Tandis qu’à l’autre bout du monde, la saison américaine des prix de cinéma est un peu plus propulsée dans les limbes chaque jour à cause de l’incendie ravageant Los Angeles depuis une semaine, plus près de chez nous, la 75ème édition du Festival de Berlin prend progressivement forme. En fait, depuis les dernières annonces faites hier, notamment celle de la section parallèle des Berlinale Classics, il ne reste quasiment plus que la compétition à être dévoilée, ainsi que la composition du jury sous la présidence du réalisateur américain Todd Haynes. Ce sera normalement chose faite d’ici une semaine, le mardi 21 janvier au matin. Pour rappel, la première Berlinale sous la supervision de la nouvelle déléguée générale Tricia Tuttle se déroulera dans un mois, du jeudi 13 au dimanche 23 février, dans la capitale allemande.
Avant de revenir plus en détail sur cette sélection 2025 de Berlinale Classics, on se permet de faire également mention de la rétrospective de ce Festival de Berlin, dont le thème et les films sont d’ores et déjà connus depuis la mi-décembre. Sous le titre « Wild, Weird et Bloody », c’est-à-dire « Sauvage, bizarre et sanglant », le festival rendra hommage en quatorze films au cinéma de genre allemand des années 1970.
De quoi vous aventurer en plein désert avec Mario Adorf dans Deadlock de Roland Klick, d’assister aux côtés de Raimund Harmstorf à la prise d’otages chaotique évoquée dans Vendredi sanguinaire de Rolf Olsen, de vous émerveiller – ou pas – devant les adaptations libres du mythe de Dracula par Hans W. Geißendörfer dans Jonathan et par Franz Josef Gottlieb dans Lady Dracula. Ou bien de découvrir les débuts en tant que réalisateur de longs-métrages de cinéma de Wolfgang Petersen en 1974 avec Einer von uns beiden.
Alors qu’on apprécie certes l’effort constant du Festival de Berlin de mettre en avant le cinéma de patrimoine sous sa forme fraîchement restaurée – au même titre que Cannes Classics au Festival de Cannes et Venezia Classici à celui de Venise –, le prestige et l’envergure de Berlinale Classics semblent peiner à passer à la vitesse supérieure afin d’égaler la qualité de ses pendants français et italien. Ainsi, après les dix titres sélectionnés l’année dernière, leur nombre baisse à seulement huit cette fois-ci. Avec au moins deux noms ayant marqué l’Histoire du cinéma (Alfred Hitchcock et Don Siegel), quoique pas nécessairement en mettant en avant leurs œuvres les plus emblématiques.
C’est donc davantage la découverte qui est à l’ordre du jour de ce Berlinale Classics – et tant mieux ! –, grâce entre autres aux premières restaurations invitées à Berlin venues de l’Institut du Film Estonien et des Archives du cinéma chinois.
Comme le veut le standard actuel des restaurations en ultra haute définition, tous les films projetés à Berlin dans le cadre de Berlinale Classics le seront en 4K. Il y a même eu des degrés de définition encore supérieurs au fil des scans de deux films, puisque Jeux d’enfants de Leida Laius et Arvo Iho a été numérisé en 6K et le classique du film policier réactionnaire L’Inspecteur Harry de Don Siegel carrément en 8K ! Sinon, un détail plutôt curieux dans le contexte des ressorties qui cherchent le plus souvent à présenter des versions voulues par les cinéastes de plus en plus longues : celle du Procès Paradine correspond à la durée de la version d’exploitation en salles et non au film tel qu’il avait été présenté au moment de l’avant-première, quand il durait encore une vingtaine de minutes de plus.
Les huit films de la sélection Berlinale Classics 2025
Les Anges de l’enfer (États-Unis / 1930) de Howard Hughes, avec Ben Lyon et Jean Harlow
La Divine (Chine / 1934) de Wu Yonggang, avec Ruan Ling-Yu et Li Jian
La Femme de Seisaku (Japon / 1965) de Yasuzô Masumura, avec Ayako Wakao et Takahiro Tamura
L’Inspecteur Harry (États-Unis / 1971) de Don Siegel, avec Clint Eastwood et Harry Guardino
Jeux d’enfants (Estonie / 1985) de Leida Laius et Arvo Iho, avec Monika Järv et Hendrik Toompere Jr.
Le Procès Paradine (États-Unis / 1947) de Alfred Hitchcock, avec Gregory Peck et Ann Todd
Solo Sunny (République Démocratique d’Allemagne / 1980) de Konrad Wolf, avec Renate Krössner et Alexander Lang – Ours d’argent de la Meilleure actrice à Renate Krössner au Festival de Berlin en 1980 [Film d’ouverture]
Vestida de azul (Espagne / 1983) de Antonio Gimenez Rico