Back To The Past #16

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Amis cinéphiles, bienvenue ! Ton site préféré te propose les Madeleines de Proust de David : par moult souvenirs et autres petites anecdotes, notre rédacteur te racontera comment s’est forgée sa cinéphilie durant sa prime jeunesse, laquelle a considérablement évolué durant son adolescence et son entrée dans l’âge adulte.

Cela s’appelle « Back To The Past », et vous retrouverez un nouvel article tous les vendredis. Au programme cette semaine, un micro, des cascades et de la pluie !

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Nous sommes le soir du 24 décembre, j’ai 13-14 ans, je ne crois déjà plus au Père Noël et c’est le repas traditionnellement chiant et annuellement familial comme je les déteste de cette fête à la con… Mes parents terminent de dîner avec une amie de ma mère, le reste de la fratrie enfantine est déjà au lit et dans les bras de Morphée du fait de leur jeune âge, et je m’ennuie devant la télévision ; cette dernière ne faisant guère d’efforts en cette soirée de veille de fête religieuse et (surtout) commerciale, surtout à cette heure avancée de la soirée, je zappe sur les différentes chaînes en espérant découvrir un programme bien plus intéressant que la Messe de Minuit…

A cette époque, le tube cathodique essayait de faire relativement un effort en cette soirée, et même pendant les fêtes de fin d’année de manière générale. Je me rappelle d’une Folle Journée de Ferris Bueller découvert en fin d’après-midi sur France 2 ou même de certains grands classiques, tels Star Wars découvert un lundi soir sur FR3, LA chaîne des jeunes cinéphiles des années 1980-1990 qui n’ont pas accès à Canal +, une chaîne qui proposera régulièrement en première ou deuxième partie de soirée de grands chocs de ma passion tels Terminator, Robocop, Les Aventuriers de l’arche perdue, Conan Le Barbare, Gremlins, 2001 – l’odyssée de l’espace et autres grands classiques (ce dernier film sera même le premier programme de l’année 1995 sur France 3 !) et donc, ce soir-là, va commencer la diffusion sur cette chaîne d’un des plus grands classiques de la comédie musicale…

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J’avoue, je n’ai pas un grand, grand faible pour le style de cinéma qu’est le « musical ». Malgré une petite rétrospective d’extraits de l’âge d’or du genre concoctée par ma professeure de musique au collège, je n’étais pas fou de toutes ces histoires naïves, niaiseuses, sirupeuses même si j’étais méchant. Voir des personnages se mettre subitement à danser et chanter me paraissait une idée des plus absurdes en terme de dramaturgie et de scénario, et je trouvais la plupart des chansons illustrées assez insupportables à écouter, qui plus est. De mémoire, je n’avais même jamais réussi (ou accompli l’exploit, disais-je alors) de visionner un film du genre en intégralité… Néanmoins, je décide, un peu par dépit dois-je l’avouer, de jeter un œil au long-métrage de Gene Kelly & Stanley Donen proposé par la troisième chaîne du Paysage Audiovisuel Français…

Au bout de 102 minutes, tout était oublié : ma détestation de Noël, le repas chiant à mourir, le contexte familial, ma haine du collège où j’effectue ma scolarité, mes conflits intérieurs qui grouillent au plus profond de mon mal-être ! Disons-le tout de go : ce film est le plus gigantesque anti-dépresseur jamais créé !! Le rythme est parfait, l’histoire est simple mais racontée de manière géniale et attractive, les numéros musicaux sont inventifs et jamais envahissants, les comédiens sont tout de suite attachants… Bref, le film est un incroyable divertissement, et il est tout à fait normal qu’il soit devenu un classique incontournable du 7ème Art tellement le film est une succession de séquences cultes promptes à rendre joyeux, heureux ; bref, le film idéal de Noël !

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Contant l’histoire de Don Lockwood, star du cinéma muet et de sa partenaire à l’écran, Lina Lamont, à la voix de crécelle, engagés tous deux par Monumental Pictures, ainsi que d’une jeune danseuse et actrice de théâtre dont Lockwood tombe amoureux, alors que le cinéma connaît une transformation technologique et artistique avec l’arrivée du parlant, le long-métrage de Gene Kelly & Stanley Donen dépeint d’une manière formidablement joyeuse et ludique, avec un superbe sens de la narration, le Hollywood des années 1920, un Hollywood connaissant une évolution avec l’arrivée sur les écrans du film Le Chanteur De Jazz, premier film parlant de l’histoire du cinéma, une évolution qui fera malheureusement des dégâts car des grandes stars comme Buster Keaton, Harold Lloyd, W.C. Fields, ou encore Max Linder en France, disparaîtront des écrans tandis que d’autres tels Charlie Chaplin ou encore Fritz Lang feront évoluer progressivement leur style.

Rétrospectivement, ce grand « musical », illustré par des numéros musicaux mythiques tels « Make ‘em Laugh » et les cascades et pitreries de Donald O’Connor, ou bien sûr la chanson « Singin’ In The Rain » chantée sous une averse par Gene Kelly, est le premier grand film hollywoodien à dépeindre cette fameuse période de transition du cinéma hollywoodien, qui a bouleversé nombre de producteurs de l’usine à rêves de la Californie.

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Et pourtant, deux ans avant, un autre grand film américain, plus noir et sombre celui-là, antithèse même du métrage de Kelly-Donen, avait évoqué cette période, ou plutôt les conséquences… Ce film, Sunset Boulevard, réalisé par Billy Wilder, narrait la rencontre entre un scénariste malchanceux et une ancienne star du cinéma muet, Norma Desmond, incarnée à l’écran par… Gloria Swanson, ancienne star du cinéma muet ! Et dans les seconds rôles figure Erich Von Stroheim, également auteur-réalisateur du cinéma muet, dans le rôle du majordome de Desmond. Plus récemment, en 2011, The Artist, film français de Michel Hazanavicius et grand succès commercial, reprend plus ou moins le canevas du film de Kelly-Donen dans une veine plus nostalgique.

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Aujourd’hui, nous sommes à l’approche de Noël, la période de l’année que je déteste le plus, pour des raisons familiales et personnelles qui ne regardent que moi. Comme tous les ans, et ce depuis pas mal d’années, j’observerai, tantôt agacé tantôt amusé, toute cette course frénético-commerciale où les pubs de jouets passent en boucle à la télévision et les parents stressent de peur que cette fête à la con soit gâchée et qu’ils aient mal choisi les cadeaux que leurs enfants réclament, cadeaux dont les enfants se désintéresseront en moins de 48 heures… Bien sûr, techniquement, étant père de famille, je suis un peu obligé de participer à cette mascarade, mais cela ne me dérange pas, car la joie de voir mon fils heureux et récompensé de supporter toute une année ses troubles de l’autisme vaut tous les cadeaux du monde. Et un soir de Noël, ou un jour de vacances de fin d’année, je sais qu’il découvrira Gene Kelly chantant et dansant sous la pluie avec son parapluie…

… Puis, un peu plus tard, Malcolm McDowell chantant et dansant la même chanson dans un appartement pop art 70’s… Mais c’est un autre film…

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