Bien que la situation sanitaire n’ait guère évolué de façon significative ces dernières semaines, ni en Allemagne, ni en Europe, la 72ème édition du Festival de Berlin commence néanmoins ce soir dans la capitale allemande. Ce sera toujours un festival sous le signe de la pandémie du coronavirus, par exemple sans réception d’ouverture, avec des jauges dans les salles de projection et une obligation quotidienne de se faire tester pour le public. Mais au moins, après une année 2021 et son édition hybride, le cinéma opère timidement son retour du côté du Berlinale Palast. Et de façon raccourcie, puisque le jury annoncera déjà son palmarès au bout d’une semaine, le mercredi 16 février, au lieu du samedi 19 février comme initialement prévu.
Sous la présidence du réalisateur américain M. Night Shyamalan (Old), les six membres du jury auront donc un emploi du temps chargé, rythmé de dix-huit films. Cela représente trois films de plus par rapport à l’année dernière, lorsque le jury collectif composé d’anciens lauréats de l’Ours d’or avait attribué le trophée principal du festival à Bad Luck Banging or Loony Porn de Radu Jude. Cette année, le jury est composé du réalisateur brésilien Karim Aïnouz (La Vie invisible d’Euridice Gusmao), du producteur français Saïd Ben Saïd (Benedetta), de la réalisatrice allemande Anne Zohra Berrached (Ce qui reste), de la réalisatrice zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga (I want a Wedding Dress), du réalisateur japonais Ryusuke Hamaguchi (Contes du hasard et autres fantaisies) et de l’actrice danoise Connie Nielsen (Wonder Woman).
Tout comme le Festival de Cannes, celui de Berlin a ses cinéastes habitués qui reviennent à intervalles réguliers aux bords de la Sprée. Ainsi, cette année, on peut y recroiser le Canadien Denis Côté pour sa quatrième sélection en compétition, ou bien le Sud-Coréen Hong Sang-soo pour la sixième fois, après deux Ours d’argent, celui de la mise en scène en 2020 pour La Femme qui s’est enfuie et celui du scénario l’année suivante pour Introduction, actuellement sur les écrans français. Même constat de fidélité pour le Français François Ozon et sa sixième participation, à la suite du Grand Prix pour Grâce à Dieu en 2019.
D’autres réalisateurs de renom n’ont finalement pas eu si souvent l’honneur d’une sélection en compétition. Pour Claire Denis, il s’agit carrément de la première fois, alors qu’elle avait présenté son chef-d’œuvre Beau travail au Forum en l’an 2000. Le réalisateur cambodgien Rithy Panh concourt, quant à lui, pour la deuxième fois, deux ans après son documentaire Irradiés, récemment sorti au cinéma en France. Son confrère autrichien Ulrich Seidl a dû attendre neuf ans pour son rappel, depuis Paradis Espoir en 2013. La pause fut même d’une année supplémentaire pour la réalisatrice française Ursula Meier, qui a au moins pu se consoler avec son Ours d’argent reçu pour L’Enfant d’en haut.
Enfin, le champion allemand des réalisateurs en compétition cette année-ci est sans doute Andreas Dresen, pour la quatrième fois invité et Grand Prix en 2002 pour Grill Point, le premier de ses films distribués au cinéma en France, suivi de quatre autres dont le plus récemment Le Temps des rêves il y a six ans. Le seul ancien lauréat d’un Ours d’or – et à 90 ans le doyen de la sélection – est le réalisateur italien Paolo Taviani, récompensé aux côtés de son frère Vittorio, décédé en 2018, pour César doit mourir en 2012.
Les 18 films en compétition à la 72ème Berlinale
AEIOU Das schnelle Alphabet der Liebe (Allemagne) de Nicolette Krebitz, avec Sophie Rois et Udo Kier, sans date de sortie en France
Alcarras (Espagne) de Carla Simon, avec Jordi Pujol Dolcet et Anna Otin, sans date de sortie en France
Avec amour et acharnement (France) de Claire Denis, avec Juliette Binoche et Vincent Lindon, sans date de sortie en France
Call Jane (États-Unis) de Phyllis Nagy, avec Elizabeth Banks et Sigourney Weaver, sans date de sortie en France
Drii Winter (Suisse) de Michael Koch, avec Michèle Brand et Simon Wisler, sans date de sortie en France
Everything Will Be Ok (Cambodge) de Rithy Panh, sans date de sortie en France
La Ligne (Suisse) de Ursula Meier, avec Stéphanie Blanchoud et Valeria Bruni Tedeschi, sans date de sortie en France
Leonora addio (Italie) de Paolo Taviani, avec Fabrizio Ferracane et Matteo Pittiruti, sans date de sortie en France
Nana (Indonésie) de Kamila Andini, avec Happy Salma et Laura Basuki, sans date de sortie en France
The Novelist’s Film (Corée du Sud) de Hong Sang-soo, avec Lee Hye-young et Kim Min-hee, sans date de sortie en France
Les Passagers de la nuit (France) de Mikhaël Hers, avec Charlotte Gainsbourg et Quito Rayon-Richter, sortie française le 4 mai
Peter von Kant (France) de François Ozon, avec Denis Ménochet et Isabelle Adjani, sans date de sortie en France [film d’ouverture]
Rabiye Kurnaz gegen George W. Bush (Allemagne) de Andreas Dresen, avec Meltem Kaptan et Alexander Scheer, sans date de sortie en France
Return to Dust (Chine) de Li Ruijun, avec Wu Renlin et Hai Qing,
Rimini (Autriche) de Ulrich Seidl, avec Michael Thomas et Hans-Michael Rehberg, sans date de sortie en France
Robe of Gems (Mexique) de Natalia Lopez Gallardo, avec Nailea Norvind et Antonia Olivares, sans date de sortie en France
Un año una noche (Espagne) de Isaki Lacuesta, avec Nahuel Perez Biscayart et Noémie Merlant, sans date de sortie en France
Un été comme ça (Canada) de Denis Côté, avec Larissa Corriveau et Aude Mathieu, sans date de sortie en France