Cannes 2018, carnet de bord, deuxième partie

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La compétition française démarre bien, avec deux films aux registres très différents. Dix ans après Les chansons d’amour, Christophe Honoré revient pour la première fois en compétition officielle avec Plaire, aimer et courir vite (3,5/5) avec ce récit en partie autobiographique. Une histoire d’amour positive, située au début des années 90, entre un étudiant rennais de 22 ans et un écrivain parisien âgé d’une dizaine d’années de plus, joués respectivement par Vincent Lacoste et Pierre Deladonchamps. Les dialogues d’une haute tenue littéraire sont interprétés de façon vivante, avec une mise en scène qui saisit aussi bien le désir que l’amour. Malgré la tragédie potentielle et les aléas du coeur dépeints avec sensibilité, la tonalité est souvent enjouée. Un joli drame passionnel, marqué par une envie de vivre flamboyante, malgré les aléas de la vie… Retrouvez ici la critique détaillée de Tobias.

Plus fascinant encore est l’essai expérimental Le Livre d’image, nouvel opus de Jean-Luc Godard (4/5) qui nous surprend au moins autant qu’avec Adieu au langage, prix du jury en 2014, ex aequo avec Mommy. Après le jeu sidérant avec la 3D, il s’amuse ici avec des effets sonores inédits qui prennent tout leur sens au cinéma. Mais il ne s’agit pas que d’un jeu. Malgré son âge canonique (il est né en 1930), ce grand inventeur de formes reste un jeune homme en colère qui dénonce une société bien sombre, la guerre et autres formes d’exploitation ou d’entretiens de la haine. Il nous perd parfois, souvent même, avec son montage d’images foisonnantes qui s’enchaînent durant sans nous laisser souffler. Un exercice de style opaque mais passionnant, à condition de se laisser kidnapper par l’inventivité de ce génie du 7e Art qui prouve une nouvelle fois qu’il a encore de l’imagination à revendre.

Avec Cold War, Pawel Pawlikowski (2/5) (compétition) signe une bien froide histoire d’amour qui ne nous touche pas vraiment. Fin des années 40, en Pologne. Zula est repérée dans un petit village pour rejoindre un spectacle musical à la gloire du Parti Communiste. Viktor tombe amoureux d’elle, charmé par sa voix et son tempérament. Lorsqu’il profite d’une escale en Europe pour fuir vers l’ouest, elle refuse de le suivre, craignant de perdre son statut chèrement acquis de vedette officielle. Ce nouveau film du réalisateur de Ida est porté par l’intense prestation de Joanna Kulig qui mêle habilement fausse innocence et mystère de femme fatale. La première partie est de loin la plus convaincante, autant la partie documentaire passionnante sur la captation de chants traditionnels sortis de l’oubli que la savoureuse charge politique. Le récit s’englue bien vite dans une bluette pas du tout crédible, plombée par une improbable succession d’obstacles. Le beau noir et blanc ne cache pas la pauvreté du scénario, avec rebondissements lourds et méchant d’opérette. .

Pas du tout convaincant, le premier film Français découvert à la Quinzaine des Réalisateurs. Joueurs de Marie Monge (1/5) est une immense déception venant d’une réalisatrice appréciée avec le très convaincant court-métrageMarseille la nuit, qui révéla Karim Leklou. Ella, gérante du bistrot de son père, tombe sous le charme d’Abel, le nouveau serveur. Accroc aux jeux de hasard, il l’entraîne dans son addiction et la fait plonger dans un univers dont elle ne soupçonnait pas l’existence. À travers le regard d’une candide timide fascinée par un séducteur un brin sauvage, Marie Monge dépeint un Paris souterrain méconnu, potentiellement intéressant mais dont on se fiche royalement. La réalisatrice accumule les péripéties auxquelles on ne croit pas, avec des dialogues souvent ridicules. Il est difficile de croire à l’attachement de cette jeune femme pour un type si antipathique. Stacy Martin et Tahar Rahim ne peuvent rien faire pour rattraper cet échec artistique qui nous a vite donné envie de fuir de la salle.

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