire de l’ombre cette année : parlons de Parasite pour ce qu’il est.

Synopsis : Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne…

Bong Joon-ho a spécifiquement demandé, dans une lettre ouverte, de ne pas révéler l’intrigue passé un certain point. Une peur du spoil qui semble aussi être présente chez Tarantino, qui a fait la même demande plus tôt dans la journée. Dans Parasite, on pourrait donc craindre que tout le sel ne repose que sur un twist … Mais ce serait mal connaître le cinéaste coréen. Bien qu’on puisse rapidement deviner l’évolution de l’intrigue qu’il souhaite préserver, c’est le film en lui-même qui est, pour reprendre les mots de la lettre, une « véritable offrande ».

Parasite est avant tout une histoire de famille(s) : celle des protagonistes, qui doivent vivre dans un entre-sol et celle des Park, socialement à l’opposé des précédents. Comme d’habitude chez Bong Joon-ho, quelques plans suffisent pour nous faire ressentir une empathie immense envers les personnages. Ici, tous sont attachants, même (et surtout) lorsque les évènements prennent un tournant inattendu. Car s’il y a une chose dont le cinéaste semble s’être fait la spécialité, c’est le changement de ton. En un seul changement de plan, le spectateur passe d’un émotion à l’autre. Impossible de définir avec précision à quel genre appartiennent ses films, et en particulier Parasite : ils ne se bornent pas à des cases.

Bong Joon-ho n’a pas besoin de détours pour faire avancer son récit : tout s’enchaîne naturellement, grâce à une mise-en-scène, n’ayons pas peur de le dire, virtuose. En plus d’être visuellement très beau, Parasite est dans la droite lignée de Memories of murder ou Mother. Un film qui a certes des cadres soignés, une photo exquise et des acteurs parfaits dans leur rôles, mais cela ne suffirait pas à faire la différence. Non, le cinéaste a ce petit « plus », cette maitrise visuelle qui le rapproche des plus grands.

A la vision de Parasite, nous nous sommes sentis comme devant un film d’Hitchcock. Ce dernier est souvent cité à tort et à travers, mais le cinéma de Bong Joon-ho nous en semble le digne héritier. Non pas par son « suspense », terme réducteur pour l’un comme pour l’autre, mais par sa gestion du rythme, sa maitrise de l’espace, qui donnent au film une cohérence sans faille. Vous l’aurez compris, Parasite est un grand film – peut-être pas le chef d’œuvre du cinéaste, mais un très grand film tout de même.

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