Cannes 2018, carnet de bord, sixième partie

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Retour gagnant pour Stéphane Brizé et Vincent Lindon, quatre ans après La loi du marché, qui avait permis au deuxième de remporter le prix d’interprétation sur la Croisette en 2015 ? En guerre (4/5) a en tout cas déjà laissé une empreinte forte avec ses désillusions sur la lutte sociale. Malgré les sacrifices financiers des salariés et un bénéfice record, l’usine Perrin Industrie décide la fermeture totale du site malgré la promesse de maintenir l’emploi pendant au minimum cinq ans. Les salariés, menés par leur porte-parole, vont se battre contre cette décision brutale. «Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu», cette citation de Bertolt Brecht ouvre ce film coup de poing sur l’importance du combat et du respect de la parole donnée dans le monde du travail. En ces temps où l’engagement est de plus en plus mal considéré, un tel brûlot fait du bien. Le combat est sublimé par la musique immersive de Bertrand Blessing qui ajoute une noblesse à la résistance de ces ouvriers. Le propos est complexe, notamment sur la couverture biaisée des médias (BFM en prend pour son grade) des événements dont nous voyons les coulisses.


Hector Malot : The Last Day of the Year

Suite de la programmation des courts-métrages de la Semaine de la Critique, avec notamment la Amor, Avenidas Novas du portugais Duarte Coimbra. Un trentenaire gentiment mou offre un matelas à un couple d’amis, et se retrouve ensuite par hasard sur un tournage où il rencontre la jolie Rita. Une comédie un peu musicale aux ambitions modestes mais joliment écrite et interprétée. Dans Hector Malot : The Last Day of the Year, Jacqueline Lentzou trace la journée ordinaire de la jeune Sofia, un peu malheureuse mais pas trop, qui mène sa vie sans passion. Pourtant, un espoir naît au bout de vignettes emplies de spleen, pour une tranche d’une vie finalement moins désespérée qu’on eût pu le craindre. Cruauté et humour noir dansExemplary citizen du coréen Kim Cheol-hwi. Dans l’arrière-boutique d’un lieu de paris hippiques illicites, des toilettes sales et abandonnées. Ho-Jun y entre, impeccablement habillé, et entreprend de nettoyer ces toilettes. La conclusion d’un cynisme total, conclue de façon étonnante l’ambition d’un jeune homme bien pragmatique…

Long Day’s Journey Into Night de Bi Gan (3,5/5) est une sacrée expérience découverte dans la section Un Certain regard. Filmé comme un rêve avec des allers-retours entre le passé et le présent, cette œuvre narrative et expérimentale se déroule de façon pas tout à fait normale pendant un peu plus d’une heure, avant de dévier encore plus vers l’étrange et le mystère lorsque le personnage principal entre dans une salle de cinéma. Déjà brillant quoiqu’un peu confus dans son récit (sans que cela amoindrisse son grand pouvoir de fascination), le film nous embarque dans un autre film soudain en 3D. La maestria de l’exécution formelle de cette deuxième partie restera longtemps dans les esprits. Une sacrée surprise qui nécessitera certainement une deuxième vision…

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