Café de Flore
France, Canada : 2010
Titre original : Café de Flore
Réalisateur : Jean-Marc Vallée
Scénario : Jean-Marc Vallée
Acteurs : Vanessa Paradis, Evelyne Brochu
Distribution : UGC Distribution
Durée : 2h00
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 25 janvier 2012
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Même s’il est difficile de parler de Café de Flore sans en dire trop et risquer de spoiler l’histoire, on peut tout de même recommander le nouveau film de Jean-marc Vallée (réalisateur de C.R.A.Z.Y.) sans prendre trop de risques. Mais attention, le film a beau être un petit bijou, il n’en est pas pour autant un film « grand public » qui plaira au plus grand nombre…
Synopsis : Il n’est pas facile de dire adieu à ceux qu’on aime ; pour y parvenir, il faut parfois toute une vie – ou deux. Entre le Paris des années 1960 et le Montréal d’aujourd’hui se déploie une vaste histoire d’amour à la fois sombre et lumineuse, troublante et malgré tout pleine d’espoir. Café de Flore raconte les destins croisés de Jacqueline une jeune parisienne mère d’un enfant unique, d’Antoine un DJ montréalais ainsi que des femmes qui l’entourent. Ce qui les relie : l’amour, troublant, maladroit, imparfait et inachevé… humain.
Une réalisation parfaite
Que ceux qui ont vu et aimé C.R.A.Z.Y du même réalisateur se rassurent : Café de Flore fait la même chose que ce premier film étonnant…mais en mieux. On y retrouve des thèmes, des personnages et des plans qui sont chers au réalisateur: voilà donc un florilège d’histoires de familles éclatées, de cigarettes, de problèmes d’identité, d’adolescents rockeurs, d’amour à outrance et surtout de musique.
Le réalisateur maitrise toujours autant l’ellipse à la perfection, et joue avec le spectateur en semant des indices durant tout le film avant de vous amener à la fin qu’il a voulu et prévu depuis la première scène du film. Autre effet de style maitrisé et apprécié de Vallée: le ralenti. Il en use et abuse dans Café de Flore. Cela en lassera certains, tandis que les autres se laisseront emporter par ces petits moments de grâce soit silencieux, soit bercés par une musique accompagnant chaque mouvement à l’écran. Quoi qu’il en soit, ces ralentis, ellipses et autres gros plans et flous donnent une vraie identité au film, un rythme et surtout une poésie que le réalisateur combine avec sa maîtrise de la caméra.
Dans Café de Flore en effet, vous naviguerez entre la modernité du Canada actuel et un Montmartre des années 60 reconstitué dans le moindre détail, et tourné dans les tons sépia qui fera ressembler les scènes parisiennes à une succession de Polaroïds jaunis par le temps. Et le temps, c’est justement un des sujets principaux du film. En faisant le lien entre des histoires d’amours différentes à des époques et dans des lieux complètement distincts, Jean-Marc Vallée nous triture les méninges et nous emmène dans un univers mystique que l’on est peu habitué à voir au cinéma. Mais en plus de l’amour et le phénomène du lien présent durant tout le film, Café de flore traite de sujets totalement variés comme la religion, l’acceptation de la différence, du handicap, ou des luttes entre les classes sociales, sans jamais tomber dans la surenchère d’idées.
Ses histoires d’amour sont bouleversantes, touchantes et criantes de vérité. La faute à des acteurs qui crèvent tous l’écran. Kévin Parent et Hélène Florent pour le côté canadien sont d’une justesse et d’une simplicité qui frôlent la perfection, tandis que Vanessa Paradis et son enfant trisomique du côté français auront de quoi vous donner des frissons. Cette dernière n’a pas eu peur de s’enlaidir, et campe une femme forte, à la fois grossière, pauvre, mais surtout déterminée, seule, courageuse et aimant son fils plus que tout. Au point même d’en devenir égoïste et désemparée lorsqu’elle doit partager l’amour de ce fils avec quelqu’un d’autre…
Mais le vrai personnage central de Café de Flore, c’est bien la musique. Elle n’accompagne pas le film, elle joue. Elle illustre des moments sans paroles. Elle vous touche et vous fait comprendre les émotions. Toujours rock, comme dans CRAZY, on y retrouve du Pink Floyd ou du The Cure, mais aussi une reprise de Noir Désir et surtout le « Doctor Rockit » de Matthew Herbert qui sert de fil conducteur tout au long du film. Cette chanson devient une rengaine entêtante, répétée sans cesse et créant le lien entre les deux époques et les différents protagonistes qui ne se sont pourtant jamais rencontrés.
Un film inhabituel et perturbant
Même si le pitch du film peut vous faire penser à une histoire légère et commune, Café de Flore n’est pourtant pas un film à recommander à tout le monde. Perturbant, déroutant, il en laissera beaucoup pantois. D’autres s’ennuieront surement devant cet enchainement d’effets visuels alternant des périodes de silence, des plans fixes, des gros plans et des excès de ralentit. Le reproche est justifié et l’ennui est compréhensible, surtout pour les personnes pensant venir voir un divertissement banal, portant le nom d’un bar branché de la capitale, le tout avec une petite chanteuse qu’on aime bien. Ceux-là seront déçus, tout comme les personnes terre-à-terre complètement allergiques à tout ce qui n’est pas scientifiquement explicable. De plus, on ne sait trop où veut nous emmener le réalisateur jusqu’à la toute fin du film, ce qui donne lieu à quelques longueurs.
Le film aborde en effet des sujets assez sensibles comme la religion et le supernaturel touchant au mystique. A la façon d’un Tree of Life, Jean-Marc Vallée prend donc le risque de mettre en scène des flashs, des images, des thèmes qui ne vont pas plaire à tout le monde. Toutefois, grâce au scénario ficelé jusqu’au dernier détail de chaque plan, le film fait monter l’émotion en puissance, fait travailler vos méninges pour tout comprendre et vous surprendra jusqu’à la dernière scène.
De plus, Café de Flore bénéficie de différents niveau de lecture, ce qui vous fera oublier les aspects du film auxquels vous n’adhérez pas, et vous vous raccrocherez à une des multiples histoires imbriquées dans l’histoire. Difficile en effet de ne pas être touché par un des sujets présents dans le film emplit de mélancolie, de poésie et d’amour. Une deuxième vision pourrait même être bénéfique pour apprécier tout le travail de Vallée, et réentendre de nouveau la mélodie de Café de Flore raisonner dans vos têtes…
Résumé
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