Vu de loin, depuis Paris où chaque section de la sélection officielle du Festival de Cannes est passée au crible d’une cinéphilie pointue, celui de Berlin pourrait se résumer à la compétition, aux Ours d’honneur et à la composition du jury. Pourtant, à l’image de son pendant français, le Festival de Berlin offre au fil de ses différentes programmations une multitude de propositions de cinéma venues du monde entier. Ainsi, il nous est arrivé de faire les plus belles découvertes à l’écart des projections de presse matinales au Berlinale Palast, dans la section parallèle du Panorama, une sorte d’équivalent de Un certain regard à Cannes. Sa sélection a été annoncée la semaine dernière, le mercredi 10 février, dans le cadre d’une succession de communiqués journaliers qui comprenait également les films du Forum, de Generation, de la Perspektive Deutsches Kino, des Encounters et de Berlinale Special.
Sans doute à cause de l’épidémie mondiale qui tient en otage l’industrie du cinéma depuis près d’un an, la sélection présentée par le directeur du comité de sélection Michael Stütz compte sensiblement moins de films pour la 71ème édition du Festival de Berlin. Alors qu’ils étaient encore vingt-trois longs-métrages de fiction et treize documentaires en 2020, le public professionnel pourra en découvrir respectivement quatorze et cinq lors du premier volet en ligne de cette édition hybride début mars. En fonction de l’évolution de la situation sanitaire en Allemagne et en Europe, des projections en salles sont prévues pour la session de rattrapage au mois de juin.
Fermeture des cinémas en France sans date de reprise oblige, aucun des films sélectionnés ne dispose à ce jour d’une date de sortie sur notre territoire. Les deux heureux élus français ont cependant toutes leurs chances de sortir tôt ou tard sur grand écran vers chez nous. Surtout Théo et les métamorphoses, le nouveau film de Damien Odoul qui dispose d’ores et déjà d’un distributeur national, en l’occurrence Wild Bunch.
Le réalisateur est un habitué des festivals européens les plus prestigieux. Il avait présenté son premier long-métrage Le Souffle à Venise en 2001, ainsi que Morasseix trois ans plus tard, puis L’Histoire de Richard O. en 2007. En attendant le déluge avec Pierre Richard avait été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes en 2004.
Quant à Louda Ben Salah-Cazanas, il présente avec Le Monde après nous son premier long-métrage à Berlin, suite à ses courts-métrages sélectionnés au Festival de Clermont-Ferrand.
Les cycles involontairement chaotiques des sorties cinéma depuis le début de l’épidémie du coronavirus ont fait qu’un seul des films sélectionnés en 2020 au Panorama est sorti depuis en salles : Si c’était de l’amour de Patric Chiha. Le documentaire était au demeurant le seul à disposer d’une date de sortie au moment de sa sélection l’année dernière. Un autre documentaire remarquable, Petite fille de Sébastien Lifshitz, avait préféré sortir directement à la télévision, sur arte. Trois films attendent patiemment la réouverture des salles pour que leurs distributeurs puissent les sortir. Il s’agit du grec Digger de Georgis Grigorakis chez JHR Films, de l’italien Sème le vent de Danilo Caputo chez Pyramide Distribution et du chinois Un printemps à Hong Kong de Ray Yeung chez Epicentre Films.
Enfin, dans le même ordre d’idée chroniquement empêché, au moins deux films de l’édition 2019 sont tombés entre les mailles du filet entre deux confinements et attendent donc toujours de sortir en France : Midnight Traveler de Hassan Fazili chez Dulac Distribution et Shooting the Mafia de Kim Longinotto chez Le Pacte.
La sélection Panorama
A Balance (Japon) de Yujiro Harumoto, avec Kumi Takiuchi et Ken Mitsuishi
All Eyes Off Me (Israël) de Hadas Ben Aroya, avec Elisheva Weil et Yoav Hait
Brother’s Keeper (Turquie) de Ferit Karahan, avec Samet Yildiz et Ekin Koç
Censor (Royaume-Uni) de Prano Bailey-Bond, avec Niamh Algar et Michael Smiley
Death of a Virgin and the Sin of Not Living (Liban) de George Peter Barbari, avec Etienne Assal et Adnan Khabbaz
Glück (Allemagne) de Henrika Kull, avec Katharina Behrens et Adam Hoya
Kelti (Serbie) de Milica Tomovic, avec Dubravka Kovjanic et Stefan Trifunovic
Der menschliche Faktor (Allemagne) de Ronny Trocker, avec Mark Waschke et Sabine Timoteo
Le Monde après nous (France) de Louda Ben Salah-Cazanas, avec Aurélien Gabrielli et Louise Chevillotte
Night Raiders (Canada) de Danis Goulet, avec Elle-Maija Tailfeathers et Brooklyn Letexier-Hart
Souad (Égypte) de Ayten Amin, avec Bassant Ahmed et Basmala Elghaiesh
Ted K (États-Unis) de Tony Stone, avec Sharlto Kopley
Théo et les métamorphoses (France) de Damien Odoul, avec Théo Kermel et Pierre Meunier, prochainement au cinéma en France
Die Welt wird eine andere sein (Allemagne) de Anne Zohra Berrached, avec Canan Kir et Roger Azar
La sélection Panorama Dokumente
Dirty Feathers (États-Unis) Carlos Alfonso Corral
Genderation (Allemagne) de Monika Treut
The Last Forest (Brésil) de Luiz Bolognesi
Miguel’s War (Liban) de Eliane Raheb
North by Current (États-Unis) de Angelo Madsen Minax