Dogs Don’t Wear Pants
Finlande : 2019
Titre original : Koirat Eivät Käytä Housuja
Réalisateur : Jukka-Pekka Valkeapää
Scénario : Jukka-Pekka Valkeapää, Juhana Lumme
Acteurs : Krista Kosonen, Pekka Strang, Ester Geislerová
Distribution : –
Durée : 1h45
Genre : Drame, thriller
Date de sortie : sans date de sortie
4,5/5
Invité à la 51e Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, le réalisateur finlandais Jukka-Pekka Valkeapää a créé la surprise avec un somptueux film sur le monde BDSM.
Synopsis : Un homme lutte pour faire face à la perte de sa femme dans un accident et retrouve peu à peu le goût de vivre après avoir rencontré une autre femme, Mona, adepte de pratiques SM.
Une sombre affaire de cuir
Avec Dogs don’t wear pants, J.-P. Valkeapää donne la fessée à l’insipide Cinquante nuances de Grey. Le finlandais offre une véritable œuvre de cinéma en utilisant l’univers BDSM pour mettre en exergue les sentiments d’un veuf que les événements de la vie ont rendu falot. La femme de Juha s’est noyée il y a dix ans. Le quarantenaire vit désormais une vie très ordonnée avec sa fille qui est en train de traverser l’adolescence. Voilà dix longues années que Juha traîne avec lui un vide qu’il n’arrive pas à combler. Au cours d’une très belle scène, il rencontre par hasard Mona, une adepte des pratiques BDSM qui travaille la nuit au sous-sol d’un salon de tatouage dans lequel elle fait subir des sévices toujours plus vicieux à ses clients.
Le choc attendu entre cet homme à la vie si rangée et ces pratiques si dérangées est particulièrement jouissif. De fait, on comprend vite que le sexe BDSM est une révélation pour Juha puisque ces pratiques, qui le plongent parfois entre la vie et la mort, lui permettent de rentrer dans une sorte d’état de transe lui rappelant sa femme. Se soumettant de plus en plus, Juha devient ce chien qui ne porte plus de pantalon et qui s’attache progressivement à sa maîtresse. Il n’a plus été aussi vivant depuis longtemps. Jusqu’où cette source intense de plaisirs va-t-elle le mener ? Au spectateur d’enfiler sa plus belle combinaison en cuir pour le découvrir. Il devra toutefois s’attendre à quelques scènes qui, sans être insupportables, pourraient s’avérer difficiles à regarder.
Le sexe BDSM sublimé
Tout le génie du film tient au fait de magnifier une pratique pouvant paraître sale. La photographie est parfaite et la lumière, utilisant les néons, rappelle, notamment par ses couleurs, certains aspects du génie de Nicolas Winding Refn. À la fois sombre et coloré, Dogs don’t wear pants est sublime. Juha est campé par un Pekka Strang qui livre ici une partition absolument géniale, nous faisant douter de la propre santé mentale de l’acteur. La mise en scène, enfin, est réfléchie et soignée. Les sentiments des personnages sont clairement exposés, sans lourdeur, comme en témoigne cette scène qui, au début du long-métrage, reflète l’absence de la femme de Juha par une masturbation assez particulière.
Pas de dialogues ou de plans pompeux, les événements s’enchaînent limpidement, pour le plus grand plaisir de nos yeux et de nos oreilles qui jouissent également d’une superbe partition sonore qui témoigne, du début jusqu’à la fin, de l’ambivalence de nos émotions face à ce film aussi dérangeant que fascinant. Notons, pour finir, un aspect qui donne à Dogs don’t wear pants son ton si particulier : l’humour. Loin d’être omniprésent, un humour à la fois subtil et grotesque est disséminé dans plusieurs scènes du film. Heureusement, le réalisateur n’a pas fait l’erreur de faire basculer son long-métrage dans la farce permanente et ces plaisanteries savamment dosées confèrent une dimension très singulière à cette œuvre filmique.
Conclusion
Magnifique, tragique, repoussant et drôle, Dogs don’t wear pants est assurément l’une de ces petites pépites cinématographiques de l’année. Les chiens ont beau ne pas porter de pantalon, Jukka-Pekka Valkeapää, lui, est culotté. Prenant le risque audacieux de donner à son œuvre une touche excentrique, le finlandais a tenté un pari qui se révèle payant. Coup de fouet garanti.