Critique : Avengers Infinity War

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Avengers Infinity War

États-Unis, 2018
Titre original : Avengers Infinity War
Réalisateurs : Anthony Russo & Joe Russo
Scénario : Christopher Markus & Stephen McFeely
Acteurs : Robert Downey Jr., Chris Hemsworth, Mark Ruffalo, Chris Evans
Distribution : Walt Disney Studios France
Durée : 2h29
Genre : Fantastique
Date de sortie : 25 avril 2018

Note : 3/5

Ils sont venus, ils sont tous là ! Le troisième film officiel de l’équipe suprême de super-héros – parce qu’il y a eu des drôles de cas de tromperie sur la marchandise dans le passé, n’est-ce pas Captain America … – respecte une fois de plus la règle de la surenchère des personnages, réunis de gré ou de force pour combattre le mal absolu. Même si Avengers Infinity War n’évite pas complètement le piège de la cacophonie, où aucun personnage ne peut exister individuellement à cause de l’élan choral voué à une noble cause qui dépasse les états d’âme des surhommes mal dans leur peau et dans leur rôle de sauveurs du monde, c’est néanmoins la première de ces œuvres fourre-tout où peut s’établir une certaine cohérence dans le déroulement dramatique. Attention toutefois, nous ne disons point que les frères Russo aient révolutionné un genre, qui montre de sérieux signes de répétition et donc bientôt d’essoufflement après près de vingt épopées rien que pour les productions Disney, avec un calendrier de futures aventures d’ores et déjà méticuleusement établi pour les années, voire les décennies à venir. Il n’empêche que ce film-ci dénote sinon agréablement au moins solidement dans ce flux ininterrompu de mastodontes commerciaux, dont l’ambition cinématographique nous laisse la plupart du temps circonspects.

Synopsis : Le vaisseau sur lequel Thor transporte les derniers survivants de son peuple est violemment attaqué par Thanos et ses sbires. En dépit du courage de l’homme au marteau et d’un coup de main de son ami vert, Thanos réussit à s’emparer de la pierre précieuse, gardée depuis des siècles par la famille de Thor. Hulk arrive à s’échapper à la dernière minute et prévient alors le Docteur Strange sur Terre que sa pierre est également en danger d’être volée par cet adversaire redoutable, déterminé à faire le ménage dans toutes les galaxies. Il est alors grand temps que les Avengers se réunissent à nouveau, bien que leurs différents d’il y a deux ans, nullement résolus, ne rendent la collaboration guère plus aisée.

En quête d’équilibre

Quel exercice d’écriture difficile que de tenir compte d’un film, sans révéler les détails de son intrigue ! C’est pourtant ce que nous est demandé dans le cas des grosses sorties hollywoodiennes, une contrainte adoucie au moins cette fois-ci par une sorte de fausse pub placée en exergue dans laquelle quelques acteurs de super-héros refusent poliment d’en dire quoique ce soit dans le contexte factice d’un interrogatoire policier. Limitons-nous donc à noter qu’une des raisons pour la tenue globalement satisfaisante de ce film-ci est le portrait relativement nuancé du méchant, à première vue une créature grise et laide faite d’images de synthèse à laquelle la voix de Josh Brolin confère cependant une gravité plutôt probante. Car aussi outrancièrement Thanos est-il décrié par ses valeureux adversaires, le raisonnement de son plan machiavélique pourrait se tenir, à condition de faire abstraction de son fond horriblement fasciste. La folie meurtrière de cet adepte de l’ordre absolu entre en tout cas dans une dynamique conflictuelle pas sans intérêt avec l’héroïsme à la fois pragmatique et bordélique des Avengers, une bande toujours aussi hétéroclite de têtes brûlées, dont la cohésion laisse une fois de plus à désirer. Pour rester – on l’espère – dans les clous de nos consignes de confidentialité, on ne vous dira bien sûr pas comment ça se termine. Toujours est-il que la balance de notre sympathie risque à plusieurs reprises de pencher en faveur de cette bête sanguinaire, un boucher cynique, certes, mais en même temps quelqu’un qui a réfléchi à des problématiques environnementales majeures, quitte à aboutir à des conclusions néfastes.

L’union ne fait plus la force

De l’autre côté du spectre d’identification, les héros à proprement parler feraient presque pâle figure, si ce n’était pour l’arrivée de petits trublions qui augmentent considérablement le niveau comique de l’univers. Nous faisons évidemment référence aux Gardiens de la Galaxie, ainsi que dans une moindre mesure au jeune Peter Parker, tandis que Black Panther ajoute sa touche de noblesse aristocratique. Finies donc les interminables prises de bec entre Tony Stark et Captain America, tout comme la recherche laborieuse d’un mode opératoire commun de l’unité d’élite qui satisferait et l’administration militaire américaine, et les esprits les plus réfractaires au règlement au sein de la troupe assemblée au fil des films précédents. Ici, tout le monde est tellement impliqué dans l’action – parfois même en parallèle sur trois théâtres de guerre distincts, ce qui n’a pas manqué de nous rappeler le schéma scénaristique si cher à l’univers de Star Wars – que le temps manque heureusement pour des pourparlers à caractère politique. L’enjeu est en effet tout autre et curieusement couillu pour un récit, qui a avant tout vocation à s’inscrire dans une continuité épique dans laquelle auraient dû se croiser encore et encore les chemins des personnages, rendus familiers aux yeux du public à grands frais par le biais de leurs films / univers respectifs. Ce sont par conséquent moins les rares intermèdes mélodramatiques qui nous renvoient aux glorieuses séries kitsch des années ’80, genre « Dallas » et « Dynastie », que le dénouement très sombre, qui laisse en théorie un florilège d’options à la suite éventuelle de l’aventure des Avengers.

Conclusion

Un succès commercial décrété d’avance, Avengers Infinity War ne mérite peut-être pas tout le battage médiatique qui entoure sa sortie mondiale. Il s’agit par contre du film le moins brouillon et fâcheusement rébarbatif de la sous-série collective, surtout grâce à l’absence de l’énonciation en long et en large de la philosophie morale des héros. Un élément d’étonnement y est même présent, puisque on aurait pu penser que Disney veuille faire perdurer jusqu’à l’infini ces vaches à lait filmiques, alors que vous aurez droit à un conte en tous points crépusculaire.

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