Belfagor le magnifique
Italie : 1966
Titre original : L’arcidiavolo
Réalisation : Ettore Scola
Scénario : Ruggero Maccari, Ettore Scola
Acteurs : Vittorio Gassman, Claudine Auger, Mickey Rooney |
Éditeur : ESC Editions
Durée : 1h37
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : –
Date de sortie du DVD : 26 septembre 2017
Synopsis : En 1486, le pape Innocent VIII et Laurent de Médicis concluent la paix, ce qui n’arrange pas Satan, qui envoie sur Terre l’archidiable Belfagor et son valet.
Le film
[3.5/5]
En 1964, lorsqu’il se lance dans la réalisation avec Parlons femmes, Ettore Scola a déjà derrière lui 11 ans de carrière dans le cinéma, comme scénariste, avec plusieurs grands succès à son actif : Le fanfaron, Les monstres, … . 2 ans plus tard, le voici qui réalise son 3ème film, Belfagor le magnifique, un film dont le scénario, écrit avec Ruggero Maccari, s’inspire très, très librement de « Histoire du diable qui prit femme », une nouvelle de Nicolas Machiavel, ainsi que d’événements historiques survenus à la fin du 15ème siècle.
En 1486, après une période de guerre qui avait attiré de nombreux damnés dans les flammes de l’enfer, la situation se mettait à mal tourner pour ce royaume si particulier : une paix durable entre la Florence des Médicis et la Rome du pape Innocent VIII était sur le point de s’établir, avec, pour sceller cette concorde, le mariage de Franceschetto Cybo, fils du pape, avec Madeleine, fille de Laurent de Médicis, dit Laurent le Magnifique. « Chaque fois qu’une guerre prend fin, notre royaume en pâtit sévèrement, le flux des âmes damnées étant alors cruellement réduit », analysait-on en enfer. D’où la décision d’envoyer l’archidiable Belfagor dans le monde des vivants afin, en 10 jours de temps, de raviver la guerre entre Florence et Rome. Pour l’accompagner et le servir, Adramalek, un diablotin qui, lui, restera invisible à l’ensemble des humains. Objectif n°1 : faire capoter ce mariage annonciateur de paix. Avec en plus, pour Belfagor, la possibilité de gouter à des plaisirs réservés aux humains, en particulier les plaisirs de la table et ceux qu’il rêve de partager avec des personnes du sexe opposé.
On ne surprendra personne en affirmant que Belfagor le magnifique, contrairement à Affreux, sales et méchants, Une journée particulière ou Le bal, n’entre pas dans la liste des chefs d’œuvre du cinéma réalisés par Ettore Scola. Faut-il pour autant traiter ce film avec dédain ? Sûrement pas, car dans cette farce médiévale, les bons moments sont nombreux. On peut les trouver dans des répliques (« L’incompétence est pardonnable, pas la prétention » ou « pour les femmes, les vertus masculines qui pèsent le plus sont celles que l’on n’a aucun mérite à posséder »), dans l’évocation des inventions de Léonard de Vinci, dans le plaisir que prend Scola à étriller l’imbécillité des foules et la fatuité. Plus, bien sûr, la séquence sur l’invention du football par Belfagor : « ils nous laissent seules pour courir après un ballon ! » dit une femme ; « les jeux ne durent pas longtemps. on ne s’en souviendra bientôt plus », répond une autre. Voilà qui permet d’arriver à supporter la médiocre musique d’Armando Trovajoli, le genre de musique horripilante qui arrivait à gâcher de nombreux films italiens dans les années 60 et 70.
Et les acteurs dans tout ça ? Vous aimez Vittorio Gassman ? Cabotin ? Pas cabotin ? Sachez qu’ici, il est à l’extrême limite du cabotinage mais, in fine, on a plutôt tendance à savourer sa prestation qui le fait commencer dans le démoniaque et terminer dans l’humain. On sera plus sévère avec Mickey Rooney qui, lui, cabotine pour de bon dans le rôle d’Adramalek. Dans les autres rôles, la retenue est davantage de mise et on apprécie la prestation de Claudine Auger dans le rôle de Madeleine, elle qui, un an auparavant, était devenue la première James Bond girl française dans Opération Tonnerre.
Le DVD
[4/5]
Une fois de plus, on se doit de remercier ESC Editions de nous offrir la possibilité de voir un film de 1966 que la distribution de l’époque avait laissé sur la touche. Certes Belfagor le magnifique n’est pas un chef d’œuvre absolu, mais, en tant que pur divertissement, il est quand même fort plaisant à regarder. En plus, la qualité de l’image est assez remarquable, avec un rendu de très bon niveau des couleurs et de la lumière. A titre d’anecdote, ce film est sorti en noir et blanc aux Etats-Unis. Quant au format de l’image, il est 4/3, alors que ce qu’on lit à droite et à gauche laisse supposer que le film a été tourné en cinémascope ! Bizarre, mais pas vraiment gênant.
Le film peut être visionné en VO sous-titrée, en VF non sous titrée ou en VF sous-titrée en français, le tout en Dolby 2.0 mono. A noter, qu’à l’époque, la qualité du doublage en français était d’une qualité bien supérieure à ce qui se fait aujourd’hui !
Mise à part la bande annonce de la collection EDIZIONE MAESTRO, d’une durée de 15 minutes, le DVD bénéficie d’un court supplément de 9 minutes. Il s’agit, comme d’habitude dans cette collection, d’un entretien avec l’historien du cinéma Stéphane Roux dans lequel il évoque les nombreux scénaristes qui ont fini par se tourner vers la réalisation. Quant à la scène de l’invention du football, après nous avoir appris qu’elle avait été improvisée lors du tournage, il en profite pour nous parler des grandes scènes du cinéma, non prévues dans le scénario et qui sont apparues au dernier moment, quasiment improvisées.