Cannes 2019 : Et puis nous danserons (Quinzaine)

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Suède, Géorgie, 2019
Titre original : And Then We Danced
Réalisateur : Levan Akin
Scénario : Levan Akin
Acteurs : Levan Gelbakhiani, Bachi Valishvili, Ana Javakishvili
Distribution : ARP Sélection
Durée : 1h46
Genre : Drame
Date de sortie : sans date de sortie

Note : 3,5/5

( copyright Anka Gujabidze)

Synopsis : Merab s’entraîne depuis son plus jeune âge dans le cadre de l’Ensemble National Géorgien avec sa partenaire de danse, Mary. Son monde est brusquement bouleversé lorsque le charismatique Irakli arrive et devient son plus fort rival et son plus grand désir.

Valse sentimentale

And then we danced n’est pas un film de danse. Pourtant, le film du suédois Levan Akin accumule tous les clichés du genre. Des vociférations d’un professeur tyrannique à l’arrivée d’un nouveau danseur rival en passant par l’annonce impromptue d’auditions, presque toutes les ficelles narratives des films de danse sont exploitées. Mais ici la danse n’est qu’une toile de fond permettant d’exploiter quelque chose d’encore plus fort et intime que cet art millénaire : l’amour. Dans une Géorgie authentique, Merab, incarné par l’étonnant Levan Gelbakhiani, représente cette jeunesse débrouillarde et ambitieuse. Danseur talentueux, sa rencontre avec Irakli, campé par Bachi Valishvili, lui procure un choc. Merab traverse alors une perte de repères sentimentaux et sexuels qui n’est pas sans rappeler celle du personnage de Timothée Chalamet dans Call Me by Your Name (2017). D’ailleurs, le film, par bien d’autres aspects, rappelle celui de Luca Guadagnino.

Une société à double vitesse

Originaire de Géorgie, le réalisateur de 39 ans souhaitait mettre en avant cette société et cette jeunesse géorgiennes. La bande-originale, composée par des musiques du pays, forme une appréciable découverte auditive variant les styles puisque Levan Akin s’amuse à balader son spectateur au sein de plusieurs lieux témoignant de cette effervescence musicale : bar, boîte de nuit, mariage traditionnel etc. Bien sûr, la danse géorgienne est également mise en avant. Lourde et technique, elle s’impose abruptement à nos yeux. Si le film transpire d’une certaine forme de fierté culturelle, il est également critique vis-à-vis de l’aspect conservateur de la tradition géorgienne. And Then We Danced nous montre une Géorgie passéiste où l’homosexualité est vue soit comme une maladie soit comme un crime. Les personnages principaux incarnent dès lors une jeunesse éclatante bridée à l’intérieur d’une société figée. Toutefois, le message final de l’œuvre se veut, à travers une scène finale très symbolique, porteur d’espoir.

Une oeuvre lacunaire

Malgré de légitimes intentions et de bonnes idées, il semble manquer quelque chose au film de Levan Akin. Il manque de ces scènes desquelles vous ressortez perturbés de la salle. Ces scènes qui, par leur réalisation et leur message, vont font aimer le cinéma. La mise en scène ne parvient pas à totalement rejoindre l’ambition du projet. On regrette également la manière de filmer les scènes chorégraphiées. Même si l’on sait combien il est difficile de la capter, And Then We Danced fait le choix de montrer la danse par des enchaînements de gros plans et un montage saccadé qui, même s’il colle à rudesse de la danse géorgienne, nous empêche de l’apprécier et de la comprendre dans son ensemble.

Conclusion

Plaisant, intéressant et important, le dernier film de Levan Akin, dans lequel la danse des cœurs se substitue à la danse des corps, propose un récit attachant au sein d’un décor original. Sans transcender, And Then We Danced, en plus d’être porté par un duo d’acteurs valant le coup d’œil, offre tout de même un regard honnête et juste sur un sujet douloureux.

https://vimeo.com/335386265

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