Cannes 2016 : palmarès de l’Oeil d’or

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Le jury de la deuxième édition de ce nouveau prix remis par la SCAM à un documentaire présenté durant le Festival de Cannes parmi l’ensemble des sélection officielles comme parallèles a mis en valeur cette année la qualité du travail de recherche et de propositions enthousiasmantes de Cannes Classics qui présente certes des classiques du cinéma, reconnus ou oubliés, restaurés ces derniers mois mais aussi des films qui interrogent les cinématographies de tout genre et nous accompagnent dans notre amour du cinéma. Le réalisateur italien Gianfranco Rosi et ses jurés (dont la comédienne Natacha Régnier, dont il est nécessaire de rappeler qu’elle est à l’affiche du poétique Le Fils de Joseph d’Eugène Green) ont récompensé deux films de cette section menée par Thierry Frémaux, délégué général du Festival et Gérald Duchaussoy. Une sélection riche, foisonnante et passionnante, frustrante car alimentant le stress de tout festivalier curieux : quel film voir en plus de la compétition (que beaucoup de personnes présentes doivent voir en intégralité), quelles pépites découvrir ailleurs ? Cette année, la sélection de Cannes Classics aurait suffit à elle seule à remplir un très joli carnet de bal, ne citons que l’odyssée de Bertrand Tavernier, Voyage à travers le cinéma français, où en évoquant son parcours et ses choix personnels, il évite l’encyclopédie filmée et l’amoncellement d’images d’archives et d’extraits. Il les arrange et les monte comme un journal intime d’une durée de 3h15 sans arc chronologique didactique mais plutôt comme une suite de souvenirs qui reviennent à sa mémoire. Nous reviendrons plus en détails sur ce film qui sortira en salles, ainsi que sur un autre, Close encounters with Vilmos Zsigmond lui aussi attendu sur grand écran à l’automne prochain mais trêve de digression et revenons au prix de l’Oeil d’or.

Le prix de l’Oeil d’or a été créé pour améliorer la visibilité des documentaires sur la Croisette (voir news). Anne Georget, présidente de la Scam, a rappelé en préambule le soutien de la Société civile des auteurs multimedia au cinéaste iranien Keywan Karimi, condamné notamment à un an de prison à cause de son documentaire Writing on the City. Gianfranco Rosi, Lion d’or à Venise en 2013 pour Sacro GRA et Ours d’or pour Fuocoammare en février dernier, a précisé qu’il s’agissait de sa première visite à Cannes. Thierry Frémaux étant présent pour la remise du prix, c’était amusant d’ailleurs, mais sans malice. Il a évoqué la difficulté de se mettre d’accord pour trouver le lauréat : «Nous pensions qu’il serait facile de faire un choix mais il nous a fallu finalement six à sept heures de longues mais chaleureuses conversations». Une mention a d’abord été accordée à The Cinema Travellers (Les Cinémas Voyageurs) de Shirley Abraham et Amit Madheshiya qui s’attachent à dépeindre, selon les mots du jury «la fin d’une ère dans le cinéma en Inde, à travers trois personnages archétypaux sans tomber dans le sentimentalisme, avec un regard prometteur, tendre et incisif sur un monde en mutation».

Synopsis officiel : Une fois par an, les cinémas itinérants apportent la magie des films jusque dans les villages reculés de l’Inde. Sept décennies plus tard, tandis que leurs camions et leurs projecteurs tombent en ruine et que les bobines de films se font rare, leur public a été détourné par une technologie numérique enjôleuse. Filmé sur cinq années, Les Cinémas voyageurs accompagnent un exploitant astucieux, un forain bienfaisant et un réparateur de projecteurs non-conformiste, qui portent un magnifique fardeau – continuer de faire marcher les derniers cinémas itinérants au monde.

The Cinema Travellers

L’Oeil d’or a ensuite été remis à Cinema Novo d’Eryk Rocha, «un film manifeste sur la pertinence d’un mouvement cinématographique oublié, un essai pessimiste et passionné sur un cinéma poétique sensuel et sensoriel», celui notamment de Nelson Pereira dos Santos, Glauber Rocha, Leon Hirszman, Joaquim Pedro de Andrade ou Ruy Guerra que l’on peut/a pu heureusement (re)découvrir ces dernières années à Paris grâce au dévouement de Bernard Payen à la Cinémathèque Française ou au festival de films brésiliens de Paris. L’on espère les découvrir rapidement, le deuxième dans ce même festival, le premier, pourquoi pas, au Festival de Films de Femmes de Créteil, les deux au Grand Lyon Film Festival qui se tient chaque année autour de l’Institut Lumière avec notamment une belle liste de documentaires autour du cinéma.

Parmi les autres films en lice, citons les excellents Gimme Danger de Jim Jarmusch et Risk de Laura Poitras (critique), avec une pensée pour ceux qui ont hélas échappé aux stackhanovistes que nous sommes pourtant…

cinema novo 02

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