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Dans un peu plus de huit semaines s’ouvrira la 69ème édition du Festival de Berlin, la dernière sous le règne du délégué général Dieter Kosslick et son écharpe rouge. Ce n’est pourtant que depuis quelques jours que les premières informations sur ce festival européen majeur, aux côtés de ceux de Cannes et de Venise, ont été communiquées. Ainsi, on sait depuis jeudi dernier, le 6 décembre, que les festivités de la Berlinale seront lancées le 7 février 2019 avec le nouveau film de la réalisatrice danoise Lone Scherfig, The Kindness of Strangers avec Zoe Kazan, Tahar Rahim et Andrea Riseborough, présenté en compétition. De même, dès la mi-novembre, le thème de la rétrospective a été dévoilé, qui se penchera sur le travail des réalisatrices est-allemandes et leurs consœurs de l’ouest entre 1968 et ’99.
La carrière de Lone Scherfig (* 1959) est très étroitement liée au Festival de Berlin. Dès son premier long-métrage The Birthday Trip en 1990, elle a été invitée à la section parallèle du Panorama. Le programme qui porte désormais le nom de Génération, dédié aux films pour enfants, l’avait accueillie huit ans plus tard pour son film suivant, Seuls à la maison. Son film Dogme Italian for Beginners, le premier à sortir en France en décembre 2001, lui avait valu au mois de février de la même année l’Ours d’argent Prix du jury. Deux de ses films suivants, Wilbur et Une éducation, ont été présentés hors compétition à Berlin, respectivement en 2003 et 2009. Plus récemment, elle a écrit le scénario de A Serious Game de Pernilla August, sélectionné dans Berlinale Special en 2016. En tant que réalisatrice, ses derniers films ont été Un jour avec Anne Hathaway et Jim Sturgess et The Riot Club avec Sam Claflin et Max Irons.
Lone Scherfig n’est pas la première réalisatrice dont le film a l’honneur parfois douteux d’ouvrir un des trois principaux festivals européens, puisque le lever du rideau cannois a vu la montée des marches de Diane Kurys pour Un homme amoureux en 1987 et de Emmanuelle Bercot pour La Tête haute en 2015. A Venise, ce sont Julie Taymor pour Frida en 2002 et Mira Nair pour L’Intégriste malgré lui en 2012 qui ont eu le même privilège.
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« Auto-déterminée Perspectives de réalisatrices », c’est sous ce titre que le Festival de Berlin poursuit son travail en faveur de la parité, par le biais de la rétrospective, qui aura lieu en parallèle du festival, du 7 au 17 février 2019. 26 longs-métrages, tournés avant et après la réunification de l’Allemagne en 1990, auront pour thème commun l’exploration du cadre de vie des femmes et la quête d’un langage filmique propre aux réalisatrices. Une vingtaine de courts-métrages viendront élargir et enrichir le focus du cycle.
Le cadre historique de la rétrospective, de 1968 à ’99, n’a pas été choisi par hasard, puisqu’il coïncide avec le mouvement des étudiantes et l’avènement des luttes féministes et du Nouveau Cinéma Allemand à la fin des années ’60 dans la République Fédérale d’Allemagne. De l’autre côté du Rideau de fer, le studio officiel de la DEFA avait permis aux femmes de passer derrière la caméra dès les années ’50, quoique principalement pour des films destinés aux enfants. Ce n’est qu’à partir de la fin des années ’60, qu’elles avaient le droit de réaliser des films sur le quotidien dans le pays socialiste.
Plusieurs films de la rétrospective seront présentés par leurs réalisatrices respectives, dont Iris Gusner, Jeanine Meerapfel, Helke Sander, Ula Stöckl, Margarethe von Trotta et Katja von Garnier. Un recueil d’essais du même nom que la rétrospective, édité chez Bertz + Fischer et composé de cinq textes de chercheuses en cinéma et de réalisatrices, l’accompagnera, tout comme de nombreux événements chez le partenaire officiel de cette section parallèle du Festival de Berlin, la Deutsche Kinemathek Musée du Cinéma et de la Télévision, située au cœur névralgique du festival autour de la place de Potsdam.