Cannes 2015 : 3e jour : Le Fils de Saul, 3 Souvenirs, Le Géant Endormi

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Tant de films et si peu de temps dans chaque journée, non seulement pour les voir mais aussi pour choisir ceux vers lequel nous allons nous diriger. Dans ce compte-rendu : un film de la compétition, un film de la Quinzaine de la compétition, un dernier de la Semaine


le fils de saul 00Le Fils de Saul (Compétition)

Synopsis : Octobre 1944, Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums quand il découvre le cadavre d’un garçon dans les traits duquel il reconnaît son fils. Alors que le Sonderkommando prépare une révolte, il décide d’accomplir l’impossible : sauver le corps de l’enfant des flammes et lui offrir une véritable sépulture.

Notre critique 3/5 :

La démarche de Laszlo Nemes, apprenti de Bela Tarr est radicale : se plonger dans l’enfer des camps d’extermination via un sonderkommando, ces prisonniers chargés de mener d’autres déportés vers la mort avant d’être eux-mêmes exécutés au bout de quelques mois de services. L’ouverture est claire et frontale avec le cheminement des victimes vers le lieu de leur exécution, les cris et les sons déchirants et l’après, le nettoyage des pièces et la dispersion de ce qu’il reste des corps et de leurs affaires. La mise en scène immersive (façon Dardenne, Van Sant ou Alan Clarke) laisse espérer un talent derrière la caméra (à confirmer) mais la question de la légitimité de représenter dans une fiction la solution finale reste posée et pose un problème, surtout lorsque l’on repense à la recréation indirecte par Rithy Panh des crimes des Khmers Rouges. Plus intéressante et moins dérangeante est l’incursion du mythe d’Antigone à travers le mouvement ininterrompu de cet homme que l’on ne quitte pas, dans son geste inutile pour enterrer son fils qu’il retrouve parmi les victimes. Un enterrement qui ne pourra être qu’illusoire et menace ceux qui sont encore vivants.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=5oV-WB4zliU[/youtube]

 


selfish giant 01Le Géant endormi (Semaine de la Critique)

Synopsis : Adam passe les vacances d’été avec ses parents sur le lac Supérieur. Sa routine vole en éclats lorsqu’il
rencontre Riley et Nate, deux cousins très sûrs d’eux qui occupent leur temps libre entre débauche et
sauts du haut des falaises. La révélation d’un secret douloureux oblige Adam à agir de façon
irréversible, ce qui mettra à l’épreuve les liens d’amitié entre les trois adolescents et les changera
définitivement.

Notre critique :

Ce premier long de Andrew Cividino est un récit initiatique avec trois adolescents qui passent l’été au bord du Lac Supérieur, au Canada. Ils se lancent des défis, se jettent du haut de falaises escarpées pour se prouver qu’ils peuvent le faire, se provoquent et jouent à se défier pour savoir qui est le plus fort. Sur fond d’excellente musique (metal, pop, techno) se joue une rivalité entre Adam venu en vacances avec ses parents et ces deux cousins, l’un au tempérament ombrageux, l’autre plus solaire. La mise en scène du jeune cinéaste est soignée mais le scénario est victime du cliché du drame annoncé où le pire doit arriver pour faire naître l’émotion. Rien de très nouveau dans le genre balisé du film avec adolescents qui doivent affronter un drame marquant pour grandir mais de jolis moments avec ce beau trio d’adolescents et un portrait de père faussement libéral assez sinistre de mauvaise foi.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=SQQLy0o2Ias[/youtube]

 

 


trois souvenirs de ma jeunesse afficheTrois souvenirs de ma jeunesse (Quinzaine des Réalisateurs)

Synopsis : Après huit ans d’absence, Paul Dédalus, anthropologue au Tadjikistan, décide de rentrer en France mais est arrêté à la douane, son passeport n’étant plus en règle. Il repense alors à ses rapports houleux avec sa mère folle, à un voyage en Union Soviétique avant la chute du Mur de Berlin et à sa relation avec Esther, le grand amour de sa vie.

Notre critique 3,5/5 :

Avec ces trois réminiscences aériennes, Arnaud Desplechin nous redonne des nouvelles de son héros créé par Mathieu Amalric dans Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle). Allers et retours entre passé et présent, entre le rêve et le réalité glissent avec une précision d’orfèvre avec des dialogues et une voix-off littéraires agréables à l’oreille. Pourtant très bavard, jusqu’à la voix-off omniprésente, le cinéma de l’auteur de La Sentinelle possède un souffle romanesque rare dans le cinéma français qui fait passer ce qui pourrait passer pour des défauts ou des lourdeurs, avec un sens du mystère allégé par une étrange apparition d’André Dussolier en espion, de la passion feutrée et du marivaudage Wertherien avec ses adolescents trop sérieux. Mathieu Amalric fait évoluer Dédalus dans un labyrinthe où il se perd entre sa relation douloureuse avec le passé et comme une impossibilité de se projeter dans le futur.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=MwaE4nSotyw[/youtube]

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