Cannes 2019 : On va tout péter (Quinzaine)

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On va tout péter

France, 2019
Titre original : –
Réalisateur : Lech Kowalski
Distribution : –
Durée : 1h48
Genre : Documentaire
Date de sortie : sans date de sortie

Note : 3/5

Le polonais Lech Kowalski signe un documentaire immersif nous plongeant au coeur du combat social des ouvriers de GM&S

Synopsis : Un mix de blues et de rock and roll : voilà le secret d’une révolte réussie. Quand je suis arrivé en plein cœur de la France dans l’usine d’équipement automobile GM&S menacée de fermeture, j’ai senti qu’un concert exceptionnel allait s’y donner. Il le fut : paroles inventées par des salariés poussés au-delà des limites du supportable, musique écrite par des êtres humains déterminés à bouleverser toutes les règles, y compris celles de la lutte… Et comme le son était suffisamment fort pour attirer les médias nationaux, le concert a résonné dans le pays tout entier. J’étais là, caméra en main, composant mon film grâce au lyrisme déchaîné de ces hommes et de ces femmes, en retrait, mais avec eux.

Des hommes fiers

Documentariste reconnu pour ses films traitant de la scène punk ou, plus généralement, de la culture underground, Lech Kowalski a décidé, en 2017, d’aller filmer, dans la Creuse, la lutte des ouvriers de l’équipementier automobile GM&S, menacés par une liquidation judiciaire et par une vague de licenciements. On va tout péter fait bien sûr penser au mouvement des gilets jaunes, qui rappelons-le, n’existait pas encore à l’été 2017. Mais les propos de certains ouvriers, les blocages de routes et les plusieurs altercations avec la police que l’on peut voir dans le film rappellent les événements qui sont nés, en France, fin 2018.

Il va s’en dire que la situation de ces ouvriers offre un cadre idéal à la constitution d’un documentaire captivant, fait de suspense, de tensions et, malheureusement, de dénouements tragiques. Les 110 minutes qui composent le documentaire sont rythmées par de nombreux accrochages, que ces derniers opposent les salariés aux policiers, aux journalistes, au président Macron ou encore aux salariés eux-mêmes qui, après des semaines de combat, finissent par ne plus faire front commun. Le réalisateur polonais nous montre une lutte sociale dans son entièreté : son but, son organisation, ses actes mais aussi ses excès et ses limites.

Sans rentrer dans un pathos affligeant, On va tout péter nous place du côté de ces hommes fiers de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font. Humain et sincère, le documentaire offre de belles scènes de fraternité. Lech Kowalski sait où et quand appuyer sur le bouton ON de sa caméra pour capter des moments intimes et forts comme en témoigne cette belle séquence au cours de laquelle un ouvrier de GM&S et un policier échangent autour de leur passion commune (la pêche) et évoquent la frustration qui ronge les deux camps alors même que ceux-ci venaient de se bastonner quelques minutes auparavant.

Conclusion

Qu’on adhère ou pas au message, On va tout péter ne peut laisser insensible. Filmant la solitude d’une usine et son combat à l’issue incertaine, Lech Kowalski parvient à retranscrire la vérité et la férocité d’un événement social important.

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