« Madrigal » confirme la capacité de Breaking Bad à créer des personnages secondaires fascinants en se concentrant sur Mike Ehrmantraut, l’ancien second de Gus Fring. Celui-ci revient en effet cet épisode à l’origine de son personnage : le nettoyeur.
Voir Mike se débarrasser des quelques éléments problématiques de Los Pollos Hermanos et répondre aux questions de la DEA est toujours un plaisir tant il fait preuve de professionnalisme et de calme, mais il est aussi captivant de voir à quel point il semble las. Jonathan Banks joue Mike comme s’il ne vivait plus que pour ces quelques moments passés avec sa petite fille, et qu’il en a plus que jamais assez de devoir traiter avec des gens comme Walt.
On voit aussi que Mike n’est pas aussi froid et calculateur que son ex-patron : il tue Chris parce qu’il le faut, mais en semble sincèrement désolé, ce qui nous rappelle son regard choqué lorsque Gus avait soudainement tué Victor au début de la saison précédente. La violence est nécessaire, mais, comme il le dit à Lydia, on ne règle pas tous ses problèmes en l’utilisant. Dans le fond, Mike est profondément humain… et c’est ce qui pourrait le perdre. Il finit par épargner Lydia par empathie envers sa fille, qui a environ le même âge que sa propre petite fille qu’il adore, Kaylee. Breaking Bad ne cesse de nous montrer des hommes terriblement méthodiques et efficaces mais qui se font inévitablement rattraper par leurs talons d’Achille : la vengeance à tout prix contre les Salamanca dans le cas de Gus, l’empathie de parent pour Mike.
Cela nous amène à Walter, qui, comme on le sait depuis le teaser de « Live Free or Die », ne tardera pas non plus à être sorti de son état de grâce actuel. La roche Tarpéienne est proche du Capitole, et on comprend bien dans cet épisode la grande faiblesse de Walter : son arrogance. Quand Mike l’appelle pour lui dire qu’il a reconsidéré, Walt se contente d’être satisfait et ne se demande pas pourquoi il a changé d’avis, pensant sans doute qu’il l’a convaincu. Il n’est en fait pas conscient des dangers qu’il court, et se pense bien à l’abri de tout soupçon de Hank ou de toute rétribution des anciens partenaires de Gus.
De son côté, Walt continue à manipuler son entourage : il tente de persuader Skyler de le rejoindre dans le mensonge confortable dont il s’est persuadé : que tout ce qu’il fait est nécessaire pour sa famille… et convainc Jesse qu’il n’avait rien à voir avec l’empoisonnement de Brock. La réaction de ce dernier lorsqu’il trouve la cigarette (après un excellent montage dans la tradition de la série) est terrible, car elle met en avant à la fois la naïveté de Jesse et sa relation particulière avec Walter, mais l’on sait très bien que Walt se joue de lui en lui donnant des conseils paternels.
« Madrigal » est, globalement, un épisode parfait de Breaking Bad, mettant en avant les qualités habituelles de la série : une scène d’introduction décalée et intrigante, des moments de tensions et des personnages fascinants mis en avant par des scènes comme le moment où Mike décide d’épargner Lydia ou le moment où Jesse trouve la cigarette.